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« Exhibit B »: Oui, un spectacle qui se veut antiraciste peut être raciste, sur Slate

Exhibit B est un spectacle vivant, qui reproduit un zoo humain du début du XXè siècle. Réalisée par Brett Bailey, un artiste sud-africain blanc, cette exposition suscite la colère de militant•e•s antiracistes.

À l’occasion de l’ouverture du spectacle vivant Exhibit B en Seine-Saint-Denis, le Collectif Contre Exhibit B a organisé une manifestation devant le théâtre, afin de protester contre le principe de cette exposition. Son auteur, le sud-africain Brett Bailey, a voulu reproduire un zoo humain du début du XXème siècle : les spectateurs déambulent donc devant des scènes de la vie courante, où des comédien•ne•s noir•e•s jouent des tableaux vivants.

https://youtu.be/-M430BxQIIg

« Le débat oui, la censure non »

Brett Bailey défend son oeuvre, en affichant une intention claire de lutte contre le racisme, à travers la reproduction d’un zoo humain :

« Ce que nous avons ressenti en voyant Exhibit B est une émotion propre à la force du spectacle vivant quand il atteint autant son sujet. Cette émotion naît particulièrement ici de la vibration palpable qui existe entre des hommes qui se regardent : nous – spectateurs – pris dans le regard direct des acteurs. Leur silence est ici relayé par un texte qui accompagne chacun des tableaux de manière bien plus implacable que des paroles proférées. Cette œuvre d’art dénonce sans ambiguïté toute forme de déshumanisation, de racisme.

Dans chaque tableau vivant, le caractère plastique extrêmement précis basé sur des faits historiques permet la mise à distance et interdit toute possibilité d’impression dégradante. Bien au contraire.Cette œuvre d’art plaide pour la renaissance d’un sentiment d’humanité – quand l’Homme a-t-il arrêté d’être humain ? Savons-nous, nous, Hommes du XXIe siècle, être humains?

L’un des ressorts du théâtre est de tendre le miroir d’un certain monde pour mieux l’interroger. C’est le sens de l’art.Le théâtre est éminemment – depuis toujours – un art qui crée du débat dans la cité. Le geste poétique devient politique.

LE DÉBAT OUI, LA CENSURE NON. »

Parmi les défenseurs de ce projet, on retrouve des associations, dont le MRAP et la LICRA, mais également Lilian Thuram : « selon la couleur de votre peau, vous ne vivez pas la société de la même façon ». Il rappelle en exemple les événements de Ferguson, aux États-Unis, où des Noirs ont été abattus par la police.

La contestation contre ce spectacle est telle que la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, a publié un communiqué de presse pour défendre « la liberté de création et d’expression, […]

la liberté des pratiques culturelles de chaque citoyen et de l’égal accès de tous aux fruits de la création ».

La ministre de la Culture « apporte tout [son] soutien à l’artiste Brett Bailey », et « condamne donc fermement ces tentatives d’intimidation ou de censure, car elles reposent sur des amalgames et des formes d’intolérance qui n’ont pas droit de cité dans notre République ».

« Un spectacle qui se veut antiraciste peut être raciste »

Il ne suffit pourtant pas de se déclarer antiraciste pour être exempt de critiques. Sur Slate, la comédienne et militante antiraciste Amandine Gay signe une tribune argumentée, pour expliquer en quoi une ènième représentation du regard blanc sur l’histoire coloniale n’est ni novateur, ni un moyen efficace et encore moins légitime de lutter contre les préjugés racistes que les Noir•e•s continuent  d’endurer dans la société française :

« Le monopole de la parole blanche sur les questions coloniales et raciales représente une violence symbolique d’autant plus prégnante qu’elle s’exerce dans un territoire avec une forte population noire, comme celui de Saint-Denis. En effet, Exhibit B génère une violence intracommunautaire, entre les défenseurs du projet et ses opposants, mais aussi dans le cas du rassemblement, entre les vigiles noirs et les manifestants, majoritairement Noir-e-s également. »

La suite de cette excellente tribune est à lire sur Slate.

À lire aussi : Le « racisme anti-Blancs » déconstruit en un sketch


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Les Commentaires

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Avatar de BigPurpleUnicorn
5 décembre 2014 à 01h12
BigPurpleUnicorn
Mouais, s'il avait vraiment voulu faire dans le subversif, il aurait ajouté les Blancs qui ont cautionné ces spectacles dans ses tableaux. Mais à mon avis, il se doutait bien que les Blancs ne l'auraient pas forcément bien pris non plus, surtout qu'on continue à l'école de célébrer ces criminels. Criminels dont le nom a aussi servi à baptiser certaines rues de France. Et comme les Blancs sont dominants dans les pays européens, ça voulait dire qu'il prenait le risque que sa pièce ne soit pas acceptée. Il s'en ai donc pris à plus faible, à ceux qui n'ont pas le pouvoir, à ceux qu'on utilise systématiquement comme des paillassons, à savoir, les Noirs.

Le problème ici, ce n'est pas de savoir si un Blanc a le droit de faire un spectacle sur des Noirs, ou des Noirs des spectacles sur des Blancs.

La question c'est plutôt de savoir POURQUOI le Blanc aime tant instrumentaliser le corps du Noir, que ce soit pour :
- se moquer.
- faire rigoler.
- choquer.
- faire pleurer.
- faire pitié.

D'où vient même donc cette obsession malsaine et morbide pour le Noir? C'est ça la vraie question. Et bizarrement, personne ne semble vouloir y répondre.

Je pense surout qu'en regardant ces "tableaux", le public prend la place des blancs qui ont étés bourreaux. Je pense que si j'étais assise dans la salle devant ces "performances" je me serait sentie extrêmement outrée, choquée, blessée, de me trouver en position de tortionnaire.
A l'école cela fait longtemps (ou alors je ne suis tombée que sur des profs bien) qu'on n'a plus peur de dénoncer le passé de nos anciens héros.
Je ne pense pas qu'un film qui parle du même sujet ou encore une expo photo traitant de ça, soit vue comme ces "tableaux" sont perçus. ( http://www.francetvinfo.fr/culture/expos/video-exhibit-b-l-expo-qui-derange_746296.html pour se donner une idée de ce à quoi ça ressemble). Pourtant, je trouve justement que ces tableaux sont d'une extrême beauté de part leur force et je ne trouve en aucun cas le côté malsain ou morbide. Je vois là au contraire une profonde dénonciation.
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