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Cinéma

Malgré des mesures en faveur de la parité, le monde du cinéma toujours aussi sexiste

D’après la récente étude dirigée par le Lab Femmes de Cinéma, les femmes ne représentent que 20 % des cinéastes à l’échelle européenne en 2018. Un phénomène qui ne s’améliore pas, malgré des initiatives en faveur de la parité.

« Il faut compter les femmes pour que les femmes comptent ».

Cet adage cité par le think tank Lab Femmes de Cinéma résume assez bien la situation.

D’après une étude en partenariat avec le collectif 50/50 et le magazine ELLE, les femmes ne représentent que 20 % des cinéastes à l’échelle européenne en 2018. Encore et toujours des chiffres qui traduisent une inégalité.

Créé en 2017, Le Lab Femmes de Cinéma est un groupe de réflexion sur la place des réalisatrices dans le cinéma européen dont l’ambition est de faire « bouger les lignes ». En collaboration avec l’Observatoire Européen de l’Audiovisuel, le think tank continue « de suivre ainsi, année après année, si un véritable changement s’opère dans ce milieu

La place des femmes dans le cinéma n’évolue pas

L’étude menée sur 30 pays européens démontre que « la part de films réalisés par des femmes, de 2012 à 2018, varie d’un pays à l’autre, entre 9,91% et 30,35%. » Très loin de la parité, donc. Quant à la France, le chiffre stagne : entre 2012 et 2018, il y avait 24 % de films de réalisatrices.

Lors de la troisième édition des Assises pour l’égalité, la parité et la diversité dans le cinéma et l’audiovisuel organisé le collectif 50/50 au Théâtre de la Porte Saint-Martin le mercredi 25 novembre, la réalisatrice Agnès Jaoui a affirmé avec humour :

 « Pendant longtemps, j’étais très fière quand j’allais à l’étranger de dire qu’en France, nous avions 20 % de films réalisés par des femmes. Jusqu’à ce que je comprenne que 80 % de films faits par des hommes, ce n’était vraiment pas normal ! ».

 

A l’heure où les mouvements féministes et la cause des femmes sont plus présents dans le débat public, le cinéma européen se conjugue toujours au masculin. Pourtant, dès le départ elles sont présentes : 50% des diplômés des grandes écoles de cinéma sont des femmes. Fabienne Silvestre, cofondatrice de ce think tank confie à ELLE :

« Dans les écoles de cinéma, elles choisissent davantage la section « scénario » plutôt que celle de la « réalisation ».

Une des raisons qui explique cette situation est le manque de représentation. Difficile pour les filles de se projeter faute de modèle. Encore aujourd’hui, les réalisatrices restent encore trop absentes des festivals et des cérémonies de récompenses.

C’est le cas en France avec le festival de Cannes qui ressemble à un club masculin ultra select.  En effet, les chiffres sont sans appel : Jane Campion est la seule femme à avoir remporté une Palme d’Or en 1993. Et c’était ex-aequo… Avec un homme, Chen Kaige.

Dans un monde de domination masculine, leur parcours est semé d’embûches à partir du moment où elle quittent les bancs de l’école comme le souligne Geneviève Sellier, historienne du cinéma au micro de France Culture :

« Il y a même plus de femmes qui ont des formations dans l’audiovisuel. Le problème se pose à l’arrivée dans le monde professionnel : elles disparaissent parce qu’elles ne sont pas cooptées par les anciens, les anciens qui sont des hommes ».

Face à ce constat, associations et collectifs féministes tentent de briser le plafond de verre.

Des mesures concrètes pour plus d’égalité

Pour favoriser l’égalité femmes-hommes, plusieurs politiques ont été mises en place. Par exemple, à l’échelle européenne, cinq pays ont opté pour des quotas dans le domaine du cinéma : la Belgique, le Danemark, la Norvège, la Pologne et la Suisse.

En parallèle, des politiques d’encouragement « sous forme de programme de mentorat, de bonus, de barèmes où la composition genrée des équipes est prise en compte » sont mises en place comme en France. L’idée est d’être vigilant sur la constitution des équipes, sans adopter une politique de quotas.

En Janvier 2019, le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) a annoncé la création d’un bonus de 15% – calculé sur la base du soutien octroyé – si le film intègre « autant de femmes que d’hommes dans les postes d’encadrement de leur équipe de tournage. » En 2020, 46 films étaient éligibles soit 34% de l’ensemble des films et des genres.

Autre mesure pour lutter contre les inégalités : la création d’une charte des bonnes pratiques à destination des entreprises du cinéma et des festivals mais également l’obligation des statistiques de genre dans les dossiers d’agrément des films à savoir des demandes d’aides financières.

En 2020, 78 festivals ont signé la charte festivals à l’origine de cette mesure de parité au sein des jurys. Autre changement notable : la composition de l’Académie des César.

Trop masculine, elle se féminise à marche forcée après l’adoption d’une proposition de modification des statuts le mardi 10 novembre 2020.

La parité est désormais assurée au sein des 164 membres élus pour constituer l’assemblée générale de l’Association pour la promotion du cinéma. Une mesure bienvenue mais loin d’être suffisante tant les disparités restent fortes.

D’autant plus que lors de la dernière cérémonie, Céline Sciamma était la seule femme en lice sur  six nommés dans la catégorie meilleure réalisation pour son film Portrait de la jeune fille en feu. Un prix remis à Roman Polanski…

La nécessaire lutte d’une meilleure représentation

Cette inégalité criante porte préjudices aux femmes certes, mais aussi au septième art. En effet, un film demeure avant tout un moyen de raconter des histoires, de transmettre des expériences… A travers la vision du réalisateur. A ce propos, Fabienne Silvestre souligne dans les colonnes de ELLE :

« Cet écosystème inégalitaire a un impact sur leur représentation à l’écran, les rôles féminins étant souvent plus stéréotypés car, derrière la caméra, on perd la richesse de la multiplicité des regards ».

Pour sortir du point de vue masculin et parfois cliché des femmes, il faut regarder des films de réalisatrices. La parité dans le monde du cinéma est une nécessité, car elle propose un autre angle de vue.

Une position partagée par la réalisatrice Agnès Jaoui qui assure  « croire à l’influence immense des images ». 

Alors que le monde du cinéma traverse une nouvelle crise avec la pandémie et le fermeture des salles, espérons qu’en 2021 nous assisterons à un véritable changement.

À lire aussi : « H24 », la série féministe qui arrive bientôt sur Arte


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Les Commentaires

3
Avatar de grenouilleau
29 décembre 2020 à 20h12
grenouilleau
J'avais entendu un entretien avec elle où elle disait que d'abord un "ami" à elle a vendu un film nouvelle vague aux financiers du cinéma, ça leur avait plu, et ensuite ils lui ont demandé si il connaissait quelqu'un d'autres pour faire la même chose et il a proposé Agnès Varda (et dans mon souvenir c'était Demy, mais peut-être que je me trompe). En tout cas le fait qu'elle se soit maintenu dans ce monde c'est presque sûr que c'est parce qu'elle était "la femme de".
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Voir les 3 commentaires

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