La première édition a eu lieu le 7 juin à Paris. Son mot d’ordre ? « Ne pas faire siennes les limitations des autres ».
Sur scène, huit femmes, présentées par huit ambassadrices, se sont succédées au micro pour partager leur histoire. Une sorte de TED Talk à la française, où la parole étaient donnée à celles qui l’ont moins souvent que les autres : des femmes, aux origines diverses, certaines handicapées.
Huit rencontres inspirantes avec des héroïnes ordinaires
Esra Tat est à l’origine de ce projet, lancé grâce au crowdfounding sur Ulule, dont on vous avait parlé en mai — W(e) Talk met des rôles modèles féminins à l’honneur.
Les huit femmes invitées à témoigner lors de la première édition de W(e) Talk n’ont rien d’exceptionnel, mais leur volonté, leur motivation, leur détermination les ont amenées à accomplir des choses extraordinaires.
Rencontre avec huit inspirations de réussite, et surtout, de combativité.
« On a tou•te•s besoin de modèles et de symboles »
Béatrice Barbusse est la première femme à avoir été présidente d’un club de sport collectif masculin, tous sports collectifs confondus. Son parcours n’a pas été un long fleuve tranquille, et l’on s’indigne sans véritablement s’en étonner, d’apprendre que les principaux obstacles qui ont jalonné son évolution sont essentiellement les préjugés et les idées reçues des autres : des professeurs au conseiller d’orientation, d’un jury de concours pas très impartial aux cadres de la Fédération, Béatrice Barbusse raconte presque une croisade davantage qu’un parcours, mené avec force et détermination, envers et contre le handicap de son genre.
« Quand on est une femme, on lutte pour ne pas être mise sans arrêt dans des boîtes. »
« On a tou•te•s besoin de modèles et de symboles », dira celle qui restera une pionnière et une exception, pour avoir percé dans un milieu exclusivement masculin. Elle a bien tenté de diversifier un peu ses collaborateurs, mais il ne suffit pas d’ouvrir la porte aux femmes pour qu’elles puissent entrer :
« On nous appelle les Vagins, ou les Touffes. »
Comme c’est spirituel…
De Béatrice Barbusse, j’ai retenu deux phrases (que j’hésite à me faire tatouer sur le front, c’est te dire si je me les répète en boucle chaque matin), qui illustrent parfaitement la détermination de cette femme :
« L’ambition, cette ligne droite qui à chaque fois qu’on s’en approche, recule encore un peu plus »
« Rien n’est fait pour nous, Et alors ? Si rien n’est fait pour nous, à nous de faire quelque chose ».
Pas mieux.
https://player.vimeo.com/video/99031062
L’intervention de Béatrice Barbusse lors de la première édition de W(e) Talk, à La Cartoucherie, le 7 juin 2014.
« Les échecs sont des expériences comme les autres »
Des citations inspirantes, motivantes, touchantes, j’en ai noté des dizaines, à la volée, comme celles d’Elisa Rojas, 35 ans, avocate, et handicapée. Elle a toujours refusée d’être définie, limitée par son handicap :
« Le but n’est pas de prouver quoi que ce soit, c’est de faire ce que j’ai envie de faire.
[…] Le problème du handicap, ce sont les limitations que les autres m’imposent », raconte-t-elle à propos de sa jeunesse, et des adultes toujours prompts à décider pour elle de ce qu’elle pouvait ou ne pouvait pas faire.
Ces héroïnes ordinaires sont tout autant en proie aux doutes et aux hésitations que n’importe laquelle d’entre nous.
Annie Chaperon a monté son entreprise pour mener sa propre activité. Mais avant d’y arriver, sa première tentative a été un échec, difficile à surmonter. Elle a su tirer les bonnes leçons de cette expérience :
« Les échecs sont des expériences comme les toutes les autres. Capitalisez dessus car ce seront les plus riches »
« La confiance en soi est un travail de tous les jours »
« Vous êtes capables de choses extraordinaires si vous vous autorisez à les réaliser »
« N’autorisez pas les personnes qui ne font rien à vous dire que vous êtes illégitime ».
https://player.vimeo.com/video/98572561
Pour en savoir plus sur Annie Chaperon, vous pouvez lire le portrait que lui dédie Sophie Caillat sur Rue89 : « Quand tu es entrepreneur, ton corps est ta première ressource »
« En fait, je suis une femme de ménage »
Fatoumata Kebe, la benjamine de cette première édition, ne manque ni d’humour ni de caractère. Cette doctorante en astronomie aux origines modestes travaille actuellement sur un projet de gestion des débris dans l’espace. Celle qui a étudié et travaillé sans relâche pour suivre sa passion et assurer son avenir se présente avec malice comme « une femme de ménage de l’espace ».
De son intervention, j’ai retenu ce constat consternant :
« C’est marrant, c’est pas en tant que noire que j’ai eu un problème [pour être doctorante à l’Observatoire de Paris, NDLR], c’était en tant que femme. »
Donc, quand elle échappait au racisme, il lui restait à se défaire du sexisme. On comprend mieux son recours permanent à l’humour : il doit effectivement falloir un sacré sens de la dérision pour dépasser avec philosophie le poids quotidien des discriminations…
https://player.vimeo.com/video/99229131
Fatoumata a pris la parole après une interlude de relaxation, ce qui explique qu’elle soit un peu groggy au début (et nous tou•te•s dans le public aussi !) Personne n’a pris de drogue, rassurez-vous.
Découvrez les autres intervenantes et les ambassadrices de la première édition sur le site de W(e) Talk !
« Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait »
La fameuse citation de Mark Twain s’est déclinée au féminin, le 7 juin dernier à La Cartoucherie.
Béatrice, Anne, Fatoumata, Elisa, Fatima, Ghislaine, Aya et Karima ont partagé leur histoire, et elles n’auront pas manqué d’inspirer les jeunes femmes présentes dans la salle. Elles ne savaient pas que leurs ambitions étaient impossibles, alors elles les ont réalisées.
Elles sont des modèles, des exemples, parfois des pionnières, ou simplement des exceptions, parce qu’elles ont su vaincre des obstacles injustes grâce à leur détermination. Sexisme, racisme… les discriminations qui persistent en France rendent les parcours de ces femmes tristement exceptionnels.
Un jour, peut-être, on pourra être une femme et une businesswoman accomplie, handicapée et une citoyenne à part entière, d’origine étrangère et parfaitement intégrée. En attendant, celles qui réussissent ce qui devrait pourtant aller de soi servent d’exemple à toutes les autres, et d’inspiration à nous toutes.
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