Si vous vous êtes déjà promené•e sur la butte Montmartre, à Paris, vous avez peut-être croisé une statue en bronze à l’effigie de Dalida. Et il ne vous aura pas échappé que, contrairement au reste de la sculpture, sa poitrine est dorée. Cela n’a rien d’un effet de style ; c’est la trace des mains humaines qui se sont attardées sur les seins de la musicienne, provoquant ainsi leur décoloration.
Cela peut paraître anecdotique, mais il n’en est rien. C’est la trace visible de la manière dont on traite les corps féminins, c’est-à-dire, comme des objets de divertissement au service du désir masculin. Triste allégorie d’une société où les agressions sexuelles sont courantes, et où le consentement des femmes est trop souvent bafoué.
Une campagne de sensibilisation lancée en Allemagne
À Dublin, Berlin, Brême ou encore Munich, plusieurs statues de figures féminines ont connu le même sort. À tel point que des campagnes de sensibilisations ont été lancées en Irlande et en Allemagne pour inciter les passants à laisser les sculptures tranquilles.
Outre-Rhin, l’association Terre des femmes a ainsi déployé début avril une large campagne d’affichage, intitulée « Unsilence the violence » (« Lever l’omerta » en français). Derrière la statue de Juliette Capulet, à Munich, celle de La Jeunesse, à Brême, et La femme du Rhin à Berlin, de grands panneaux blancs ont été installés, sur lesquels se dévoile le slogan « Le harcèlement sexuel laisse des traces ».
Interrogée par BFMTV, Sina Tonk, cheffe de projet de l’ONG, explique que les traces d’usures visibles sur ces statues « illustrent concrètement ce que vivent les femmes au quotidien ». En Allemagne, ce sont 2 femmes sur 3 qui subiront des violences sexuelles au cours de leur vie, rappelle cette dernière.
Banaliser les violences sexuelles
Toucher les seins de ces statues revient à mimer une agression sexuelle. C’est aussi un geste qui banalise les violences sexuelles envers les femmes, érigeant ces agressions en source d’amusement. Les clichés de passants joyeux, posant fièrement avec une main sur la poitrine de ces sculptures sont monnaie courante sur les réseaux sociaux.
Pourtant, cette « plaisanterie » (qui ressemble davantage à de la misogynie décomplexée) n’a rien de léger ; elle légitime un système d’impunité où les hommes peuvent se permettre de disposer du corps des femmes et de l’utiliser à leur guise. D’autant plus, dans ce cas précis, qu’il s’agit d’une statue, qui, par essence, n’aura jamais son mot à dire, étant dans l’impossibilité de verbaliser un « non ». Voilà une allégorie tristement lourde de sens : elle démontre la silenciation à laquelle on contraint les femmes quand on fait fi de leur consentement.
L’association Terre de Femmes a d’ailleurs inclus un QR code sur ses affiches, qui renvoie à une vidéo où les statues concernées parlent et dénoncent ces attouchements non sollicités. Mais si elles avaient pu parler, auraient-elles été écoutées ? Rien n’est moins sûr.
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Par chance la statuette de fillette qui le défie n'avait aucun endroit touché/poli. Ça m'aurait rendue malade.