Live now
Live now
Masquer
julia buchner librairie
Féminisme

Victoire pour les autrices qui ont témoigné : le président des éditions Bragelonne a été remercié

Plusieurs mois après les révélations de Mediapart sur les agissements de Stéphane Marsan envers une vingtaine d’autrices, la maison d’éditions Bragelonne a pris des mesures et écarté son historique président.

Il s’était produit un long silence après les révélations de Mediapart sur les agissements de l’éditeur Stéphane Marsan envers de nombreuses autrices. Mi-avril, elles étaient pourtant une vingtaine à témoigner de leur mauvaise expérience avec le président et administrateur des éditions Bragelonne : propos à connotation sexuelle, gestes qui n’avaient rien à faire dans un contexte professionnel… Il avait nié en bloc les accusations portées contre lui.

Était-ce la marque d’un essoufflement de la libération de la parole sur les violences sexistes ? Pourquoi une telle indifférence ? On s’était sincèrement posé la question.

Ce mardi 6 juillet, l’annonce a par conséquent retenti d’autant plus fort Stéphane Marsan a été remercié des éditions Bragelonne, et remplacé par une direction à deux têtes — Bernard Chaussegros et Claire Renault Deslandes.

Une mise à la porte accueillie avec enthousiasme par Catherine Dufour qui avait témoigné en son nom dans l’enquête de Mediapart. Elle confie à Madmoizelle :

« C’est vraiment vraiment satisfaisant. Stéphane Marsan n’est plus en état de nuire dans le cadre professionnel, et c’était vraiment le but. Après des années à bouillir sans pouvoir l’ouvrir, je suis passée d’un trait à “je peux en parler et prévenir les jeunes femmes”, puis à “il n’est plus nécessaire d’alerter.”

Gloire à Ellen Salvi [la journaliste de “Mediapart” qui a mené l’enquête, ndlr] et à toutes les témouines. »

Un séisme au sein de Bragelonne

Que s’est-il passé au sein de la maison d’édition spécialisée dans les littératures de l’imaginaire?

Dix jours après les premières révélations de Mediapart, Bragelonne avait tenu une réunion extraordinaire du comité social et économique (CSE) au cours de laquelle les salariés ont pu faire part de leur « désarroi profond » et de leur « mal-être ».

Les salariés ont été mis sous pression

, notamment en recevant des consignes de la part de la directrice de communication, des « éléments de langage » et ces quelques mots qui montrent le positionnement adopté par la direction de Bragelonne, le déni, la tête dans le sable, et la suffisance :

« Cet article de “Mediapart” est une tentative de déstabilisation de Bragelonne, à travers la figure publique que Stéphane Marsan représente en tant que président et éditeur historique de la maison, dont la réussite spectaculaire et durable a pu agacer. »

En signe de protestation, un salarié au poste de community manager a même carrément démissionné.

Bragelonne n’est que le sommet de l’iceberg

« L’édition est-elle sexiste ? »

C’est pour tenter de répondre à cette question que Livres Hebdo a lancé une grande consultation sur les violences sexistes dans le milieu de l’édition, un mois après les révélations sur Stéphane Marsan.

Les résultats, récoltés auprès de 1221 personnes et publiés le 1er juillet, sont édifiants :

« 76% ont été témoins de remarques déplacées, 57% de discrimination sexiste, 51% de gestes déplacés et 39% de harcèlement sexuel. 61% des professionnels de l’édition ont déjà été victimes d’agissements sexistes et sexuels dans le cadre de leur travail. Six personnes sur dix ! La moitié d’entre eux ont été victimes de remarques déplacées (dont 23% le sont encore actuellement), 36% de discrimination sexiste (dont 32% actuellement), 21% de gestes déplacés (dont 11% actuellement) et 10% de harcèlement sexuel (dont 14% actuellement). »

Pour l’autrice Samantha Bailly, qui a elle aussi témoigné et s’est beaucoup mobilisée sur cet enjeu, il s’agit d’un « signal fort envoyé à toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles, dans l’édition ou ailleurs ». Elle poursuit, pour Madmoizelle :

« Mais cela doit vraiment nous interroger sur comment et pourquoi ce climat d’impunité a pu exister durant si longtemps : compte tenu des résultats de l’enquête Livres Hebdo / Ipsos, choquants mais pas surprenants, on sait combien l’omerta reste encore puissante. Il faut que cela change. »

Après Bragelonne, on peut donc s’attendre à d’autres prises de parole pour lever l’impunité qui reste dans le milieu de l’édition.

À lire aussi : Violences sexuelles dans le milieu de la musique classique : une enquête brise le silence


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

7
Avatar de Nastasja
7 juillet 2021 à 16h07
Nastasja
Encore une victoire de canard des féministes
4
Voir les 7 commentaires

Plus de contenus Féminisme

Source : Canva
Féminisme

Comment l’autodéfense féministe a changé ma vie

1
Mode

Quelle est la meilleure culotte menstruelle ? Notre guide pour bien choisir

Humanoid Native
Source : Midjourney
Déclic

Célia, 24 ans : « J’ai compris l’importance du féminisme en jouant au Trivial Pursuit »

9782290397336_UnJourDeNuitTombeeT1_Couv_BD (1)
Livres

Trois bonnes raisons de découvrir la fantasy grâce à l’œuvre de Samantha Shannon

Source : Canva
Déclic

Sandrine, 48 ans : « J’en demandais plus à mes filles qu’à mon fils pour les tâches ménagères »

gloria-steinem-feminist-litterature-
Livres

Gloria Steinem, féministe incontournable, fête ses 90 ans

1
Source : Midjourney
Déclic

Suzy, 27 ans : « Aujourd’hui, j’ai peur d’avoir des relations sexuelles avec les hommes »

1
Source : Cerise Sudry-Le Dû / Damien Platt de Getty Images
Féminisme

« Le viol est une bombe à fragmentation particulièrement cruelle » : Laurène Daycard, lettre d’Ukraine

tribune_une_v
Tribune

Aujourd’hui, je suis au tribunal parce que je suis féministe, on ne me réduira jamais au silence

2
Source : Canva
Déclic

Joséphine, 22 ans : « Concernant mon féminisme, je me demande souvent si je suis dans l’excès »

1
Source : Madmoizelle
Féminisme

Annie Chemla : « Avorter des femmes clandestinement m’a apporté un sentiment intense de puissance »

1

La société s'écrit au féminin