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Emmanuel Macron souhaite voir plus de femmes candidates… et comprend ce qui les retient vraiment

Emmanuel Macron déplore le manque de candidatures féminines reçues dans son mouvement En Marche en vue des élections législatives. Un plaidoyer vu près de 700 000 fois depuis sa mise en ligne, samedi 28 janvier.

— L’image de home provient de @emmanuelmacron

Samedi 28 janvier, en pleines primaires citoyennes, c’est une vidéo d’un candidat hors-compétition qui est apparue dans mon fil d’actualité.

Sur sa page Facebook, et celle de son mouvement En Marche, Emmanuel Macron a publié un message qu’il adresse à toutes celles et ceux qui souhaitent un renouveau en politique. Le post est sobre :

« Pourquoi moi ?? — Candidatez sur en-marche.fr »

Dans cette vidéo en plan séquence, Emmanuel Macron fait un constat : alors qu’un appel a été lancé le 19 janvier, dans le but de recruter de futur•es candidat•es aux élections législatives pour le mouvement En Marche, les premiers résultats posent problème.

« C’est un constat d’échec que je fais aujourd’hui »

En effet, seules 15% des candidatures reçues… viennent des femmes. Vous me direz, le manque de parité en politique n’est pas un problème nouveau, ce que souligne le candidat à l’élection présidentielle :

« C’est un constat d’échec qui me rend triste, pour nous, parce que nous sommes en train de faire comme les autres.

Parce que nous sommes en train d’arriver au même résultat que ce que nous avons aujourd’hui à l’Assemblée Nationale. »

À lire aussi : Le sexisme ordinaire en politique révélé dans un Tumblr

« Pourquoi on en arrive à ce résultat ? »

Jusqu’ici, zéro surprise. La nouveauté, c’est plutôt le discours tenu dans cette vidéo, qui aborde frontalement les freins à l’implication des femmes en politique :

« Pourquoi on est dans cette situation ? J’ai essayé de comprendre […]

La première chose, c’est l’autocensure. Chaque fois que je suis allé demander à une femme pourquoi vous ne venez pas vous présenter, on me dit « pourquoi vous pensez à moi ? »

L’idée même ne vient pas. »

Premier obstacle pointé, effectivement, ce syndrome de l’imposteur si présent chez de trop nombreuses femmes, toutes ces croyances limitantes intégrées au plus profond de soi, qui nous empêchent de nous projeter à l’étage supérieur.

Oui, parfois, il y a un plafond de verre qui bloque notre ascension. Et parfois le plafond est aussi pour partie dans notre esprit.

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Mais ne nous leurrons pas, on oublie aussi un peu facilement toute la pression sociale et familiale qui pèse sur de trop nombreuses femmes.

À lire aussi : Pourquoi l’égalité professionnelle EST une priorité absolue

Mais justement, ce point arrive en 2ème position. Pourquoi ce déséquilibre hommes-femmes, donc ?

« Pour des tas de raisons, que je respecte et qui sont profondément légitimes, qui sont l’organisation de la vie familiale, de la vie au travail, la possibilité d’avoir en plus un engagement politique…

Comme si l’engagement politique était réservé aux hommes.

Et ça en dit long sur nos propres représentations collectives sur la façon dont la vie familiale est organisée, sur de fait, le droit de préséance dont bénéficient les hommes dans notre société. »

Sur le constat, je tombe d’accord. Quand on sait que les femmes effectuent toujours 65% des tâches parentales, qu’elles assument encore majoritairement la gestion du foyer, il leur est effectivement difficile d’envisager un engagement politique.

« J’ai bénéficié de ce droit chez moi »

Ce n’est pas un mea culpa, c’est de la lucidité : Emmanuel Macron continue son adresse en parlant de sa propre expérience, reconnaissant que mener une carrière politique a été plus simple pour lui.

Un discours qui tranche totalement avec la rhétorique de l’homme providentiel ou du destin national, récurrent en politique.

« Je le dis très humblement : j’ai bénéficié de ce droit chez moi. Puisque si je suis là aujourd’hui, si je peux donner tout ce temps, c’est aussi que ma femme a fait le choix, de prendre elle du temps sur sa vie professionnelle pour m’accompagner, de ne pas avoir d’autres engagements.

