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Interview d’Elsa, militante au NPA

Jusqu’au premier tour de la Présidentielle, nous allons rencontrer des jeunes militantes engagées auprès d’un parti politique dans la course à l’Elysée. Aujourd’hui, c’est au tour d’Elsa, militante pour le NPA.

Le NPA et Philippe Poutou

Créé en 2009, le Nouveau Parti Anticapitaliste est un parti d’extrême-gauche dont le candidat à la Présidentielle est Philippe Poutou. Il a vu le jour à travers un processus de fondation lancé par la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR) suite à l’élection de 2007, ce qui signifie que des milliers de militants et de sympathisants du parti ont participé à sa création.

Comme son nom l’indique, le NPA est un parti anticapitaliste qui prône également le renversement de l’État, considéré comme un obstacle aux transformations sociales qui permettraient aux citoyens de mieux vivre. Encourageant les luttes sociales, le NPA se revendique également comme un parti féministe et écologiste.

Pour en savoir plus :

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Interview d’Elsa

Elsa a 24 ans, elle étudie la sociologie du genre et elle est en master. Elle a rejoint la LCR en 2007-2008 après s’être intéressée au parti lors de l’élection présidentielle qui a vu la victoire de Nicolas Sarkozy il y a 5 ans.

Qu’est-ce qui t’a motivée à t’engager politiquement et pourquoi avoir choisi le NPA ?

Je ne viens pas du tout d’un milieu politisé. Quand j’étais plus jeune, j’étais pleine de contradictions, résignée, je me disais qu’on ne pouvait rien faire, que c’était comme ça et puis c’est tout. En fait, c’est pendant les élections de 2007 que je me suis dit qu’il fallait que je m’intéresse à la politique de près, ne serait-ce que pour accomplir le devoir de citoyen qu’est le vote. Je voulais pas voter bêtement alors je me suis penchée sur les programmes, je suis allée à des meetings… Je ne savais pas grand chose mais je me sentais à gauche. Par hasard, je suis tombée sur une affiche pour un meeting de la LCR avec Besancenot. Je suis allée le voir, et là, le choc : j’ai été complètement convaincue, à la fois parce qu’il avait la rage mais aussi parce qu’il expliquait clairement les choses. C’est à ce moment que j’ai décidé de voter pour lui. Plus tard, lors de ma deuxième année de fac, il y a eu le mouvement anti-LRU (Loi relative aux libertés et Responsabilités des Universités) dans lequel je me suis beaucoup investie. Parmi les militants, il y avait des membres des Jeunesses Communistes Révolutionnaires qui ont su me convaincre et tout s’est enchaîné. Plus tard il y a eu un appel pour un nouveau parti anticapitaliste et on m’a demandé si je voulais participer aux comités de création de ce nouveau parti. C’est là que je me suis réellement engagée.

Ton engouement est venu au moment où le leader était encore Olivier Besancenot. Est-ce que tu n’es pas déçue depuis que Philippe Poutou a pris la relève ?

Non. C’est clair que « Beuz' » avait une façon de parler qui donnait la rage et il savait vraiment bien s’exprimer, mais en même temps, quand il a commencé, puisqu’il ne vient pas d’un milieu où on connaît les codes de la communication, il n’était pas au top non plus. Pour Poutou, c’est pareil ; il ne sait pas toujours argumenter quand on lui pose une question, mais ce n’est pas l’essentiel pour nous : ce sont les idées qu’on arrive à faire passer qui comptent. Poutou, c’est quand même le premier ouvrier à se présenter. Ce qui était important aussi pour nous, c’est qu’il a mené une lutte dans son entreprise et qu’il l’a gagnée (NDLR : il s’est mobilisé au sein de son entreprise qui menaçait 10000 emplois induits). C’est primordial dans le sens où les gens ont tendance à dire « les luttes, y en a plus, c’est fini« . Avec Poutou, la preuve est que non : il s’est battu avec ses collègues, et il a gagné. Il est la preuve qu’il est toujours possible de se défendre. En plus, ce discours anti-lutte est confronté à un autre contre-argument : la dernière révolution ne date pas de 1917, il y a eu les révolutions arabes l’année dernière. Jamais on se serait dit, il y a un an, que Ben Ali allait se faire virer par la masse des travailleurs ». Pourtant c’est arrivé. L’important, c’est de pouvoir se représenter soit-même.

Revenons-en au candidat : est-ce que tu l’as trouvé bon le 11 avril dernier dans Des Paroles et Des Actes ?

