Chaque année, depuis 2015, la newsletter Les Glorieuses publie la date à laquelle les femmes salariées commenceraient à être payées gratuitement. Objectif du média : faire prendre conscience de la persistance des inégalités salariales entre les femmes et les hommes malgré les promesses faites par les gouvernements successifs.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en huit ans, peu de progrès significatifs ont été réalisés. Alors que la première édition du mouvement s’intitulait #5novembre16h47, la date fatidique tombe, cette année, sur le 6 novembre à 11h25. Autant dire pas grand chose en termes d’avancées pour l’égalité salariale.
Cette date symbolique, calculée par Les Glorieuses à partir des données d’Eurostat, est sans appel : elle illustre parfaitement « le manque de volonté politique au sommet de l’État » pour faire de l’égalité salariale une réalité, comme le note une tribune publiée ce jour dans Libération pour la mise en place d’un plan d’urgence. Co-signée par Rebecca Amsellem, les député·es Clémentine Autain (LFI), Arthur Delaporte (PS), Elsa Faucillon (PCF) ou encore Sandrine Rousseau (EELV), elle rappelle que les femmes gagnent encore, en 2023 « en moyenne près de 25 % de moins que les hommes » mais que des « solutions sont à portée de main ».
Des solutions concrètes proposées pour l’égalité salariale
Parmi les pistes évoquées par les signataires de la tribune, la réforme de notre système fiscal est la première à être évoquée. « En matière d’égalité, nos finances publiques ne sont pas neutres. Elles répondent encore à une organisation patriarcale puisque, par exemple, le quotient conjugal à l’imposition pénalise toujours le plus bas salaire d’un foyer, c’est-à-dire en grande majorité celui des femmes », développe la tribune, qui appelle à adopter « l’égaconditionnalité » comme « principe budgétaire ». Défendu depuis 2016 par le Haut Conseil à l’égalité, ce concept propose de conditionner l’attribution de financements publics au respect de l’égalité femmes-hommes.
Autre solution : « adopter, à l’échelle locale et surtout nationale, des budgets sensibles au genre », voire l’appliquer à « l’ensemble du projet de loi de finances ».
Lutter contre « la division sexuée de notre marché du travail et de nos foyers » devrait aussi être considéré comme une priorité du gouvernement pour en finir avec les inégalités salariales. Cela passe par l’alignement des congés parentaux et le partage des tâches domestiques et parentales. « La gratuité des tâches historiquement dévolues aux femmes a envoyé le signal selon lequel dès lors qu’il est question de tâches ménagères, de soin, d’éducation des enfants, d’aide aux proches dépendants, ce n’est pas vraiment du travail : il peut donc être sous-payé », analyse la tribune, qui liste deux autres axes de réflexion : la nécessaire intégration des conséquences des violences conjugales sur l’emploi et la revalorisation des métiers féminisés. « La revalorisation de ces professions – notamment à travers la hausse du Smic qui touche à 60 % des femmes – réduirait les inégalités professionnelles pour préserver le service public du soin, de la santé, de la petite enfance, de l’aide à la personne, face au vieillissement et au bouleversement climatique. »
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