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Cinéma

« DOPE », un film qui donne la patate, à voir absolument

Si tu cherches un film feel-good à voir dans les semaines qui viennent, n’hésite pas : c’est DOPE ! À travers l’histoire d’un ado américain qui se retrouve par accident en possession de drogue, ce long-métrage parle stéréotypes raciaux, musique hip-hop et délivre une bonne dose d’ondes positives.

Sortir d’une salle de cinéma en pleurant, ça arrive, mais se lever de son siège avec un grand sourire et l’envie d’aller pédaler et de tout déchirer, c’est plutôt rare. C’est pourtant ce qui se passe après avoir vu DOPE, le quatrième long-métrage du réalisateur américain indépendant Rick Famuyiwa, un film sacrément réussi.

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DOPE donc, raconte l’histoire de Malcolm, un adolescent qui vit à Inglewood, la banlieue « craignos » de Los Angeles, aux États-Unis. Malcolm (Shameik Moore) est un ado sans histoires, qui va au lycée et rêve de faire des études supérieures à Harvard. Avec ses potes Diggy (Kiersey Clemons) et Jib (Tony Revolori), ils cultivent une passion pour tous les vieux trucs des années 1990, la musique et les fringues en première ligne, ce qui leur vaut d’être un peu à l’écart et régulièrement enquiquinés par les caïds du coin.

Un jour, Malcolm croise le chemin de Dom (joué par le rappeur A$ap Rocky), le dealer du coin, et pour éviter les ennuis, il accepte d’aller causer de sa part à Nakia (Zoë Kravitz), une jolie fille qu’il courtise et qui préfère réviser ses maths. Nakia est invitée à la soirée d’anniversaire de Dom, mais elle n’ira qu’à une condition : si Malcolm vient aussi. Il persuade donc ses potos de se rendre à la soirée. Quelques heures et une descente de police plus tard, Malcom, Jib et Diggy s’enfuient de la soirée. Le lendemain, surprise : Malcolm découvre que quelqu’un a caché de la drogue dans son sac à dos

Une course poursuite pêchue et maligne

Cette drogue, la fameuse « dope » du titre, Malcom et ses copains vont chercher à s’en débarrasser au plus vite. Sauf qu’ils n’ont rien, mais alors vraiment rien de dealers, et qu’ils n’ont pas hyper envie de compromettre leur futur pour un peu de poudre blanche alors qu’ils n’ont rien demandé. La panique est totale : tout le monde veut récupérer la came et leur court après. Malcom, Jib et Diggy sont alors pris dans une course-poursuite entre le cartoon et la comédie, qui les amène face à des personnages complètement barrés, des vrais méchants dignes d’un dessin animé et des situations incongrues.

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Bien sûr, tout ceci est un peu WTF (on est au cinéma) ; le scénario pourrait sembler déjà vu, mais le rythme de DOPE en fait un film totalement fascinant. De l’humour même dans les moments dramatiques, un découpage à la façon d’un immense clip musical, des accélérations puis des ralentis : le film te tient scotché•e à ton siège et t’embarque dans un tourbillon d’énergie aussi fort que celui qui malmène les héros d’une embrouille à l’autre. Sans compter que le tout est narré par Forest Whitaker : franchement, que demander de plus ?

Les plans aussi accrochent l’oeil, les couleurs sont belles, faussement naïves, à la façon d’un film des années 1990, mais avec un regard définitivement moderne. Au moins aussi moderne, en tout cas, que la solution que va trouver le trio pour s’en sortir. Sans en dévoiler trop, disons qu’ils apprennent à utiliser le système qui pèse sur eux.

Des personnages charismatiques et drôles

DOPE est ce qu’on pourrait appeler un teen-movie : il est centrée sur des personnages adolescents et semble s’adresser à un public plutôt jeune. Et comme dans tout teen-movie qui se respecte, la personnalité des protagonistes fait une bonne partie du boulot de séduction.

Ceux de DOPE sont particulièrement cool, qu’ils soient des nerds ou des gangstas. Shameik Moore, qui joue le rôle de Malcolm, incarne avec subtilité le gars lambda, maladroit et touchant : si au lycée, il passe pour un loser, tu as tout de suite envie d’en faire ton pote tellement il a l’air sympa et intéressant. Si cet acteur-rappeur-danseur (un sacré patrimoine) est encore peu connu, je suis presque sûre qu’on va le revoir à l’avenir !

Mention spéciale aussi pour Diggy, alias Kiersey Clemons, la pote lesbienne et relax de Malcolm. Ce personnage de fille ultra-badass est drôle à mourir et tout sauf cucul, ça fait vraiment plaisir.

