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Féminisme

L’empouvoirement, le mot français pour « empowerment » !

L’empouvoirement, c’est quoi ? Une traduction française de l’empowerment, tout un concept mêlant acceptation de soi, confiance, estime, ambition et pouvoir.

Le 6 juin 2016

« Empowerment », c’est un mot anglais dont je n’ai pas trouvé de traduction française satisfaisante.

En général, je le traduis différemment en fonction du contexte — « capacitation », « responsabilisation »… mais aucun de ces choix ne transmet selon moi l’entièreté du concept « empowerment ».

Alors quand le contexte, c’est le monde dans lequel je vis, et que le sujet c’est moi, il me manque tout de même un mot qui rassemble toutes les significations de ce concept d’empowerment.

Empouvoirement, la traduction d’empowerment

Désormais, chez madmoiZelle, on dira « empouvoirement ».

Sa construction est la même qu’en anglais : « pouvoir » en radical, aux sens de puissance ET de capacité, et en préfixe, l’idée d’un processus, d’un mouvement, d’une transition en cours.

« Em-pouvoir-ement », « processus de développement d’un pouvoir », en quelque sorte.

Mais c’est pas beaucoup plus clair, je vous l’accorde. Alors détaillons !

L’empouvoirement, c’est connaître sa valeur

Connaître sa valeur, c’est la base de l’empouvoirement.

Ce sont les fondations qui permettent de résister aux affres de la vie, et de s’élever. C’est le socle sur lequel on peut s’appuyer pour aller décrocher ses rêves, ce sur quoi on peut prendre de l’élan pour poursuivre ses ambitions.

Si tu veux approfondir ce premier point, je te conseille de (re)lire cet excellent article de Mymy, qui raconte sa propre prise de conscience à ce sujet.

L’empouvoirement, c’est se chercher et se trouver soi-même

L’empouvoirement, c’est refuser d’utiliser les étiquettes qu’on nous présente pour seuls moyens de se définir.

C’est créer et choisir ses propres étiquettes, même si elles sont à usage unique. C’est en changer à mesure qu’on grandit, qu’on évolue, qu’on change, tout simplement.

C’est avoir conscience que la réponse à la question « qui suis-je » est susceptible d’évoluer, sans pour autant que ma valeur n’en soit affectée !

C’est aussi, en corollaire, apprendre à faire abstraction de l’avis des autres, lorsqu’il attaque cette valeur.

L’empouvoirement, c’est prendre le pouvoir sur sa vie

L’empouvoirement n’est pas un concept théorique : sa traduction concrète est une réelle prise de pouvoir sur sa propre vie.

C’est faire ses propres choix et réussir à les assumer, envers et contre les jugements, les reproches, les attentes et les déceptions de ceux qui nous aiment (ou ceux qui veulent nous voir échouer), ceux qui veulent notre bonheur et notre épanouissement.

Ceux qui nous soutiennent, comme ceux qui nous détestent.

Par exemple, en 2014, j’avais pris la bonne résolution de ne plus essayer de vivre la vie que mes parents voulaient pour moi. J’ai vraiment commencé à construire la mienne, en écoutant mes envies et mes ambitions.

J’ai pas dit que c’était facile, juste que ça en valait vraiment la peine.

L’empouvoirement, c’est s’écouter soi-même avant d’écouter les autres, pas parce qu’on est PLUS importante, mais parce qu’on est importante AUSSI !

Et que ça n’est pas enlever de l’espace à l’autre que d’en prendre pour soi.

La confiance, l’estime, la patience, la bienveillance, l’écoute et l’empathie ne sont pas des ressources finies, bien au contraire ! En avoir pour soi n’en retire pas aux autres.

L’empouvoirement, c’est une conviction auto-réalisatrice

S’empouvoirer (parce qu’à ce stade, autant inventer le bon verbe), c’est prendre une part active dans ce processus libérateur.

Je la refais : on en bave, non ? Dans la vie, je veux dire ?

Quand on est une femme, qu’on a une orientation sexuelle autre que hétéro, qu’on a un genre ou une couleur de peau différente de l’idée que certains se font de la normalité, quand on vient d’un milieu social moins favorisé, moins ouvert ?

Je veux dire, il suffit de relire Ce monde sexiste m’épuise, le témoignage révélateur de Mircéa Austen, pour se représenter l’étendue et l’emprise du sexisme ordinaire dans nos vies quotidiennes !

