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Comment j’ai compris que je valais quelque chose (et pourquoi ça m’a pris des années)

Mymy a mis des années à comprendre qu’elle valait quelque chose. Que ses émotions, envies et pensées avaient autant de valeur que celles des autres. Si vous êtes dans le même cas, voici son parcours et ses conseils.

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Publié initialement le 7 juillet 2015

Je ne sais pas pourquoi j’ai mis des années à comprendre que je valais quelque chose.

Ça ne vient pas vraiment de mon éducation, puisque mes parents ne m’ont pas appris que je ne valais rien ; ils m’ont appris à me soucier des autres, pas à les faire passer avant moi-même.

Ça ne vient pas de mon parcours puisqu’on m’a encouragée à faire « de grandes choses », des études supérieures, à passer mon permis (que j’ai raté mais c’est une autre histoire) ; puisque j’avais des ami•e•s, puisque j’ai eu un travail dès la fin de ma licence.

Ça ne vient même pas de mes petits amis puisque si certains ont été tout nuls, d’autres pensaient réellement que j’étais importante, que je devais m’écouter et me faire passer avant le reste, pour m’épanouir.

Valoir quelque chose : le pouvoir du « moi, je »

Quand je dis « valoir quelque chose » je ne parle pas de compétences ; j’ai toujours su que j’en avais, toujours été en avance à l’école, toujours été prompte à comprendre et à appliquer.

Je parle de ce moment où il faut savoir se dire « cette situation me va/ne me va pas, je devrais agir en conséquence ».

Ce moment où il faut décider de quitter une ville dans laquelle on étouffe, de changer de parcours car nos études ne nous conviennent pas, de se séparer de cette personne avec laquelle on reste par habitude, étiolant chaque jour la réserve d’oxygène qu’il nous reste.

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Ce moment où on se sent légitime en disant « moi je veux ça », et en agissant pour l’obtenir.

À lire aussi : J’ai testé pour vous… le syndrome de l’imposteur

Valoir quelque chose : mieux vaut échouer que ne pas essayer

Je l’ai appris sur le tard et un peu à la dure : mieux avoir des remords que des regrets. Mieux vaut avoir échoué en ayant essayé que de se morfondre en n’ayant jamais la certitude que cette inaction vaut la douleur qu’elle engendre.

J’ai perdu des mois, dans des couples qui ne m’allaient plus, j’ai procrastiné pendant des semaines entières mes révisions avant de m’avouer que mes études ne me plaisaient plus, j’ai longé les murs d’une ville grisâtre pendant une année avant de me rendre compte que c’était une prison, pas mon foyer.

Personne ne m’a jamais dit « prends sur toi, ce que je veux compte davantage », pourtant. Certain•e•s me l’ont fait sentir, car dans la vie on ne rencontre pas que des belles personnes, mais davantage encore m’ont dit le contraire.

Mais au fond de moi, je ne me sentais pas importante.

Mes petites émotions, mes peurs et mes doutes, mes envies et mes rêves me semblaient bien pâlots dès lors qu’ils ralentissaient un tant soit peu ou ne s’alignaient pas parfaitement avec ceux de mon copain, de mes ami•e•s, de mes parents parfois.

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Une passerelle immobile vers une vie meilleure (pour les autres)

Pour des gens qui jamais n’ont exigé une telle chose de moi, je mettais ma vie en pause, je me pliais en quatre (voire en douze), parce que ce qui se déroulait dans ma tête et dans mon coeur me semblait insignifiant face aux sentiments des autres, forcément primordiaux.

J’étais devenue sans m’en rendre compte une Manic Pixie Dream Girl puissance douze.

Cet archétype de personnage féminin à la personnalité pétulante, mais de façade, n’a pas d’avancée dans le scénario, n’a ni passé ni futur : elle n’existe que pour faire avancer un autre personnage — généralement un mec, généralement son mec — d’un point A à un point B.

C’est cette jeune fille un peu atypique qui va rappeler à notre héros déprimé que la vie vaut la peine d’être vécue. C’est cette étudiante trop énergique qui aidera notre héros prof à se souvenir pourquoi il fait son métier.

J’étais devenue cette passerelle bien huilée sur laquelle bien des gens glissaient vers un autre stade de leur vie, pendant que je restais là, solidement amarrée dans mon statu quo, prenant dans la gueule les intempéries, le poids des autres et l’usure des années.

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Je reste ici, vous n’êtes que de passage

Je m’en suis rendue compte vers mes 20 ans, sans pouvoir encore mettre le doigt sur le phénomène, mais en le formulant, au moins, à haute voix.

Je me souviens avoir dit à mon nouveau mec de l’époque (un des plus zozos, mais je ne le savais pas encore, ou plutôt je ne le voyais pas encore) :

« Je ne sais pas trop pourquoi, mais pour les hommes, je suis de passage ; j’ai l’impression que quand on est en couple, ils avancent vers une autre étape de leur parcours, et ensuite je ne leur sers plus à rien. »

« Mais non, tu n’es pas juste de passage », m’a-t-il juré, avant de se rendre compte qu’en fait, il devait retrouver l’amour de sa vie et emménager avec elle.

Qui peut le blâmer ? Je l’avais aidé à le réaliser.

