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Santé

En montrant des adolescentes séropositives, ces séries font avancer la sensibilisation au VIH

Le SIDA et le VIH ne sont pas toujours bien connus par les jeunes femmes, qui s’estiment parfois — à tort — non concernées par le risque de contamination. De représentation en pédagogie, les séries font leur part pour changer la donne.

Des films à succès comme 120 battements par minute aux séries devenues cultes comme Pose ou It’s a Sin, les représentations du VIH sont légion pour les hommes gays dans la pop culture. Et c’est tant mieux ! Ces oeuvres font parties intégrantes de la culture LGBTQI+ et participent à la sensibilisation de cette population à risque.

Cependant, pour les ados, et particulièrement les jeunes femmes, on trouve beaucoup moins de figures. Heureusement, plusieurs séries se sont récemment emparées du sujet, incluant des personnages féminins qui parlent de la maladie avec justesse. Alors, en quoi ces représentations font du bien pour parler du VIH pour les jeunes femmes et ados ? Explications.

Montrer des jeunes femmes séropositives sans diaboliser

Mise à part leur popularité, les teen séries Élite et Skam ont un autre point en commun : les personnages de Marina et de Jo. Toutes les deux adolescentes, cisgenres, hétéros, et séropositives.

D’après Déborah Hassoun, directrice d’écriture de la saison 7 et consultante sur la saison 8 de Skam, où la question est abordée, insérer la problématique du VIH est une demande qui a émané de France TV Slash — les producteurs et diffuseurs de la série. Le constat est sans appel pour eux : il est plus que nécessaire de sensibiliser la population des jeunes, et notamment des jeunes femmes aux problématiques du VIH.

« Mon enjeu, en tant que scénariste pour ce personnage, était de parler du VIH de manière contemporaine, en abordant toutes les questions et clichés que beaucoup ont encore aujourd’hui. Le plus dur étant de ne pas diaboliser. »

Dans Skam, Jo, la jeune femme, et Mathéo, celui qui l’a contaminée, sont traités avec nuances — durement par les autres, et par eux-mêmes parfois, mais aussi avec beaucoup de compréhension de la part des autres personnages. Déborah Hassoun explique sa démarche à Madmoizelle :

« Il était important de mettre l’accent sur l’information. Le médecin spécialisé que nous avons consulté a été formel : il faut à tout prix parler du dépistage, action clé et déterminante dans la lutte contre le VIH de nos jours ». 

Le VIH, encore méconnu par les jeunes en France

Selon Santé Publique France, ce sont 173 000 Français et Françaises qui vivent avec le virus, et 6500 nouvelles contaminations chaque année. Au niveau des 15-24 ans, un sondage IFOP mené en 2021 démontre que 24% pensent que le VIH s’attrape en embrassant quelqu’un de séropositif et 41% estiment avoir moins de chance de l’attraper car ils et elles sont jeunes… Or, ils et elles forment 13% des nouveaux contaminés chaque année.

Si certains publics comme les hommes gays, les personnes trans, les populations migrantes ou encore les gens toxicomanes ont été au fil des années clairement identifiés via des programmes de prévention ciblés, la population jeune manque cruellement d’informations dédiées, comme le démontrent ces données.

Selon Julie, sage-femme qui travaille dans un planning familial de banlieue parisienne, il est essentiel de parler du sujet de nos jours, car il est totalement passé au second plan avec le Covid, comme elle l’explique à Madmoizelle :

« Le constat, c’est qu’en France il y a 25 000 séro-ignorants, c’est-à-dire qui ne savent pas être porteurs du VIH. Il est ultra important de mettre en avant la prévention, dont le dépistage est une forme. »

Les jeunes de moins de 25 ans représentent 58% du public que Julie rencontre, et le résultat est sans appel : l’immense majorité sous-estiment complètement leurs comportements potentiellement à risque, et ne pensent même pas à se faire dépister. Plus que l’oubli du dépistage, la conclusion se révèle inquiétante car les jeunes sont totalement désinformés sur le sujet.

« La confusion entre le VIH (le virus en lui-même) et le SIDA (la maladie qui se développe dans toutes les cellules) est déjà un énorme frein.

Beaucoup pensent que la contamination entraîne automatiquement vers la mort, ce qui est faux ! Si on dépiste à temps, on peut mettre la personne sous traitement : elle pourra vivre une vie normale — et surtout, avoir une charge virale négative, c’est-à-dire ne plus être contaminante ». 

Écrire des jeunes femmes séropositives, sans tabou ni honte

Si l’une des problématiques au coeur de l’écriture du personnage de Jo dans Skam était de briser les stéréotypes sur les personnes séropositives, la principale était d’en retirer la honte.

En effet, les associations de lutte contre le SIDA se sont beaucoup développées de manière communautaire, en fonction des publics, mais pour les jeunes femmes, il est compliqué de trouver un endroit où parler et échanger autour de la maladie entre concernées.

Skam — qui veut dire « honte » en norvégien, le pays d’origine de la série — parle des enjeux de société pour les jeunes. La question de l’information y est centrale, celle de la représentation et de l’identification tout autant.

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Jo dans Skam France, interprétée par Louise Malek

Après la diffusion de la série, les retours ont été unanimes selon Déborah : beaucoup de jeunes ont découvert des informations qu’ils n’avaient pas du tout, et surtout ouvert des discussions avec leur proches sur le sujet. 

Encore très taboue, la question du VIH auprès des jeunes doit être prise à bras-le-corps par les politiques de santé publique. Malgré l’ampleur de la tâche, Julie ne désespère pas :

« Si on prend tôt en charge la maladie, le SIDA ne se développera jamais. Et le VIH est une maladie chronique, au même titre que le diabète. »

C’est important de le marteler, tout comme de parler des offres de dépistage et de prévention qui existent — comme la PrEP, médicament de prévention pour les personnes séronégatives, ou le traitement d’urgence post-exposition.

Julie rappelle la mission du planning familial, concernant le VIH mais pas seulement :

« Il faut faire une prévention énorme sur les ados. Dans les plannings familiaux, notre mission c’est de parler de santé sexuelle en général, car il n’y pas que le VIH comme maladies sexuellement transmissibles ».

De son côté, Déborah Hassoun le martèle :

« En France, on a les moyens d’arrêter l’épidémie. Si on dépiste tout le monde, tout le monde peut avoir accès au traitement, et donc ne plus contaminer personne ». 

Si de nouvelles représentations font donc bouger les choses au niveau de l’information des jeunes, le travail à faire pour donner les bonnes pratiques à tous et toutes reste considérable. L’épidémie du VIH est loin d’être terminée, alors on ne le répétera jamais assez : protégez-vous, dépistez-vous !

À lire aussi : La présidente de AIDES vous explique pourquoi la lutte contre le VIH concerne aussi les femmes


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