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Le rappeur A$ap Rocky se fond tout aussi tranquillement dans le personnage de Dom, le dealer qui roule des mécaniques mais bredouille dès qu’il s’agit de parler à une fille qui lui plaît. La mannequin Zoë Kravitz est un peu plus attendue dans le rôle de la jolie fille que les garçons du quartier se déchirent

, mais le réalisateur a eu l’intelligence d’en faire un personnage bienveillant, pas dupe et pas superficiel, finalement aussi prisonnière de sa condition que les autres.

Je tiens au passage à saluer le boulot pointu sur les costumes hauts en couleur, à la fois légèrement ringards et branchouilles, qui pourraient être portés par des ados d’aujourd’hui, mais avec cette petite touche en plus qui te donne envie de les reproduire à la maison. Ils posent à merveille les personnages et participent à faire de DOPE une sorte d’immense fresque pop proche de la bande-dessinée.

Mais si les personnages de DOPE vendent autant du rêve, c’est surtout grâce à leur humour ! Les voix-off ironiques, les punchlines au second degré et les situations absurdes s’enchaînent les unes après les autres, et te laissent assez peu le temps de reprendre ton souffle.

Sous le vernis coloré, une vraie réflexion sur la société

DOPE est un film feel-good, qui distille de l’humour et de la bonne humeur, certes. Mais sous ses airs de comédie, il met aussi un bon poing américain dans le pif des clichés sur les Afro-Américain•e•s, en montrant les préjugés auxquels sont confrontés Malcolm et ses potes à cause du milieu d’où ils viennent.

À Inglewood, banlieue pauvre de Los Angeles, on devient dealer ou victime. Malcolm est doué, bon élève, pas gangsta pour deux dollars, il a des ambitions et veut intégrer Harvard. Son personnage est déjà intéressant en lui seul, parce qu’il va à l’encontre des stéréotypes sur les « Noirs du ghetto ». Stéréotypes dont le film souligne pourtant l’existence : le héros croise le chemin de dealers, de voyous, qui revendiquent leur statut de marginaux. Les adultes chargés d’orienter Malcolm lui font sentir qu’en venant d’Inglewood, il devra prouver deux fois plus que d’autres sa valeur pour intégrer la prestigieuse université. On lui conseille même d’utiliser sa condition pour jouer sur la corde sensible du personnel chargé de valider ou non l’admission…

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Sans se présenter comme une leçon de morale, DOPE fait réfléchir. Diggy explique par la manière forte à Will, un développeur blanc qui plane en permanence, pourquoi, dans sa position, il ne peut pas décemment utiliser le « n-word », que seuls les Noirs emploient entre eux. Malcolm et ses potes viennent de banlieue, font de la musique dans un groupe, Awreeoh, et… Perdu, ce n’est pas du rap, mais du punk.

Finalement, il n’est pas plus facile de trouver son identité quand on diffère du cliché que lorsqu’on y correspond, comme l’exprime la plume vive de Malcolm :

« Toute ma vie, je me suis débattu entre qui je suis vraiment et l’image que je renvoie. Entre des catégories et une définition. Je n’entre dans aucune case. Je me croyais maudit. »

Dans un joli plan, Malcolm découvre des photos des gens qui traînent dans son quartier avant qu’ils ne soient déscolarisés : eux aussi avaient des rêves, des ambitions pour s’en sortir. Des espoirs qui ont tous été anéantis au contact d’un grand méchant qui n’est pas celui qu’on croit…

Une bande-originale qui démonte

Il serait enfin définitivement impossible de terminer une critique sur DOPE sans parler de ce qui dynamise le film et lui donne clairement une bonne partie de son charme : la musique. Si elle est omnisciente la plupart du temps, la bande-originale colle aux goûts mi-hipster mi-vintage de Malcolm, Diggy et Jib, et elle est infiniment cool.

DOPE balance aux spectateurs du gros hip-hop des années 1990, le genre de titres cultes qui font aussitôt dresser tes oreilles si tu es adepte du genre, et qui vont sans aucun doute titiller la curiosité de celles et ceux qui ne s’y connaissent pas trop. Il y a du Public Enemy, A Tribe Called Quest, Nas… De quoi te donner la pêche et de donner envie de shaker ton booty sur le siège en velours pendant une bonne partie de la séance.

À lire aussi : The Black Eyed Peas reviennent avec « Yesterday », un nouveau clip en forme d’hommage au hip-hop

Le reste des titres originaux a été composé par Pharrell Williams en personne : il n’est plus vraiment à prouver qu’il sait capter l’attention des auditeurs. Il se cache d’ailleurs derrière la chanson finale interprété par le groupe Awreeoh, particulièrement entraînante. Bref, cette folle bande-originale donne à DOPE des allures de clip géant mais avec un super scénario, et confirme définitivement mon énorme coup de coeur pour ce film.

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DOPE sera en salles en France ce 4 novembre 2015, alors je ne peux que te conseiller d’enfiler tes baskets à scratch et de courir jusqu’au cinéma le plus proche.


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