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Sexo

Je suis une femme paraplégique, voilà comment j’ai apprivoisé ma sexualité

Cette madmoiZelle n’a pas de sensations au-dessous de la ceinture. Avec de la patience et de la communication, elle a réussi à mieux comprendre son corps, sa sexualité et son plaisir.

Le 3 décembre, c’est la journée mondiale des personnes handicapées.

L’occasion de lire ou relire ce témoignage touchant.

Publié le 25 mars 2019

J’ai 22 ans, je suis maquilleuse, sportive de haut niveau, et… je suis en fauteuil.

Mon handicap, mon corps, mes sensations

Je suis née sans pouvoir ni bouger ni sentir mes jambes.

Je n’ai aucune sensation à cause d’une malformation de la colonne à partir du bassin et je souffre d’une scoliose grave.

La faute à pas de chance, les raisons de mon handicap restent inconnues.

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La sexualité et le handicap, sujet inexistant

Malgré mes nombreux rendez-vous avec des médecins et des chirurgiens durant mon enfance et mon adolescence, aucun d’entre eux ne m’a jamais parlé de ma sexualité et de ma fertilité.

J’ai appris à 19 ans, en demandant des examens plus poussés, que je souffrais aussi que du syndrome de Rokitanski qui se traduit par le fait de ne pas avoir d’utérus.

J’ai eu beaucoup de doutes, de peurs par rapport à ma future vie sexuelle…

J’ai fait de nombreuses recherches sur la sexualité et le handicap sur Internet, dans les livres et les informations ont été très compliquées à trouver.

Sexe et handicap, un tabou encore aujourd’hui

C’est malheureusement un sujet tabou pour beaucoup.

On pense que les personnes handicapées n’ont pas de vie sexuelle, ce qui est faux ! Mais pour certains et certaines, cette réalité reste compliquée à envisager.

J’ai apprivoisé ma sexualité avec mon premier copain à l’âge de 18 ans. Je suis restée deux ans avec lui et cela m’a beaucoup appris.

Il m’a d’abord fallu accepter que je n’étais pas comme les autres femmes, que je ne jouirai pas par pénétration

 (pratique peu convaincante et qui reste encore compliquée à vivre pour moi), ni cunnilingus car je n’ai aucune sensation avec des caresses.

J’ai essayé de faire l’amour plein de fois par jour, car je pensais que peut-être j’aurais plus de chance de jouir, mais je ne faisais que me fatiguer physiquement…

Puis j’ai testé l’abstinence plusieurs jours mais ça n’a pas aidé non plus.

J’avais ce besoin d’essayer sans cesse, et, à force, la frustration m’a détruite mentalement.

Découvrir mon corps, ma sexualité

La communication avec mon copain m’a permis de mieux comprendre mes sensations et le fonctionnement de mon plaisir.

Je ressentais plus fortement et intensément certains endroits du haut du corps, des zones érogènes qui deviennent des zones orgasmiques si mon partenaire fait très attention et prend tout son temps juste pour moi.

Après une opération du dos très compliquée qui nous a séparés, je n’étais plus la même. Personne n’arrivait à comprendre ma souffrance ni mes peurs.

Après ça, j’ai dû me ré-approprier mon corps, mes sensations, mes insensibilités et tous les problèmes qui en découlent.

La course à l’orgasme VS mon handicap

J’ai aimé d’autres garçons.

Des gentils, puis un pervers narcissique qui a détruit mon estime de moi et ma sexualité, à force de me rabaisser et de me forcer à faire des choses qui ne m’excitaient pas.

J’ai réussi à en sortir seule, et depuis je suis en couple avec un homme charmant. Nous discutons de nos sexualités, même si cela reste compliqué à comprendre pour lui et moi.

Il doit apprendre une nouvelle manière de fonctionner, et je ne lui en veux pas, cela nous laisse le temps de nous apprivoiser et d’évoluer avec le temps et les discussions.

J’ai compris que ma vie sexuelle serait semée d’embûches, compliquée à comprendre, mais je reste positive.

J’ai arrêté de m’épuiser à essayer de jouir. Pour la société, une femme épanouie jouit forcément et malheureusement, ce n’est pas mon cas.

Alors je relativise l’importance de ma vie sexuelle, je privilégie les câlins, la discussion et ma relation de couple avec mon conjoint qui lui n’a pas une libido très importante et le vit très bien.

Avec le temps, ça m’a aidée à beaucoup moins m’en vouloir de ne pas avoir envie d’essayer chaque jour !

Lever les tabous sur le sexe et le handicap

Aujourd’hui, je sors, je séduis, je passe mes nuits en bonne compagnie sans que mon handicap n’interfère avec ma vie — à condition que les gens eux-mêmes passent au dessus du handicap.

Je reste une jeune fille positive, combative et je suis autonome à 100%.

Je voudrais lever ce tabou pour les gens, en parler et pouvoir moi-même m’informer car c’est la clé d’une sexualité épanouie que je pense mériter autant que n’importe quelle autre femme.

Différentes façons de faire l’amour existent, j’ai le temps et l’envie d’apprendre et je ne baisserai pas les bras.

Mes sensations physiques n’évolueront jamais mais elles peuvent être explorées de mille façons !

Illustration © Badass Blue

À lire aussi : Comment j’ai apprivoisé ma sexualité avec mon copain handicapé

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Les Commentaires

3
Avatar de Margay
14 avril 2019 à 01h04
Margay
Wouah, je suis passée totalement à côté de cet article, alors que c'est un super témoignage
3
Voir les 3 commentaires

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