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Marche pour le climat // Source : Jeanne Menjoulet
Écologie

Et si le changement climatique était synonyme d’abondance ?

Dans une tribune publiée le 15 mars 2023 sur le site du Washington Post, l’écrivaine américaine Rebecca Solnit invite à changer de paradigme pour envisager l’urgence climatique comme la possibilité de repenser nos systèmes de valeurs et d’atteindre une vie meilleure. Un autre regard qui permettait, à l’échelle sociétale, de sortir de l’inaction dramatique et d’être à la hauteur des défis environnementaux.

« Un moine m’a dit un jour que le renoncement pouvait être une bonne chose si les choses auxquelles on renonce sont celles qui nous rendent misérables. » C’est par ces mots que l’essayiste engagée Rebecca Solnit, derrière, notamment, le livre événement Ces Hommes qui m’expliquent la vie, sorte de bible du mansplaining avant l’heure, a ouvert sa tribune publiée le 15 mars 2023, sur le site du quotidien états-unien Washington Post. Pour l’autrice, cette vision positive est ce qui nous manque lorsque l’on parle de l’urgence écologique et de la manière dont nous devons agir. Elle suggère même que c’est cette absence qui nous englue dans l’inaction. Au fil de l’article, elle revient sur le changement de paradigme qui s’impose pour être à la hauteur des défis environnementaux actuels. Et si, au lieu de penser qu’agir pour la planète signifie se contraindre à une certaine austérité dans nos pratiques, nous envisagions cet engagement comme une source de richesse inestimable ?

Alors que le GIEC publie aujourd’hui, lundi 20 mars 2023, la synthèse de toutes ses conclusions, retour sur cette tribune qui appelle à l’espoir et, surtout, à l’action.

Changer notre manière de concevoir la richesse

« Souvent, ce qui nous pousse à l’inaction, vient de l’idée qu’agir pour le climat signifierait échanger l’abondance pour l’austérité, remplacer l’aisance de posséder par le minimalisme et l’inconfort. Mais, s’il s’agissait plutôt de laisser de côté des choses qui nous sont nocives, comme par exemple des émissions mortelles, un sentiment d’impuissance paralysante ou cette culpabilité d’être complice dans la destruction de notre planète ? Et si l’austérité était en vérité nichée dans la manière dont nous vivons aujourd’hui, et l’abondance dans ce qui nous attend ? Regardez de plus près, et vous verrez que tous les indicateurs autres que nos biens ou notre argent montrent que nous nous sommes appauvris. Même les plus aisés vivent dans un monde où la confiance envers le futur, envers la société et nos institutions s’étiole — et où sont mis à mal notre impression d’être en sécurité, nos connexions sociales, notre santé mentale et physique, et tout ce qui contribue à notre bien-être.

Rébecca Solnit, Washington Post, 15 mars 2023

Dans sa tribune, Rebecca Solnit revient sur l’instabilité d’un monde qui a perdu espoir en son avenir. Pour l’écrivaine et intellectuelle américaine, ce monde est structuré par des choix guidés par l’appât du gain, au détriment de la santé, de l’environnement et du bien-être de ses habitants. En tête de gondole, l’industrie des énergies fossiles, qui, selon l’écrivaine, crée non seulement des scissions politiques, mais nous plonge aussi dans l’éco-anxiété à mesure que les émissions carbones générées par les géants du secteur détruisent notre santé et notre atmosphère.

À lire aussi : Comment parler du dérèglement climatique à des enfants sans les traumatiser

Se libérer du sentiment d’impuissance

« Nous sommes face à un sentiment d’impuissance et de culpabilité plus grand, poursuit l’écrivaine. Celui d’être témoin ou même complice de quelque chose de profondément mal ». Cette culpabilité, selon Rebecca Solnit, nous englue dans déni volontaire et anesthésiant. Mais l’écrivaine ne s’avoue pas vaincue. En effet, elle se félicite d’observer, depuis quelques années, une prise de conscience grandissante au sein de la société :

Nous sommes un plus grand nombre aujourd’hui à comprendre que nous ne sommes pas séparés de la nature mais dépendants d’elle. Partout, je vois des personnes repenser comment elles travaillent et vivent, transformant leur prise de conscience en réalité.

Rébecca Solnit, Washington Post, 15 mars 2023

Un effort, qui selon elle, ne doit surtout pas s’essouffler. Il est crucial d’amplifier les discours et les actions de ceux qui s’engagent et montrent à voir que le changement est possible.

À lire aussi : Loi Climat : « Je suis en colère de voir un gouvernement si aveugle face à l’écocide en cours »

Changer de regard sur la question climatique

Pour accomplir cela, l’écrivaine appelle a transformer notre regard sur la question climatique, qu’il convient d’envisager « comme une opportunité, une chance qui nous permet de ré-imaginer qui nous sommes et ce que nous désirons ». Vision naïve ou espoir essentiel ? Quoiqu’il en soit, Rebecca Solnit suggère de redéfinir la richesse, non plus comme l’argent que l’on gagne, mais comme le fruit d’un ensemble de valeurs (joie, beauté, amitié, communauté, soin…). Cette démarche optimiste a pour but de retrouver confiance en la possibilité d’un avenir viable, et de sortir de l’inaction.

Toutes ensembles, ces valeurs nous ouvrent à une nouvelle forme d’abondance :

Pour répondre à la crise climatique — une catastrophe dont l’échelle est bien plus immense que tout ce à quoi nous avons pu faire face, en tant qu’humains, par le passé — nous pouvons et devons puiser dans ces mêmes ressources : la joie, le sens, les connexions profondes et la générosité d’être vivant face à toute cette incertitude. C’est ce genre d’abondance dont nous avons besoin pour répondre à la crise climatique, pour améliorer nos vies […] Quelque chose que nous n’avons pas besoin d’acquérir, car nous l’avons en nous.

Rebecca Solnit

Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

10
Avatar de jgo
21 mars 2023 à 21h03
jgo
Je ne suis pas sûre d'avoir envie de lire un article qui commence par "Un moine m’a dit un jour que"
Sinon, d'accord avec ce qui a été écrit plus haut, rien de nouveau sous le soleil. L'écologie c'est de l'entresoi de classe pour l'instant... Ironie : Jeff Bezos (Amazon) est proprio du Washington Post
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