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Cinéma

Seule la Terre, un film superbe entre désir et sensualité sur fond de paysages désolés

Kalindi a aimé avec passion Seule la Terre, le premier film d’un réalisateur sensible, qui place l’amour au centre de toute chose. Une oeuvre furieusement délicate à découvrir le 6 décembre au cinéma.

Cet article a été rédigé dans le cadre d’un partenariat avec Pyramide Distribution. Conformément à notre Manifeste, on y a écrit ce qu’on voulait.

Il y a quelques semaines, je découvrais ébahie les premières images de Seule la Terre, dans une bande-annonce qui résonnait comme la promesse d’un très beau moment de cinéma.

Si j’imaginais le film être d’une très belle facture, j’étais loin de m’imaginer que j’allais me prendre une véritable claque, douloureux mais nécessaire rappel que l’art peut marquer au fer rouge.

Seule la Terre, de quoi ça parle ?

Le quotidien de Johnny est rythmé par un dur labeur. Du matin au soir il ne fait que travailler, sous le regard très exigeant, voire impitoyable de son père vieillissant.

Le soir, Johnny noie son ennui et son chagrin dans d’innombrables pintes de bière, jusqu’à en être malade. Il couche avec des hommes dans les toilettes de bars, ou lors d’une foire.

Bref, Johnny traîne son malheur partout et tout le temps, résigné qu’il est de ne jamais avoir une vie meilleure.

Mais un beau jour, un saisonnier roumain arrive sur la ferme familiale afin de donner un coup de main pour accoucher les brebis.

Johnny commence par le considérer comme une bête curieuse, avant d’envisager une intimité brutale avec lui…

Seule la Terre, l’expression du désir brumeux

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Situés dans le Yorkshire, les paysages désolés de Seule la Terre sont le berceau d’un amour brûlant.

Johnny et Gheorghe doivent apprendre à se comprendre, à s’apprivoiser et à se toucher, dans un environnement qui semble pourtant hostile à leur amour.

Au début réticents à l’idée de passer leurs journées ensemble, les deux hommes finissent lentement par s’avouer, grâce à des attitudes, leurs désirs respectifs.

Dépassant leur timidité, ils pénètrent la sphère de l’intime. Parfois avec brutalité, souvent avec délicatesse.

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Seule la Terre est un film initiatique. Une sorte de « première éducation sentimentale » à la manière de celle écrite par Flaubert.

L’éducation non pas à la sexualité, car les deux hommes sont gay et l’assument, mais à l’amour, le vrai, que l’on imagine peupler nos vies pour toujours.

À l’instar d’autres grands films comme Les Initiés ou Moonlight, Seule la Terre esquisse les contours d’une masculinité différente. Passionnant !

Seule la Terre, le premier film d’un futur grand cinéaste

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Étonnamment, ce long-métrage est le premier de Francis Lee, un amoureux du cinéma à la barbe fournie de hipster devant l’éternel.

Un homme né à Soyland dans le Yorkshire, le territoire dans lequel il a choisi d’ancrer son beau récit.

Rien ne laisse supposer, au visionnage, qu’il s’agit de son coup d’essai ! Sûre d’elle, la caméra de Francis Lee s’immisce avec précision dans l’intimité des amoureux, saisissant toujours les regards et les étreintes avec justesse.

Cette caméra crue, le réalisateur semble l’avoir maniée toute sa vie.

Seule la Terre surprend et donne une belle leçon de cinéma : même une première fois peut être un succès.

La preuve, God’s Own Country (de son titre original) a remporté le prix de la mise en scène au prestigieux festival de Sundance, ainsi que le Hitchcock d’or au Festival du film britannique de Dinard 2017 !

Seule la Terre, un casting parfait

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Porté par deux jeunes hommes à la beauté époustouflante, Josh O’Connor et Alec Secareanu, Seule la Terre fait la part belle aux nouveaux talents.

Déjà aperçu dans Florence Foster Jenkins (adaptation du film français Marguerite), ainsi que dans Hide and Seek et Peaky Blinders, Josh O’Connor tient ici son plus beau rôle de « freak » comme aime à l’appeler Gheorghe.

Alec Secareanu, quant à lui, ne s’était illustré que dans The Saint en 2013.

Bref, Seule la Terre met sur le devant de la scène des héros atypiques, qui apportent un peu de vie et de fureur aux montagnes silencieuses.

Les coups de coeur que j’ai au cinéma sont très rares. Mais le premier film de Francis Lee s’inscrit sans aucun doute dans la courte liste des plus beaux films de l’année.

Ode à l’esthétique, à la langueur, et au désir, Seule la Terre place l’amour au centre de toute chose et même dans mon ventre de spectatrice, transie au sortir de cette oeuvre inoubliable.

Seule la Terre vous attendra au cinéma le 6 décembre 2017. 

À lire aussi : La Belle et la Meute, le thriller féministe indispensable sort aujourd’hui en salles (critique + ITW) !


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Les Commentaires

12
Avatar de Algebra
8 décembre 2017 à 11h12
Algebra
Je suis allée le voir également hier et je confirme, c'était un très beau film. Il a une fausse simplicité qui fait un peu peur au premier abord (notamment dans les dialogues, mais on s'en doute dès la bande annonce), mais au final les émotions, les sensations, transpercent vraiment l'écran, c'est assez poignant. Bref, on voit que j'ai beaucoup aimé ahah
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Voir les 12 commentaires

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