Chaque année, c’est la même histoire : au mois de mai, on offre un gros bouquet de fleurs à sa maman chérie parce que c’est la meilleure du monde ! Y a-t-il un jour pour fêter ça, vraiment ?
J’ai l’air un peu cynique, mais tu sais pourquoi ? C’est parce que je suis secrètement jalouse. Tous les ans, la publicité et la presse me rappellent cet impératif de fêter celle qui est partie trop tôt. Je voudrais bien moi, mais je fais quoi ? J’envoie des chrysanthèmes sur une tombe ? Bonjour le glauque.
Pourtant, je me suis dit que pour une fois, je n’allais pas m’exclure des festivités, non mais ! Oui, elle est peut-être ad patres, la matrone, mais ça ne veut pas dire que je n’ai pas de relation avec elle, avec l’idée que je me fais d’elle. En fait, elle a toujours été là, non ?
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Un décès qu’il a fallu accepter
C’est à neuf ans que j’ai appris que la mort ne touchait pas que la mère de Bambi. C’est un peu jeune pour se souvenir de beaucoup de choses de « quand j’étais petite », mais y a bien quelques trucs…
La moussaka du dimanche soir, la chanson pour m’endormir, la bataille pour avoir mon papier peint dans ma nouvelle chambre de « l’appartement de maman qui vit toute seule maintenant », mon premier vélo et, bien sûr, Queen à tue-tête le week-end pour faire le ménage (avec le recul, elle devait bien se marrer avec l’aspirateur – rapport au clip
).
Ensuite, ma mère est devenue un portrait, le dernier qu’on a fait d’elle, installé dans un cadre plutôt joli qu’on m’a offert après son enterrement. Autant dire qu’il ne m’a plus quittée !
Tout au long de ces années, comme tout le monde, je me suis engueulée avec elle : pourquoi tu t’es barrée ? T’as pas honte de m’avoir laissée ?
Je me suis réconciliée avec elle le jour où j’ai pris l’avion, ado – mon premier grand voyage ! — et qu’au milieu des nuages, je me suis dit :
« Déso man’, tu dois tellement t’emmerder ici, y a rien à faire, j’aurais jamais dû penser que t’avais choisi de partir. »
Depuis, on a une relation pacifiée. Elle trône dans ma chambre, et avec sa dégaine et son sourire en coin, elle se fout de moi quand je me bats pour faire le lit correctement ou que je tente de repasser des fringues.
Deux mamans de récup
Cela dit, quand je parle de « maman », je pense aussi à mes mamans de seconde main, mes mamans de récup’. Quand on a neuf ans, on ne vit pas seule ! Alors j’ai eu belle-maman et grand-maman, qui ont été et sont toujours celles qui m’ont portée.
Avec belle-maman, on s’est bien fritées. Elle m’a fait tout un cake quand je suis partie de la maison faire mes études. Mais quand j’y repense, je sais que c’était pas contre moi, c’est juste qu’elle avait un peu peur.
Grand-maman a consolé mon petit cœur avec des soupes de mamie, du rôti de bœuf du dimanche, des chaussettes repassées. Mes mamans m’ont appris ce qu’on doit savoir : les règles, la pilule, cuire un œuf, repriser les trous et plein d’autres choses encore.
Je peux dire que dans tout ce bordel qui m’est tombé dessus, j’ai quand même été heureuse. Finalement, la fête des mères, je l’ai célébrée à ma façon : des peintures de mon cru à belle-maman, un resto avec granny pour fêter celle qui nous manque…
En conclusion…
Aujourd’hui, ma mère, elle est là dans son absence, dans ces creux, mais ça ne veut plus dire que je suis triste. Je me dis juste que c’est dommage tout ce qu’elle va louper, parce que sérieux, on s’amuse bien, non ?
Alors, sans rancune, bonne fête à toutes les mamans.
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