Ajoute à ça d’autres oppressions, et cela revient à faire son chemin avec autant de poids qui nous appuient sur les épaules.

Il faut avancer, malgré tout. Et ce n’est pas facile, non. Mais ce n’est pas un chemin de croix.

S’empouvoirer, pour moi, c’est comme une routine sportive.

Au début ça tire partout dans tout le corps, je me demande pourquoi je m’inflige ça, à quoi ça sert parce que ça ne se voit pas à l’extérieur mais que ça continue de faire mal à l’intérieur.

Mais petit à petit, ma posture se redresse, mon port de tête aussi, je trouve mon souffle devant un public et j’ai confiance en moi.

S’empouvoirer, c’est se donner les moyens d’escalader les montagnes qui obstruent le chemin, de franchir tous ces obstacles qu’on ne peut pas déplacer.

C’est refuser d’attendre que la voie se libère, et se dire : puisque cette route est bouchée, je vais tracer la mienne.

L’empouvoirement, c’est dépasser les paradoxes

Parfois, les montagnes à gravir n’obstruent pas l’horizon, mais encombrent les pensées.

J’ai mis beaucoup trop longtemps à réaliser toutes les limitations que j’avais intégrées, toutes celles que mon éducation « de fille » dans une société sexiste m’avait fait accepter.

J’ai subi tant d’injonctions contradictoires, que j’en finis criblée de paradoxes !

Entre obéir à tout et ne céder à rien, j’ai failli me débarrasser d’un oppresseur pour me jeter dans la gueule d’un autre…

Rejeter « les trucs de meufs » ne m’a jamais libérée du joug du patriarcat, ça m’a juste enfermée un peu plus dans d’autres injonctions.

Mais la vie n’est pas une succession de questions fermées. C’est pas « tu préfères ne jamais mettre de vernis à ongles, ou qu’on te parle uniquement d’actualité sportive » ? C’est plutôt : en fait, t’as envie de quoi, dans la vie ?

S’empouvoirer, c’est recomposer le tableau avec sa propre palette, tant pis pour les règles de l’art : c’est écrire et suivre les siennes !

C’est assumer de vouloir se faire du bien, ET refuser qu’on définisse à ta place ce que « bien » devrait être. C’est toi qui décides.

L’empouvoirement, c’est vivre ses convictions

S’empouvoirer, c’est devenir soi-même, pour soi-même, l’exemple qui nous a manqué, en grandissant.

La preuve que tout est possible, qu’en se donnant les moyens, l’envie, le courage et la persévérance, on peut atteindre nos objectifs, réaliser nos rêves et nos ambitions.

Qu’on n’attendra la permission de personne pour prendre la parole, ou changer le monde.

Parce que c’est pas les Avengers qui sauveront la Planète (même si je veux bien le 06 d’Iron Man, juste au cas où). C’est nous. Et « nous », c’est la somme de chacun et chacune d’entre nous !

Si on n’a pas conscience, individuellement, de notre valeur, de nos forces, si on n’écoute pas nos aspirations, qu’on ne suit pas nos ambitions, qu’on n’agit pas selon nos convictions, si on ne prend pas conscience de notre pouvoir et qu’on ne l’exploite pas, pourquoi est-ce que ce monde changerait ?

Et pourquoi changerait-il en notre faveur ?

L’empouvoirement, pour moi, c’est tout ça. C’est les moyens de trouver sa place dans ce monde, et de le faire évoluer jusqu’à ce qu’elle nous convienne, que chacun et chacune y trouve la sienne.

Ça fait beaucoup, effectivement, pour un mot qui n’existait pas !

À lire aussi : J’ai arrêté d’être jalouse des autres femmes, et ma vie est plus douce


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Les Commentaires

36
Avatar de PoussiM
12 juin 2016 à 13h06
PoussiM
Je viens juste de voir cet article , je ne sais pas comment j'ai pu passer à côté il y a une semaine, le jour de sa sortie
Sans avoir mis des mots sur mon état d'esprit ces derniers temps, je suis dans une phase très positive de l'empouvoirement. Je commence à avoir un peu plus confiance en moi, à m'accepter et m'assumer comme je suis et ça fait du bien ! Merci @Clemence Bodoc pour cet article
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