Mais on doit avoir cette discussion en famille, on doit aussi pouvoir reconsidérer ces schémas, ces automatismes, et moi je ne me satisfais pas de cette autocensure. »

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Engagez-vous ? Non, parlez-en

D’habitude dans mon fil d’actualité, je vois surtout remonter des clips humoristiques, des animaux mignons, voire quelques vidéos d’actualité sous-titrées pour qu’on puisse les comprendre sans le son. Mais le post d’Emmanuel Macron est apparu plusieurs fois dans mon Facebook (alors que je n’avais pas liké ses pages !)

C’est parce que plusieurs de mes contacts ont partagé le discours, et après l’avoir écouté, je comprends l’intérêt qu’il a suscité : c’est différent.

C’est différent jusque dans la conclusion du message, qui invite, non pas à jeter vos tabliers mesdames, mais à dialoguer :

« Ce que je vous demande, c’est de pouvoir en parler en famille, de réfléchir à ça et d’y réfléchir jusqu’au bout : pourquoi vous avez envie de vous engager ? […]

Parce que vous avez envie de changer les choses. Les femmes ont le droit et le devoir de les changer aussi, donc d’avoir une discussion familiale pour qu’on s’organise un peu différemment pendant ce temps de vie.

Parce qu’on a besoin de femmes qui soient députés, qui soient sénatrices, qui soient maires, qui changent notre vie politique. »

Et ça aussi c’est nouveau, je trouve. Cette idée d’appeler au dialogue et à la réflexion pour résoudre un problème, non pas comme solution miracle mais comme base de départ.

À lire aussi : Pourquoi est-ce que je me suis intéressée à la politique et à l’actu ?

La parité ? Une nécessité pour les petits partis

Je me suis entretenue avec Julia Mouzon, fondatrice d’Élues Locales

, un site d’information, de réseau et de conseil à destination des élu•es, très impliquée sur les questions de mixité dans les instances politiques.

Elle m’explique que la parité sur les listes électorales est un impératif pour les « petits partis », car ils n’ont pas les moyens de payer les amendes infligées en cas de non respect de cet objectif (amendes alourdies par la majorité socialiste lors des discussions sur la loi pour l’égalité réelle).

Alors certes, pour le mouvement d’Emmanuel Macron, présenter des candidatures paritaires dans les 577 circonscriptions semble être une nécessité. Mais c’est aussi une volonté du candidat indépendant, en cohérence avec l’esprit d’En Marche, m’explique Zineb, membre de l’équipe porte-parolat :

« Le fait de n’avoir que 15% de candidatures féminines est le signe d’un problème réel en France. Avec En Marche, nous voulons vraiment montrer que nous sommes un mouvement progressiste, dans tous les sens du terme.

On ne veut pas que cette campagne soit faite sans les femmes. »

Mounir, responsable de la campagne numérique, me précise qu’En Marche poursuit un objectif de parité réelle : d’une part, les candidatures sont examinées et sélectionnées selon leur sérieux et leur intérêt, et d’autre part, hors de question de faire de « l’arnaque à la parité ».

« L’arnaque à la parité » consiste à recruter des femmes parce qu’il en faut, et les envoyer faire campagne dans une circonscription réputée ingagnable (où, par exemple, le ou la député•e sortant•e est habituellement réélu•e au 2ème tour à plus de 60%).

« On veut être certains que toutes les candidatures représentent le projet nouveau » ajoute Mounir, en me rappelant les principes définis par Emmanuel Macron pour les législatives, dans cette vidéo, parmi lesquelles, notamment, le renouvellement et la parité réelle.

Zineb conclut notre entretien :

« Il n’y a aucune raison pour que les femmes ne soient pas davantage actrices alors que nous sommes plus de 50% du corps électoral »

En Marche continue son appel à candidatures, et encourage les femmes à lever les barrières d’illégitimité, mais aussi les obstacles plus pragmatiques au sein du foyer, tout ce qui les empêcheraient de sauter le pas…

À lire aussi : Carrière ET famille, j’ai décidé de tout choisir

Et après la première marche….

Lever son syndrome de l’imposteur et s’organiser au sein de son foyer ne sont qu’un point de départ (mais c’est certainement un bon compromis pour un mouvement nommé « En Marche » !).

