Message de service : cet article contient des descriptions explicites de fluides corporels. Si vous êtes émétophobe, il vaut mieux passer votre chemin.
Quand j’ai eu un enfant, mes goûts ont changé. Non seulement ma playlist « Écoutés récemment » sur Spotify s’est remplie avec Anne Sylvestre, Henri Dès et Aldebert, mais en plus, les trucs qui me dégoûtaient auparavant ne sont plus les mêmes.
Quand j’étais jeune (c’est bien une phrase de boomer ça, tiens), les fluides corporels des autres me donnaient des haut-le-cœur. Une prof qui me postillonne dessus ou un bras plein de sueur collé au mien dans une rame de métro bondée pouvaient suffire à me pourrir la journée.
Il n’était pas question pour moi de partager ma brosse à dents ni de boire dans le même verre que quelqu’un. J’étais juste OK pour partager une glace avec mon amoureux (mais c’est parce que j’aime manger et que je suis radine, vu que payer deux boules dans un même cornet revient moins cher qu’une boule chacun #astuce).
Sueur, lait caillé, bave… Aucun des fluides corporels de ma fille ne me dégoûte
Et puis, ma fille est née et tout d’un coup, c’est comme si elle bénéficiait d’un super collier d’immunité. Tout ce qui concerne ses fluides corporels à elle ne me dégoûte plus.
Pendant les premiers mois de sa vie, elle pouvait régurgiter sur mes vêtements son lait (enfin, le mien à la base) sans me gêner, et j’étais prête à la garder des heures contre moi pendant ses siestes, même si elle suait plus que des oignons à feu vif dans une poêle.
Bon, c’est pas pour autant que je la prends pour une licorne qui fait des cacas papillon. J’admets que la poubelle de couches dans sa chambre pue la mort et j’essaye d’esquiver les changes atomiques en les refilant à son père, mais à part ça, aucun problème…
Même son épisode de gastro (dit « de la muerte »
) où elle nous a rejoué l’exorciste avec des jets de vomi qui sortaient par les narines ne m’a rien fait. J’étais juste désolée pour elle qui souffrait et ne comprenait pas ce qui se passait, et je l’ai tenue dans mes bras, pleine de vomi, pour la rassurer. La moi d’avant se serait déjà roulée en position fœtale dans un coin.
Lui faire plaisir… même si ça implique d’avaler des aliments prémâchés
Ça m’a particulièrement frappée quand on a commencé à lui donner des purées et des compotes. C’est devenu tout naturel pour moi de finir son assiette (j’aime pas le gâchis) et de lécher sa cuillère pour éviter qu’elle ne s’en mette dans les cheveux (elle aime bien jouer avec à la fin du repas et râle si l’on tente de lui subtiliser l’engin trop tôt).
Quand elle a commencé à mâchouiller des bouts de pain, puis à tenter de les mettre dans ma bouche, je n’ai pas réfléchi, et j’ai gobé l’aliment plein de bave. En même temps, c’est logique pour elle : je la nourris, et ça lui fait plaisir. Elle veut donc me rendre la pareille, avec un grand sourire ravi et édenté.
Elle a l’air si fière de maîtriser ce mouvement complexe qui consiste à saisir un morceau de nourriture entre son pouce et son index, à le diriger vers sa bouche, à baver dessus, puis à le retirer de là, pour le glisser dans ma bouche à moi… Comment pourrais-je refuser son offrande ?
Surtout qu’elle agrémente désormais ses petits cadeaux d’un « Ta ! » péremptoire qui signifie très clairement que je dois coopérer si je tiens à conserver la vie sauve.
Si ça se trouve, votre enfant est moins assertif que le mien ou bien vous n’avez pas envie de manger des morceaux de nourriture enduits de bave (et c’est votre droit !). Finalement, peut-être que je suis la seule mère bizarre du coin et que cet article scellera à tout jamais ma réputation de parent dégueu.
Les parents sont-ils tous des gros dégueus ?
Tant pis, il fallait que je vous raconte ça, et que je vous soumette mes hypothèses pour expliquer pourquoi les fluides corporels de mon bébé sont les seuls au monde à ne pas me dégoûter.
Explication n°1 : Je n’ai pas le choix de m’y confronter, car il faut bien que quelqu’un la mouche ou nettoie le vomi (et son père n’est pas d’accord pour être toujours désigné volontaire). À force de le faire, je suis passée au-dessus de ma répulsion primaire.
Explication n°2 : Ma fille est sortie de moi (je ne vous fais pas un dessin), recouverte de sang (le mien) et de liquide amniotique (le sien), et j’ai trouvé ça merveilleux, et pas dégueu du tout. Donc y’a sûrement un truc biologique qui doit se passer au niveau du cerveau au moment de l’accouchement.
Explication n°3 : Je suis atteinte d’une forme rare du Covid et les effets durent dans le temps.
Explication n°4 : J’ai vu mes parents faire ça avec mes propres morceaux de pain prémâchés quand j’étais petite et avec ceux de mes adelphes. Du coup, ça me parait maintenant tout à fait normal.
Explication n°5 : Ma fille est une sorcière qui a réussi à modifier mon cerveau et ma personnalité en douce.
Explication n°6 : Ma radinerie est supérieure à mon dégoût. Pas question de jeter du bon pain, à peine utilisé par un bébé, ou ce délicieux reste de purée de carottes industrielle.
Vous avez d’autres pistes ? Je suis tout ouïe…
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