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Société

Inégaux face au vélo : ce que cache la polémique sur les « pistes cyclables non genrées »

À Lyon, les déclarations d’un élu écologiste sur des « pistes cyclables non genrées » réveille la droite. Derrière l’expression, il est grand temps de comprendre que les inégalités de genre s’exercent aussi dans la mobilité et dans l’espace urbain.

Tout est parti d’un tweet, un seul tweet certes, mais qui contient les mots magiques, ceux qui font bondir à tous les coups les réactionnaires.

Ce dimanche 5 juin, l’élu écologiste et vice-président de Lyon-Métropole Fabien Bagnon, rappelait sur Twitter les fondamentaux de son plan vélo, mais a aussi répondu à une interpellation de l’association Femmes en Mouvement, qui promeut la mobilité des femmes, concernant l’enjeu des inégalités femmes-hommes dans la pratique du vélo.

Il a alors évoqué la conception de « pistes non genrées et inclusives » à Lyon.

Évidemment, il n’en fallait pas davantage pour que l’opposition lyonnaise monte en épingle une polémique, accusant Fabien Bagnon et la métropole de verser dans l’idéologie, et arguant que tout le monde est égal dans la pratique de la bicyclette et que par conséquent, il n’y a pas de traitement particulier à imaginer, ni d’infrastructures spécifiques à mettre en place.

Vraiment ?

Il s’agirait d’aller un peu au-delà de la controverse et de voir si, concrètement, penser le vélo avec une approche de genre peut améliorer le quotidien.

Déjà qu’entend-on par « pistes non genrées et inclusives » ? Il s’agit de la réflexion autour des aménagements pour permettre à tout le monde de pratiquer le vélo en toute sécurité.

Fabien Bagnon a pris le temps de développer sur Twitter et de répondre à la journaliste Emmanuelle Ducros qui n’avait pas manqué de troller la proposition par un tweet acide « Ne me demandez pas ce que c’est, je cherche comment une route peut être sexiste. » :

« Quand on parle d’aménagement non genré, on cherche à identifier ce qui peut freiner son utilisation par un genre. Est-ce un problème d’éclairage nocturne ? Est-ce que la piste est monopolisée pour des usages sportifs principalement masculins ? »

C’est notamment le sociologue Florent Schmitt qui a posté plusieurs ressources pour comprendre l’intérêt et même la nécessité de penser l’aménagement de l’espace urbain, les transports, sous le prisme du genre et des inégalités.

« C’est toujours après avoir tenté de réduire les effets d’exclusion qu’on voit que l’exclusion était un phénomène réel », souligne-t-il.

Homme ou femme, on ne fait pas du vélo de la même façon

Dans une étude du CNRS de 2018 réalisée à Bordeaux, on découvre plusieurs données qui montrent à quel point la pratique du vélo est modelée par le genre et qu’hommes et femmes ne la vivent pas de la même manière :

« La pratique du vélo en ville dans Bordeaux Métropole reste plus faible chez les femmes (elles ne sont que 38 % des cyclistes), malgré une augmentation globale de trafic de 40 % entre 2013 et 2018.

Les femmes utilisent le vélo en plus grand nombre en fin d’après-midi alors que les hommes sont plus nombreux aux heures correspondant aux loisirs (matin, soirées, dimanche après-midi). L’écart se creuse la nuit et par temps de pluie : 78 % des cyclistes sont alors des hommes. Le pourcentage d’hommes ne passe jamais en dessous de 56 % des cyclistes, toutes places, horaires et jours d’observations confondus. »

L’étude observe aussi la capacité des femmes à être « plus chargées » et « mieux équipées ». Leur conduite est aussi plus prudente. On note aussi « un décrochage de la pratique cycliste chez les femmes à chaque naissance d’un nouvel enfant, non compensée par une reprise chez les femmes plus âgées. »

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Marc Kleen via Unsplash

Les femmes cyclistes ont aussi des demandes spécifiques qui viennent valider les propos de Fabien Bagnon : elles « préconisent des pistes cyclables en site propre et éclairées, des arceaux et des garages à vélo au domicile, à l’école et au travail, de la signalétique, des aides financières pour les vélos électriques. »

Une polémique pour rien ?

Fabien Bagnon a regretté la polémique auprès du média local Lyon Capitale :

« Ce que je voulais simplement signifier c’est que des aménagements sont mis en place pour toutes et tous. Il y a une conception de l’aménagement qu’on veut faire convenir à tout le monde car il s’agit d’un usage qui doit se destiner à tous nos concitoyens. Il ne s’agit pas d’un terme que j’ai mis en avant, c’est suite à une réponse, à une interpellation, que je l’ai utilisé. »

La faute à une expression qui a automatiquement fait sortir la droite du bois, au point de ne presque plus parler du sujet de départ. « J’ai indiqué que les femmes étaient bien prises en compte dans les voies lyonnaises. Et c’est là que j’ai employé le terme de non genré. C’est la première et dernière fois que je l’emploie » a-t-il déploré, toujours auprès de Lyon Capitale.

Espérons que la polémique, une de plus du côté des municipalités écologistes après celle sur le foie gras, les sapins de Noël, ou les menus végétariens à l’école, fasse au moins un tout petit peu réfléchir sur la façon dont les dynamiques de genre s’exercent dans l’espace public ou dans les loisirs…

À lire aussi : Pourquoi le vélo doit devenir un véhicule prioritaire après le confinement

Crédit photo : Blubel via Unsplash


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Les Commentaires

13
Avatar de Nienke
10 juin 2022 à 11h06
Nienke
Ca fait autant de sens que de vouloir des routes non-genrées.
Pour le reste, je rejoins d'autres avis. C'est juste du sens commun, de la sécurité pour tous. Je pense personnellement et idéalement que ce serait fabuleux d'avoir de meilleures pistes cyclables, car ce n'est pas le cas dans ma ville. On a le choix entre être avec les piétons ou avec les voitures. Ca ne donne pas envie et c'est fort dommage. Si on veut que les gens utilisent un moyen de transport plus écologique comme les vélos, entre autres, il faudrait aussi leur donner les moyens unno:
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Voir les 13 commentaires

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