S’engager en politique, se porter candidat•e pour un mouvement ou derrière un•e candidat•e à l’élection présidentielle est une première étape.

Derrière, il faut mener campagne, ce qui demande un véritable investissement en temps, en énergie, et en espèces sonnantes et trébuchantes également.

Alors il est certain que les plus beaux discours ne feront pas entrer davantage de femmes à l’Assemblée : il faudra plus que ça. Mais de poser les mots justes sur un constat que d’autres feignent d’ignorer, c’est déjà un premier pas dans la bonne direction.

Demandez le programme ?

Il y a peut-être un autre frein à la candidature de nombreuses femmes, que je n’ai pas vu soulevé dans les différentes analyses ou commentaires que j’ai pu entendre.

Qu’est-ce qui me pousse, moi, à demander une promotion, à briguer un nouveau poste, ou, au hasard, à me porter candidate derrière la bannière d’un parti ? Si j’estime avoir les compétences requises pour le poste !

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Je me revois, à mon premier véritable entretien d’embauche, lorsqu’on me propose un poste dans l’entreprise, et je m’entends répondre :

« Oui ça m’intéresse mais… Je n’ai jamais exercé ce métier ! »

Non, sans blague ? Je suis là pour me faire embaucher sur mon premier job, on me propose ce poste, et j’hésite à accepter car je n’ai jamais travaillé sur ce poste ? Où est la logique ? (Cette anecdote figure au Panthéon des 6 erreurs et leçons de ma recherche d’emploi.)

Appelons ce « réflexe » autodépréciateur un « syndrome de la bonne élève » : j’ai envie de faire ça, mais j’ai besoin de connaître les consignes (et les critères de notation) avant de me lancer (j’évalue mes chances de réussite et mes risques d’échec).

Peut-être qu’il manque aussi, chez En Marche, la publication d’un programme clair, que les potentiel•les candidat•es pourraient consulter avant de décider si ils et elles veulent le porter en campagne, sur le terrain, en vue des législatives.

Mais si cette explication se tient, elle n’arrêterait visiblement que les femmes, en majorité. Alors je me pose encore une question : est-ce qu’on utiliserait pas cet argument comme excuse, entre nous, pour ne pas oser davantage, prendre davantage d’initiatives ?

D’une part, rejoindre un mouvement politique n’équivaut pas à vendre son âme, on ne signe pas avec son sang.

Le programme politique d’Emmanuel Macron n’est certes pas encore imprimé en pdf sur son site de campagne, mais en cherchant un peu, on peut trouver le site vision-macron, qui compile ses différentes positions exprimées sur toute une série de thématiques depuis des mois.

Quoiqu’on pense de ses idées, il y a là matière à se forger une opinion.

J’ai pris l’exemple du mouvement d’Emmanuel Macron parce qu’il a montré cet exemple, en adressant frontalement le problème : oui, il y a toute une série de freins et d’obstacles à l’entrée des femmes en politique. Oui.

Et il y a peut-être aussi une forme d’autocensure de notre part, qu’il nous appartient de dépasser si nous voulons prendre et assumer ces rôles dans la vie publique.

Et toi, est-ce que tu avais vu cette vidéo tourner dans tes réseaux sociaux ? Qu’est-ce que tu en as pensé ? Est-ce que tu as déjà songé à te porter candidat•e à une élection, avec ou sans l’appui d’un parti (quel qu’il soit) ? Viens en parler dans les commentaires !

À lire aussi : La politique et nous #3 — Qu’est-ce qu’on attend pour (re)prendre le pouvoir ?


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Les Commentaires

33
Avatar de wenn
7 février 2017 à 07h02
wenn
Disons que c'est un bon début, mais que s'il ne tournait pas autour de lui et son parti ça ferrait plus sincère.
Assez d'accord, un bon début, mais j'ai l'impression que ce dialogue pour changer les schémas familiaux n'est justement que "pour un temps", et après tout le monde revient à ses rôles respectifs faut pas déconner...Il aurait pu être plus clair sur ses positions à mon avis, et ne pas accuser que l'autocensure, mais également parler du sexisme en politique, des gros beaufs de l'Assemblée et de leurs remarques dégradantes...
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Voir les 33 commentaires

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