Les scénaristes font de leur mieux pour donner aux spectateurs la possibilité de s’identifier aux personnages des films et séries. Parce que c’est plus crédible et qu’il en va donc de la qualité de l’oeuvre. Souvent, ils font du très, très bon boulot. Mais pourtant, parfois, semblant oublier leur condition d’être humain, ils s’éloignent très légèrement de leur vie de tous les jours et appliquent des codes qui divergent sérieusement de nos habitudes à nous, vrais gens de la vraie vie. Vous me direz, « la télé et le cinéma doivent nous faire rêver ». Probablement. Parfois. Mais il arrive que ce genre d’incohérences soit juste une preuve de déconnexion avec la réalité qui n’apporte rien à l’intrigue ni à ce qu’on peut bien éprouver. Voici donc une petite sélection de détails qui décrédibilisent sérieusement les fictions.
Signer son SMS
L’autre jour, je regardais l’épisode 5 ou 6 des Revenants et je n’y trouvais à ce moment-là pas encore de défaut. La trame était bonne, les acteurs excellents et je ressentais une sorte de fascination pour la série. Mais un tout petit détail m’a clairement gâché mon plaisir : à un moment de l’intrigue, un des personnages envoyait un message à une de ses amies de longue date. Une amie qu’il a l’habitude de voir tous les jours, au lycée et au pub. Une amie qu’il connait bien, donc, et qui a déjà probablement son numéro dans son répertoire. Aucune utilité de ce fait de signer son SMS. C’est pourtant ce que ce jeune homme répondant au nom de Frédéric a fait. Il a vraiment écrit « Rappelle-moi. Frédéric ». Je. Ok.
POURQUOI ? Pourquoi nous infliger ça alors que ça n’apporte rien à l’intrigue ? Pourquoi n’est-ce pas la seule et unique fois que j’ai vu ce genre d’incohérences ? Je veux dire, à moins de prendre la saison en cours de route (ce qu’on ne peut faire qu’avec les soap operas américains), on se souvient forcément de son prénom, ou au moins de qui il est. À la limite, le meilleur moyen de faire préciser à Frédéric quel était son blaz’ aurait été de lui faire écrire un sms de type :
« Salut c’est Frédéric, c’est mon nouveau numéro parce que j’ai perdu mon portable lol alors du coup efface l’ancien numéro et mets celui-ci à la place parce que l’autre je sais pas où il est. Ouais c’est bizarre qu’on m’ait fait changé de numéro, je comprends pas bien non plus puisque par exemple ma mère a le même depuis 10 ans mais c’est comme ça, pose pas de questions. Bon, rappelle-moi. »
Oui, ce serait se compliquer la tâche. Mais c’est déjà plus crédible.
Désemparés, les membres de cette famille réalisent qu’ils ont oublié le prénom des autres.
Utilisation abusive du prénom de l’interlocuteur
Je sais pas vous, mais les seules fois où j’utilise le prénom de la personne à qui je m’adresse c’est soit :
- Parce qu’il ou elle ne m’écoute pas soit,
- Parce que je suis sur le point de m’énerver.
Pourtant, dans bon nombre de fictions, on n’hésite pas à utiliser à outrance les blaz’ des personnages. Ce qui donne bien souvent lieu à des conversations qu’on ne pourrait pas vraiment avoir en vrai :
Cynthia je… Oui David… Cynthia je… Je t’aime. Moi aussi David. Je t’aime.
Ce qui me laisse penser que cette utilisation massive du prénom dénote d’un manque évident de mémoire des acteurs à qui on doit sans cesse rappeler qui ils interprètent.
Ne pas finir sa cigarette
Un paquet de cigarettes coûte
au mieux 6€10. C’est cher. Je ne sais pas dans quel monde vit une grande partie des personnages de séries et de films accros à la nicotine, mais je suis toujours extrêmement impressionnée de voir à quel point ils sont peu nombreux à réellement fumer leur cigarette.
Mia fumera-t-elle réellement sa cigarette ? Le suspens est à son comble.
Je suis une fumeuse. Je me soigne, mais j’en suis une. Alors quand je vois un personnage allumer une cigarette, puis recevoir un coup de fil important et avoir à peine le temps de tirer ne serait-ce qu’une taffe de son précieux bâtonnet avant de le jeter dans le caniveau ou de l’écraser violemment dans un cendrier pour partir le plus vite possible, je m’insurge. Personnellement, quand je fume, que ma cigarette n’est pas finie et que j’ai une urgence, je l’éteins délicatement pour ne pas l’abîmer au cas où l’envie me prendrait de la finir à un moment. Car, comme le dit l’expression, « y a pas de petites économies de bouts de chandelle qu’en fait c’est pas des chandelles c’est des clopes ».
