À Tokyo, en 2018, l’université Juntendo a fait le pari de rendre plus difficiles pour les femmes les épreuves de sélection pour son école de médecine, afin de « réduire l’écart avec les étudiants de sexe masculin ». Les raisons d’une telle différence ? L’université a assuré que les femmes avaient des capacités de communication supérieure et seraient donc avantagées par rapport aux hommes lors des entretiens oraux.
L’école de médecine a été condamnée pour discrimination sexiste, le 19 mai dernier, et a été contrainte à verser aux 13 plaignantes une somme totale de 8 millions de yens, soit 59.000 euros, a confirmé une porte-parole du tribunal de première instance de Tokyo, comme l’a relayé Madame Figaro.
Toutefois, c’est une victoire en demi-teinte : d’après les avocats des plaignantes, l’indemnisation obtenue est sept fois inférieure à celle réclamée initialement, soit près de 400 000 euros, et ne tient pas compte de la tourmente émotionnelle que les femmes avaient subie.
Les 13 plaignantes avaient passé les examens d’entrées à l’université entre 2011 et 2018. Deux d’entre elles auraient réussi si les critères de réussite n’avaient pas été manipulés, a expliqué le tribunal. Ces jeunes femmes avaient décidé de poursuivre la fameuse école après qu’une enquête gouvernementale en 2018 avait dévoilé que la faculté de médecine manipulait les examens pour favoriser les candidats masculins.
Cela ne fait pas figure d’exception dans le système japonais
Cette condamnation relance un débat qui n’est pas sans précédent au cœur des établissements scolaires japonais. Quatre ans auparavant donc, le gouvernement nippon avait été contraint d’ouvrir une enquête lorsque l’université de médecine de Tokyo avait dû reconnaitre avoir falsifié les notes des candidates féminines. Quelles étaient les motivations cette fois-ci ? Que les étudiantes ne représentent que 30% des effectifs au total. Cette pratique aurait été mise en place depuis 2006 au moins.
Pour justifier cette discrimination sexiste, le comité de sélection de ladite université avait expliqué que les femmes, même si elles parvenaient à devenir médecins, abandonnaient souvent leur carrière pour se marier et avoir des enfants…
Cette actualité avait alors défrayé la chronique et le ministère de l’Éducation s’était penché sur les concours d’entrée de 81 écoles publiques et privées. Sans surprise : dans dix des établissements du panel, des procédures répréhensibles par la loi avait été dénichées, et quatre mettaient ouvertement en œuvre une discrimination contre les candidates. Plusieurs actions en justice avaient été lancées à la suite de la publication du rapport ministériel.
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Image en Une : © Stephanie Hau – Unsplash
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