« N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant », clamait Simone de Beauvoir. Et cela s’illustre beaucoup trop souvent, comme maintenant au Japon.
La pilule abortive, enfin légalisée pour fin 2022 au Japon
Le pays autorise les interruptions volontaires de grossesse depuis 1948, et la pilule contraceptive depuis 1999 (seulement 3 à 4% des Japonaises utilisent cette dernière, d’après des chiffres de 2014 du ministère de la Santé). La pilule abortive, elle, pourrait enfin être légalisée pour la fin de l’année 2022. Mais dans des conditions contraires aux droits reproductifs des femmes, s’alertent les féministes du pays.
Depuis 1948, la loi japonaise exige déjà le consentement du partenaire pour qu’une personne enceinte puisse accéder à un avortement chirurgical. Et cela serait également le cas pour l’accès à une IVG orale.
L’IVG orale, légale au Japon, seulement si le partenaire y consent, et à 725€ ?
Comme le rapporte le Guardian, Yasuhiro Hashimoto, haut responsable du ministère de la Santé, a ainsi expliqué lors d’une commission parlementaire au début du mois de mai :
« En principe, nous pensons que le consentement du conjoint est nécessaire, même si un avortement est provoqué par un médicament oral. »
Telle que la loi se présente actuellement, les femmes qui veulent accéder à cette technique d’avortement chimique en début de grossesse devraient donc présenter une preuve écrite de l’accord de leur partenaire afin d’obtenir l’ordonnance en question. Notons également que ça leur coûtera très cher : le coût d’une dose unique pourrait être d’environ 100.000¥, soit environ 725€. De quoi creuser encore plus les inégalités de genre et de classe au Japon.
C’est pourquoi des militantes féministes japonaises se mobilisent. Pour elles, l’échec du Japon à approuver un médicament qui est disponible depuis longtemps dans plus de 70 autres pays reflète la prédominance masculine au Parlement, ainsi que dans la communauté médicale. Et combien la santé des femmes les préoccupent peu.
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Crédit photo de Une : zgl19931111 @pixabay
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