Je l’ai trouvé bon. Je pense que c’est sa meilleure interview, avec une autre sur Dimanche+. Nous, on en a eu des bons retours ; quand on distribuait des tracts, ou dans les meetings, des gens venaient nous dire qu’ils avaient apprécié Poutou dans l’émission.

Ce qui m’amène à la question suivante : est-ce que son attitude très décontractée n’est pas stratégique ?

En même temps, la Présidentielle, c’est une grande bouffonnerie, un peu comme dans une pièce de théâtre où chacun prend un ton solennel, se déclare candidat du peuple et se présente en grand sauveur. Nous, on en rit, et on passe un peu pour les bouffons de service. Je pense que Poutou refuse avant tout de rentrer dans ce jeu médiatique : il souhaite défendre nos idées et prouver qu’une nouvelle façon de faire est possible en dehors du discours « Votez pour nous tous les 5 ans et on fera des trucs après« . Cependant, on a besoin des médias, aussi. Le 11 avril, il avait Pujadas, Lenglet, Saint-Cricq et Namias en face qui faisaient les mecs sympas, en mode « on rigole avec toi mais on t’explose quand même ». Du coup, je pense qu’il n’a pas voulu passer pour un candidat sectaire et agressif et s’il a une manière peut-être maladroite de dire les choses, il réussit finalement à faire passer notre messag. Il faut préciser aussi que pour lui, pour nous, la politique n’est pas une carrière. Ce n’est pas sain de faire de la politique son métier, je trouve. Ça déconnecte.

Pour revenir au NPA, est-ce que tu pourrais résumer les grandes valeurs défendues par le parti ?

[rightquote]Le capitalisme n’est vraiment pas un système qui répond à nos besoins, au contraire.[/rightquote] L’anticapitalisme : le capitalisme n’est vraiment pas un système qui répond à nos besoins, au contraire. Il ne répond qu’à ceux d’une minorité qui fait du profit sur notre dos, en nous exploitant. On veut rompre avec cet état de faits, et avoir un système économique basé sur les besoins de la société, qui ne détruise pas notre environnement.

Le pendant, c’est bien évidemment l’anti-impéralisme. Les crises sont inscrites dans les gènes du capitalisme ; pour les faire taire, rien de mieux que les guerres. On est contre toute intervention militaire dans les pays en crise et contre toute ingérence. Par exemple, l’intervention en Libye, on ne cautionne pas : ça ne répondait pas à l’intérêt des Libyens, mais à celui des capitalistes eux-mêmes et des puissances impérialistes. La France est allée les « aider », et maintenant qu’elle a son pétrole, que la charia y soit appliquée ou non, ce n’est plus un problème. Nous sommes pour l’autodétermination des peuples, il faut qu’ils aient le droit de disposer d’eux-mêmes. C’est fondamental.

Il y a aussi bien sûr la lutte féministe. L’idée d’un combat féministe indépendant de l’État est primordial pour l’égalité entre tous et le droit de disposer de son corps. La question de l’immigration est très importante aussi : nous sommes pour la régularisation des sans-papiers, contre la stigmatisation des immigrés.

Enfin, l’écologie : nous sommes pour la sortie du nucléaire en 10 ans et nous sommes actuellement les seuls à le dire en politique. C’est véritablement une urgence. De nombreux scientifiques travaillent dans un réseau qui s’appelle Sortir du nucléaire, dans lequel on est investis, et ils ont justement prouvé que c’était possible. Pour nous, la sortie du nucléaire ne peut pas se faire sans sortir du capitalisme.

Quelle est la mesure du NPA qui te parle le plus ?

Dans le contexte actuel c’est l’annulation de la dette, c’est clair. C’est en plein dans l’actualité politique, mais il n’y a que Lutte Ouvrière et nous qui le disons. Ça et l’expropriation des banques, parce que quand tu veux annuler la dette, puisque l’État emprunte aux banques, ces dernières bloqueraient le processus. Et puis elles font n’importe quoi ! Nous pensons que c’est un non-sens qu’elles soient privées.

L’interdiction des licenciements est également une mesure fondamentale. Pour faire encore plus de profit, les capitalistes licencient. En interdisant les licenciements, il faudra penser au « travailler moins, pour travailler tou(te)s ».

