Évidemment, après avoir lu ces reproches, je me rends compte qu’il était maladroit de ne pas s’attarder sur les réalités politiques du pays. Cependant, j’ai voulu présenter le concours de caricature sur le thème de Daesh comme une initiative, certes soutenue par le gouvernement iranien, mais lancée sous des prétextes valables (du moins ceux avancés) par la Maison de la caricature en Iran. Association qui n’est pas toute rose, puisqu’elle est aussi connue pour l’affaire des caricatures sur l’Holocauste… mais dont les artistes ne sont pas tous bien vus du gouvernement.
Oui, il est fort possible que le gouvernement iranien ait appuyé ce concours davantage pour servir ses propres intérêts que par amour de la liberté d’expression. Mais ce que j’ai voulu mettre en avant, finalement, ce n’est pas tant l’initiative que le résultat : une participation massive pour s’élever contre les atrocités perpétrées par le groupe terroriste.
Ceci reste bien entendu mon interprétation personnelle, et le sujet reste ouvert au débat ! Je tenais néanmoins à ce que nous soyons bien toutes et tous d’accord sur la question du gouvernement iranien.
Face au terrorisme, on continuera de répondre avec les crayons. C’est du moins ce qui semble avoir été le but de la Maison de la caricature en Iran, lorsqu’elle a lancé un concours ayant pour thème les terroristes les plus menaçants à l’heure actuelle. L’idée ? Faire face aux atrocités de Daesh, aussi bien physiquement que culturellement, en dénonçant les atrocités perpétrées par les djihadistes ainsi que les dirigeants qui les soutiennent.
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La compétition a déjà reçu plus de 800 caricatures venues d’une quarantaine de pays dans le monde entier, du Brésil à l’Australie. Chaque participant•e peut proposer jusqu’à cinq travaux, dessins ou caricatures, jusqu’au 31 mai. Le comité désignera alors les gagnant•e•s parmi une première sélection des 280 meilleures oeuvres. Le premier prix ? 1400€.
Une petite somme ? Pas tant que ça, surtout quand on sait que certain•e•s artistes ont dû participer au concours sous des pseudonymes pour des raisons évidentes de sécurité… Mais le but à long terme est d’organiser des expositions à partir de toutes les oeuvres reçues
, aussi bien en Iran qu’en Syrie ou encore au Liban — ce qui sera loin d’être évident.
Une prise de risque que Mohamed Habibi, le secrétaire exécutif de la Maison de la caricature, justifie par la nécessité de lever le voile sur « le visage monstrueux » de Daesh. « Les artistes », a-t-il déclaré à la chaîne iranienne Press TV, « ont désormais le devoir de provoquer une prise de conscience générale ».
L’initiative peut mettre mal à l’aise, quand plus aucun jour ne passe sans qu’une atrocité de Daesh ne fasse les gros titres des journaux. Mais elle apparaît néanmoins comme un acte de résistance, qui n’est pas sans rappeler le soulèvement massif qui s’est créé suite à l’attentat ayant visé Charlie Hebdo en janvier dernier. N’oublions pas qu’un dessin caustique peut visiblement faire très peur à un terroriste armé jusqu’aux dents…
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Les Commentaires
Et, notamment, ce que je n'avais pas remarqué, le dessin choisi pour illustré l'article montre la barbe du meneur de Daesh faite avec les plumes de l'aigle américain + étoiles de David derrière... C'est un peu beaucoup problématique, à ce stade