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"Crédit photo : Delia Giandeini / Photo prise pendant la grève féministe en Suisse en juin 2019."
Féminisme

8 mars : comment répondre à ceux qui disent qu’on n’a plus besoin du féminisme

À l’occasion de la journée internationale pour les droits des femmes, Clémence t’a concocté une liste d’arguments chiffrés à ressortir à ceux qui pensent qu’on n’a plus vraiment besoin du féminisme ou d’une journée de mobilisation le 8 mars.

« Non mais c’est bon, aujourd’hui l’égalité des droits est atteinte ».

« Oui, et puis, en France ça va pour les femmes, franchement. Regarde plutôt ce qui se passe en [insère ici le pays de ton choix] ».

« Je suis pour le féminisme et l’égalité, mais faut pas être trop extrême quoi ». 

« L’écriture inclusive, le harcèlement de rue, la précarité menstruelle… Pfff, au moins les féministes d’avant avaient des vrais combats ». 

Bon, je vais m’arrêter là, j’imagine que ça te rappelle quelque chose… Tu les as sûrement déjà croisés : ceux qui pensent qu’on a plus vraiment besoin du féminisme aujourd’hui — et donc, par extension d’une journée internationale pour les droits des femmes. Ou ceux qui critiquent sans arrêt la manière dont les militantes se mobilisent et leurs revendications.

(Et je ne te parle même pas de ceux qui réclament une journée pour les droits des hommes, alors que c’est déjà littéralement le cas TOUS LES AUTRES JOURS DE L’ANNÉE).

Stratégies de défense face à ceux qui pensent qu’on n’a plus besoin du féminisme

Face à ce type d’individus, tu peux adopter plusieurs stratégies…

La première consiste tout bonnement à les ignorer. Après tout, tu n’es pas payée pour éduquer Jean-Michel JaiUnAvisSurTout, et si ça l’amuse beaucoup de te voir essayer de le convaincre, tu as le droit de garder ton énergie pour des trucs plus utiles (genre, aller manifester le 8 mars).

La seconde stratégie peut fonctionner avec Jean-Michel JeParleSansRéfléchir. Si tu as le sentiment que ton interlocuteur recrache un discours qu’il a entendu, tu peux tenter de le mettre face à ses propres contradictions en lui posant des questions – et en respirant par le ventre. « Pourquoi penses-tu ça ? Qu’est-ce qui te fait dire ça ? Qui t’a raconté ça ? ».

Enfin, si tu te sens une âme de pédagogue ou que tu en as la motivation, l’envie et l’énergie, tu peux piocher dans la liste (non exhaustive) d’arguments chiffrés

qui suit pour expliquer pourquoi on a encore besoin du féminisme en 2020 en France (et ailleurs).

Le 8 mars, une journée encore indispensable

Par contre, je te préviens, j’ai rassemblé les statistiques les plus déprimantes qui existent sur le sujet. Donc, si tu te sens déjà un peu découragée en ce moment, je te propose de regarder avant ce GIF de chatons pour te remonter le moral.

Nota Bene : Je ne donne que des chiffres pour la France car ce sont ceux que je maîtrise le mieux, mais il va de soi que la situation des femmes dans certains pays du monde est encore plus compliquée, et que le 8 mars, en tant que journée internationale des droits des femmes, permet de se mobiliser pour elles aussi. 

On a encore besoin du féminisme parce que…

  • En 2019, 150 femmes ont été tuées par leur (ex)-compagnon, selon le décompte réalisé par le collectif Féminicides par compagnons ou ex. Un chiffre insupportable qui ne représente malheureusement que la partie émergée de l’iceberg des violences conjugales. En effet, on estime à 219.000 le nombre de femmes victimes de violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur (ancien) conjoint chaque année.
  • Dans le monde du travail, les femmes sont également confrontées à des violences, comme le harcèlement sexuel, mais elles doivent aussi faire face à de nombreuses discriminations. Non seulement elles sont moins représentées à la tête des entreprises, mais en plus, à poste égal, elles sont rémunérées en moyenne 10% de moins que les hommes selon les données du ministère du Travail. (Précisons aussi qu’il n’existe pas de statistiques sur le sujet en France, mais qu’aux États-Unis, il a été montré que les femmes non-blanches étaient encore plus pénalisées que les autres sur le plan du salaire).
  • Une fois rentrées chez elles, les inégalités se poursuivent, puisque les femmes assument encore en moyenne la majorité du travail domestique. En volume horaire, 72% des tâches ménagères sont effectuées par les femmes selon les dernières statistiques de l’Insee qui datent de 2010. Mais une récente étude européenne laisse penser que la situation a peu évolué en dix ans, puisque 73% des femmes vivant en couple hétérosexuel déclarent faire plus de choses à la maison que leur compagnon.
  • Ces dernières années ont vu monter l’émergence de la mobilisation contre les violences gynécologiques ou obstétricales, même si on manque encore de chiffres pour quantifier le phénomène faute d’enquête institutionnelle sur le sujet. Mais on sait déjà que 6% des femmes se déclarant insatisfaites du suivi de leur grossesse ou de leur accouchement (soit environ 50.000 femmes par an), selon un rapport du Haut Conseil à l’Égalité. Et que 50% des mères ayant eu une épisiotomie déplore un manque ou une absence totale d’information sur la raison pour laquelle celle-ci était pratiquée.
  • Dans l’espace public aussi les femmes doivent faire face à des violences verbales ou physiques. Huit Françaises sur dix ont déjà été confrontées à au moins une forme d’atteinte ou d’agression sexuelle dans la rue ou les transports en commun (sifflements, insultes, mains aux fesses, etc), selon une enquête Ifop de 2018.

J’arrête de dérouler ma liste d’arguments ici, mais je pourrais continuer encore longtemps à te détailler toutes les injustices, violences et inégalités que subissent les femmes.

Je ne sais pas toi, mais moi, ce n’est pas la société dans laquelle j’ai envie de vivre ou d’accueillir mes enfants, alors ce 8 mars, comme les suivants, je me mobiliserai pour les droits des femmes ! (Et le premier qui me propose des promos sur les roses, les rouges à lèvres ou les fers à repasser, je les lui fais manger).

Si tu as d’autres arguments pour répondre à ceux qui pensent qu’on n’a plus vraiment besoin du féminisme en France, tu peux aller les ajouter dans les commentaires…

Cet article est mon dernier sujet publié sur Rockie avant plusieurs mois pour cause de départ en congé maternité. Je laisse le magazine entre les bonnes mains de Manon, Virginie et Fabrice pendant que je serai en train de donner naissance à une graine de féministe. Retour prévu en fin d’été, à bientôt !

Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

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