Ce sont les mesures sociales qui me parlent le plus, mais il y a aussi nos combats pour les droits des LGBT (lesbiennes, gays, bi, trans), le féminisme, l’écologie…

Entre interdiction des licenciements, hausse des salaires et revenu d’autonomie pour les jeunes, le NPA défend un programme où tout paraît possible. Que répondrais-tu à ceux qui estiment que le ce parti est franchement utopiste ?

On nous le dit souvent ! Mais il faut dire aussi que dans les médias, par exemple, personne ne nous appelle jamais pour nous demander comment les mesures que l’on propose pourraient voir le jour (au niveau de la mise en pratique et du financement). Nous, ce qu’on dit, c’est qu’il faut déjà sortir du système capitaliste. Quand tu as toujours vécu dans ce système, tu as peut-être tendance à penser « C’est impossible, ça a toujours été comme ça ». Mais il ne faut pas oublier que le système capitaliste est très récent. Alors attention, avant, c’était pas mieux ! Aucun système ne s’est calqué sur les besoins de la population. Il faut penser que ceux qui produisent les richesses, ce sont les travailleurs, et qu’ils produisent énormément, assez et même plus que ce qu’il faut pour nourrir tout le monde. J’aimerais dire que le problème ne vient pas d’un manque de moyens, il est dans la répartition des richesses. Il y a une minorité qui se goinfre sur une majorité, celle-là même qui produit les richesses. En fait, ce qu’on dit, c’est qu’il y a de l’argent et qu’il suffit de le prendre là où il est. [rightquote]Ce qu’on dit, c’est qu’il y a de l’argent et qu’il suffit de le prendre là où il est.[/rightquote] Il est généralement dans les banques et dans les caisses du patronat, avec le consentement du gouvernement, qu’il soit de droite ou de gauche. Il n’y a qu’à voir les cadeaux fiscaux ou les subventions publiques données à des entreprises privées, sans oublier le renflouement des banques en 2008, qui revenait à privatiser les richesses et socialiser les pertes. Ce système marche complètement sur la tête et c’est utopiste de penser qu’on pourra continuer comme ça : les Trente Glorieuses, c’est fini. Maintenant les crises sont de plus en plus rapprochées, tout simplement parce qu’elles font partie du capitalisme. C’est un système qui se mord la queue parce que chaque capitaliste veut faire toujours plus de profit, et pour faire ça il faut baisser les salaires, licencier… Ce n’est pas du tout utopiste ; nous, au NPA, sommes partisans de la lutte. Des luttes il y en a eu, et il y en aura ! Par contre, que les combats et les révolutions soient victorieux, ça dépend de nous. C’est pour ça qu’il faut s’organiser politiquement pour que nos luttes ne soient pas massacrées par la classe dominante, qui ne se laisse pas faire. Les révolutions n’ont jamais été violentes, ce sont les contre-révolutions qui le sont. C’est le capitalisme qui est violent, qui tue et qui affame des peuples.

Un dernier mot pour nos lectrices ?

Il faut qu’on ait conscience de l’importance, de la nécessité de lutter pour nos droits. Quand on regarde en arrière, les congés payés, le droit à l’avortement, la Sécu… sont issus de combats, de manifestations, de résistances. On n’a jamais gagné aucun droit par les urnes. On a dû tout arracher par les luttes, parce qu’on ne nous a rien donné. C’est important de le rappeler, parce que si on veut obtenir des droits et qu’ils ne soient pas remis en cause, il faut lutter. Rien que pour l’avortement : il y a en ce moment des centres IVG qui sont en train de fermer parce qu’il faut faire des économies sur les hôpitaux, et ce qui n’est pas rentable, hop, on supprime. Il y a eu des batailles, notamment dans le 20ème, à l’hôpital Tenon, et on a réussi à maintenir le centre IVG. Il est actuellement menacé par des catholiques intégristes qui s’installent régulièrement devant ses portes pour faire pression sur les personnes qui y entrent. Du coup, nous y allons avec des organisations politiques comme le Front de Gauche ou des organisations libertaires pour les déloger. Cet exemple prouve l’importance de la lutte et de la persévérance.

Pour finir, je rappellerai notre slogan aux lectrices : « Aux capitalistes de payer leurs crises« .

Merci à Elsa !


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Les Commentaires

23
Avatar de Clemence Bodoc
22 avril 2012 à 00h04
Clemence Bodoc
Sortie du nucléaire en 10 ans et interdiction des licenciements?
Mais comment on va virer les salariés d'AREVA?


Oh non mais c'est taquin ça...
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Voir les 23 commentaires

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