C’est d’autant plus frustrant de voir à quel point les protagonistes d’une fiction peuvent être peu regardants que je souffre du syndrome du mimétisme : quand je vois quelqu’un fumer à la télé, j’ai envie de fumer. Alors souvent, je fume (c’est pas faute d’avoir tenté d’arrêter de fumer). C’est donc avec l’impression d’être flouée que je le vois éteindre sa cigarette dans la seconde.
Une sudation à l’extrême
Une fois n’est pas coutume, ce n’est cette fois-ci pas seulement dans les fictions anglo-saxonnes qu’on a droit au torrent sous les aisselles des protagonistes pour des raisons diverses. Une partie de coït ? La sueur perle dans le dos. Une légère angoisse ? Des gouttes disgracieuses roulent le long du visage. Un petit footing matinal ? Des auréoles monstrueuses colorent les 2/3 du t-shirt du sportif.
Moi qui m’estime à la limite de l’hyperidrose, je ne peux souvent m’empêcher de m’étonner des litres de sueurs que peuvent produire certains personnages. Ce qui me fait m’interroger : soit ils boivent 7 litres d’eau par jour (auquel cas j’aimerais, en tant que spectatrice, qu’on me le précise), soit ils courent quotidiennement non pas 5km mais 55 (auquel cas j’aimerais savoir quel genre d’EPO ils prennent).
L’inversion sujet/verbe dans les questions
Quel est ce monde dans lequel les gens inversent le verbe et le sujet quand ils posent une question ? Certainement pas le mien. Probablement pas le vôtre non plus, si ça se trouve. Peut-être que je suis d’une vulgarité sans faille et que mes phrases interrogatives sont d’une trivialité sans borne, toujours est-il qu’à part quand je rencontre les parents de mes amis pour la première fois, je ne m’exprime pas de la sorte. Et pourtant, bien souvent, dans les fictions, quel que soit leur âge, les personnages interrogent leur interlocuteur de la façon suivante :
- Comment vas-tu ? (Je sais pas vous mais moi je dis « ça va ? »)
- Où vas-tu ? (Je sais pas vous mais moi je dis « Tu vas où ? »)
- Comment le sais-tu ? (Je sais pas vous mais moi je dis « boh comment tu l’sais ? »)
La vie n’est pas le titre d’un roman de Marc Lévy. Je n’inverse donc pas le sujet et le verbe dans mes questions. Est-ce bien clair ?
L’appellation familiale
Je me souviens avec émotion du jour où, pour faire comme dans les séries américaines, j’ai appelé mon grand-père « grand-père ». Dans la vraie vie, chaque famille décide d’appeler les membres de la tribu comme elle le souhaite : on peut dire « papy », ou « papie », ou « pépé », ou « grand-père », ou « bon papa ». Il en va des préférences de chacun. Mais dans les fictions américaines qu’il m’a été donné de voir, je n’ai qu’entendu des « grand-père », « grand-mère », « tante Julie » ou « oncle Maurice ». Ça fait classe, ok, mais ce n’est que peu représentatif de la population mondiale en plus d’être quelque peu archaïque. Et autant vous dire que si un jour j’ai un neveu ou une nièce et qu’il ou elle décide de m’appeler « tante Sophie », je prendrais un sacré coup de vieux dans la tronche.
À la limite, je préférerais peut-être même « l’autre vieille conne », tiens.
Et vous, quels sont les petits détails incohérents qui peuvent parfois vous décevoir dans un scénario de plus ou moins bonne qualité ?
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Alors oui c'est bien beau, les personnages ne mangent ni ne payent leurs bouffe au resto, ils se brossent les dents avec du dentifrice invisible qui ne se rince pas, ils ne font jamais pipi, encore moins popo.
Je ne vais pas revenir sur tous les points mais il en reste un dont on n'a pas parlé. Quelque chose qu'on n'observe pas dans la réalité et qui me perturbe depuis quelques années maintenant : le sekse dans les films.
On a la madame, on a le monsieur, on a la chambre-où-ya-bien-sur-pas-une-culotte-qui-traîne, on a l'épilation impeccable, la lingerie qu'il faut et la musique d'ambiance. Soit. C'est possible tout ça. Avec un minimum de préparation c'est jouable.
Ils font du crack boom hue, du tac tac, du hum hum, ils finissent dans un orgasme (souvent ensemble d'ailleurs) et.... -attention, c'est là qu'on a un problème -, le mec se retire, se cale sur le coté, reprend son souffle et vit sa vie de personnage de film comme si de rien n'était.
Elle est où la phase du "euh... bon attends t'as les mouchoirs pas loin ? ok alors vas-y bouge pas... *contorsion* tu gères ? On je sors". ELLE EST OU ????
Du coup je pense que les actrices ont des poches hermétiques dans le frifri.
Voilà. C'est tout.