Comme j’ai aidé celui d’avant à percuter qu’en fait, ce qui lui allait pour le moment, c’était d’être avec un homme. Ou celui d’avant à se rendre compte que eh, le sexe c’est vachement chouette, pas de quoi en avoir honte. Avant qu’on ne se sépare : ma mission était finie.

Et caetera, et caetera : des années passées à tenir la porte, pour changer de métaphore, sans jamais la franchir.

Valoir quelque chose : la première bouffée d’oxygène…

J’ai fini mes études. J’ai dû faire un choix qui pesait lourd.

Tout plaquer pour un stage de trois mois à l’autre bout de la France, avec « possibilité d’embauche », ou rester dans mon petit cocon Licence-Master-Doctorat, dans ma chouette coloc, dans ma fac dont je connais les moindres recoins sauf cette foutue salle que je ne retrouve jamais dans le bâtiment L.

J’ai choisi l’enthousiasme et l’inconnu, pour la première fois. J’ai mis ma vie dans une valise et je suis partie.

Ça n’a pas suffi, bien sûr. J’étais toujours avec zozo-en-chef, qui était déjà bien bien bien relou — mais ça je ne voulais toujours pas le voir.

J’étais toujours roulée en boule dans ma coquille, regardant les autres gens saisir la vie à bras-le-corps avec un sourire sincère mais un peu triste sur mon visage.

Petit à petit j’ai grandi. J’ai appris à m’écouter. À me parler, et à m’exprimer.

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Valoir quelque chose : vous (res)sentez, donc vous êtes

— Non, on ne va pas faire ça. — Il faut que je te parle. — Soit on trouve une solution, soit on arrête. — C’est ça qui me convient, je suis désolée si tu ne le comprends pas, mais c’est ce qu’il me faut. — Laisse-moi faire et peut-être me tromper. — Ne me dis pas ce que je dois faire.

J’ai mis 21 ans à apprendre ces phrases, à oser les formuler dans ma tête et les prononcer. J’avais peur de braquer, de vexer, de sembler hautaine ou insensible aux autres.

Si vous vous reconnaissez là-dedans je vais vous dire un secret.

Tout le monde a des envies, des rêves, des préférences, des choix et des émotions. En avoir aussi ne fait pas de vous une personne glaciale et égocentrique, mais une personne humaine, globalement. Les exprimer ne vous fera pas de mal.

Agir en conséquence ne vous fera pas perdre les gens qui tiennent sincèrement à vous. Tout le monde peut se reconnaître dans quelqu’un qui dit « voici ce que je veux » puisque tout le monde a déjà voulu quelque chose.

Valoir quelque chose : votre entourage est-il un moteur ou un poids ?

Méfiez-vous des gens jamais d’accord avec vous sur vos propres envies. Méfiez-vous de ceux et celles qui semblent toujours dire « non », ou « mais ».

Méfiez-vous des personnes qui insistent toujours pour que vous changiez d’avis, de parcours, pour que vous ralentissiez, qui vous assurent qu’elles savent mieux que vous ce qu’il vous faut.

Écoutez-vous. Écoutez vos souvenirs, vos rêves, vos peines, vos tripes. Votre instinct n’est pas là par hasard.

Les gens qui vous contredisent ne le font pas toujours par malice et ont probablement, en surface, de bonnes raisons de le faire… mais en réalité, aimer quelqu’un, n’est-ce pas aussi le laisser essayer, quitte à ce qu’il se plante ?

N’est-ce pas lui retirer les petites roues et lui tendre un sparadrap s’il se prend une gamelle ?

En essayant de vous retenir, est-ce votre bien-être que ces personnes ont à cœur, ou la place que vous tenez dans LEUR vie ?

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Ces questions ne sont pas simples. Il n’est pas toujours agréable de se les poser. Mais comme j’ai appris que je valais quelque chose, je veux vous dire que vous aussi.

Chaque personne qui lit ça, et toutes les autres aussi, vaut quelque chose. Vaut de vivre sa vie comme elle l’entend.

Entendre les conseils et les remarques, c’est important… mais il ne faut pas laisser tout ce bruit étouffer la rythmique bien rodée, bien affirmée de son propre soi.

Valoir quelque chose : camarades de tous les pays, affirmons-nous !

Alors venez, demain on ose dire « non ». Ou « et si ». Ou « il faut que je te parle de quelque chose ». Ou « ça ne me convient plus ». Ou même « oui », selon votre situation !

Demain, on se fait passer en premier. Et le jour d’après aussi. On continue à écouter le monde bruire, mais on ne se laisse pas réduire au silence. Ok, mes petits bernard-l’hermite ?

Parce que promis, la vie en-dehors de la coquille, je vous jure qu’elle vaut pas mal le coup. Et que je préfèrerais toujours la douleur d’une chute bien vénère à la langueur des journées passées à vivre pour les autres.

À lire aussi : L’ambition et moi : histoire d’une révélation

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Les Commentaires

41
Avatar de Nathbouv
3 avril 2018 à 16h04
Nathbouv
En allemand, pour dire bon courage on dit "Kopf hoch" -> littéralement "tête haute" C'est ce qui m'est venu à l'esprit en te lisant aujourd'hui.
Allez, lève la tête et fais ce qui te plait, on n'a qu'une vie !
A+
1
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