Influenceuse, c’est devenu un métier. Et pour celles qui l’exercent, c’est souvent un privilège, quand c’est avoir le choix de faire ce qu’on aime, le faire partager au plus grand nombre, ET pouvoir en vivre.
Mais quand je dis que c’est un métier, je précise que cette professionnalisation s’est faite sans toutefois être réglementée, ce qui engendre quelques dérives… La youtubeuse Horia en dresse un tableau édifiant à partir de sa propre situation.
Les partenariats commerciaux des influenceurs
Comment marchent les partenariats ?
Horia a besoin d’être rémunérée pour vivre (surprise !!) et a la chance de pouvoir vivre de sa passion, de créatrice de contenus.
Dans sa vidéo, la youtubeuse détaille les coulisses de son métier, du choix des produits, des marques, les négociations, en passant par le traitement des mails. On ne voit à l’écran que le résultat : ce qu’elle a finalement décidé de présenter à sa communauté.
Les partenariats vus des coulisses
C’est en coulisses bien sûr que les partenariats se négocient, et Horia définit ce qu’elle appelle une collaboration : un projet commun gagnant-gagnant entre la marque et l’influenceuse.
Comme elle l’explique si bien, une bonne collaboration satisfait tout le monde : la créatrice de contenu car elle peut produire une vidéo intéressante qui plaît à sa communauté, les abonné·es qui profitent gratuitement d’une vidéo de qualité, et la marque dont le ou les produits sont mis en avant.
Horia déplore l’utilisation indifférenciée du terme « post sponsorisé » et du terme « collaboration » pour la plus grande confusion des abonné·es. Une collaboration, ça peut être gratuit. Un partenariat, c’est rémunéré.
Dans ce contexte, ce dernier terme est plus transparent sur l’aspect financier que le premier !
Par exemple, sur madmoiZelle, nous parlons de notre partenariat avec MAC, mais nous avons collaboré avec les équipes de la marque pendant plusieurs mois.
C’était hyper intéressant de travailler avec MAC, et nous avons été transparentes avec nos lectrices
tout au long de l’opération, en rappelant systématiquement que cette collaboration était bien un partenariat, conformément à notre manifeste.
L’encadrement juridique d’un partenariat commercial
J’ai évoqué le sujet dans ma vidéo sur les partenariats commerciaux et je le redis ici : de nombreux partenariats restent mal encadrés par la loi.
De par leur nature, ces partenariats tombent dans le champ d’action du droit commun selon lequel toute communication publicitaire doit être identifiée comme telle.
Cependant cette loi est souvent méconnue des jeunes influenceurs et influenceuses. J’ai également l’impression que certains pensent que le public saura faire la part des choses. Et parfois, elles et ils s’en foutent !
La bonne pratique voudrait que la marque les rappelle à l’ordre mais cette étape passe parfois à la trappe a fortiori lorsque l’influenceur ou l’influenceuse n’est pas au courant de la législation.
Depuis 2016, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) s’intéresse aux placements de produits sur YouTube et Instagram.
J’ai donc espoir qu’à l’avenir, la législation en vigueur pour ce type de partenariats soit mieux respectée.
Exemple d’une vidéo d’Horia réalisée en partenariat avec une marque : elle le précise oralement dans les 30 premières secondes, une vidéo « en collaboration ET sponsorisée par », et c’est écrit dans la description de la vidéo :
Disclaimer : Cette vidéo est en collaboration et sponsorisée par Maybelline New York. J’ai accepté cette collaboration après avoir testé les produits et validé la qualité de ceux-ci. ❤️
Les dérives du partenariat commercial
Le caractère oppressant des sollicitations
Au-delà de l’aspect juridique et réglementaire, c’est tout un problème relationnel qui pousse Horia au coup de gueule dans sa vidéo.
De nombreuses marques nouvellement arrivées sur le marché adoptent une communication uniforme, sans faire attention à qui elles s’adressent, oubliant même parfois de changer le prénom dans les mails.
Les relances incessantes peuvent être intenses surtout lorsque la réthorique utilisée laisse entendre que c’est le partenariat ultime, que si tu dis non, plus aucune opportunité ne se représentera.
Ouais ok. La youtubeuse a 2,2 millions d’abonné·es. Elle est chill.
Un autre problème que pointe Horia est celui des envois outranciers de produits. En tant qu’influenceuse, elle reçoit des dizaines de colis par semaine, ce qui devient compliqué à gérer.
Certains de ces envois ne correspondent ni à ce que fait Horia, ni à sa nature de cheveux ou à sa couleur de peau, dans le cas des produits de beauté.
Pourquoi ne pas demander aux influenceurs s’ils veulent recevoir tel ou tel produit à tester ? Ainsi ça fera moins de paquets et chacun recevra ce dont il ou elle a besoin plutôt que de s’encombrer : c’est ce qu’Horia souhaite.
Le problème de la rémunération
Tu vois le dicton « tout travail mérite salaire » ?
Si l’on additionne la valeur marchande des produits qu’Horia reçoit gracieusement, il y a peut-être de quoi payer un loyer (moi je dis, ça se joue au Juste Prix).
Et la youtubeuse ne s’en plaint pas : oui, c’est super chouette de pouvoir recevoir plein de nouveautés, les tester, être invitée à des événements, des voyages… Mais comme le souligne très justement Horia : les rouges à lèvres gratuits, ça ne paie pas le loyer !
Sa vidéo et son franc parler permettent de mettre en garde de plus jeunes influenceurs et influenceuses, moins expérimentées, qui pourraient accepter plus facilement des collaborations non rémunérées.
Elle n’empêche personne de le faire, mais elle permet à tout le monde d’y réfléchir un peu mieux, à partir de son propre témoignage. Si tu travailles sur YouTube, est-ce qu’un paiement en parfums gratuits te conviendrait ?
Et si tu travaillais dans une parfumerie, est-ce qu’un paiement en crème de jour te satisferait ? Je prends les paris que non, car ça ne se mange pas…
Merci à Horia de son honnêteté et de sa pédagogie et si tu veux en savoir plus sur elle, direction YouTube !
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Les Commentaires
Je me suis personnellement emparée du cas d'Horia, je l'ai décrypté car je maîtrise ce qui touche aux influenceurs dits « beauté et lifestyle » mais je ne me permettrait pas de faire pareil pour le milieu de l'édition car je ne m'y connaît pas assez.
Rien ne dit qu'une de mes collègues ne le fera pas un jour, ceci dit (quand elles seront rentrées de vacances) et les témoignages de graphistes, autrices et illustratrices en freelance sont toujours les bienvenus.
Je reviens également sur ce que tu dis au sujet du fait qu'elle a l'air de gagner confortablement sa vie. À mon tour d'être interpellée par cette remarque car au final...nous n'en savons strictement rien mais je vois ce que tu veux dire
Merci en tout cas pour ce commentaire.