Dans mon précédent poste de journaliste aux Echos Start, je recevais régulièrement des messages de jeunes hommes et femmes me présentant leur projet de création d’entreprise.
Un jour, j’ai été contactée par Sandra Ifrah, la fondatrice de MyBuBelly qui se présente comme “le premier coaching en ligne qui vous aide à choisir le sexe de votre bébé naturellement”.
MyBuBelly veut influer sur les jeux de l’amour et du hasard
En lisant ça, j’étais sceptique et je n’ai pas donné suite à son message. Dans mes souvenirs lointains de mes cours de SVT au collège, le sexe de l’enfant est défini par la rencontre de deux gamètes. L’ovule donne toujours un chromosome X, le spermatozoïde, un X ou un Y.
Et sauf à intervenir médicalement pour trier les spermatozoïdes ou les embryons avant de les implanter dans l’utérus, seul le hasard est à la manoeuvre pour donner naissance à un bébé XX (sexe féminin) ou XY (sexe masculin).
(Et je précise que cette définition est un peu simpliste, puisqu’elle laisse de côté certaines personnes intersexes, dont les organes génitaux ne correspondent pas forcément au sexe chromosomique.)
J’imaginais donc que cette “application de coaching” ferait un flop.
Selon sa fondatrice, citée dans un article du Parisien paru début janvier
, il n’en est rien. “Le coaching marche tellement bien que nous lançons une version anglaise, en Angleterre et aux Etats-Unis début janvier et que nous avons noué un partenariat avec plusieurs dizaines de pharmacies en France”.
Le service revendique 150 nouveaux clients par mois et un taux de réussite de 90%. Des chiffres qu’il est difficile pour moi de vérifier.
Peu de preuves scientifiques
La méthode de coaching – facturée 149 euros par mois – est en deux volets. Le premier consiste à changer son régime alimentaire pour modifier le PH de la glaire vaginale (l’application fournit des conseils et menus dans ce sens). Le second, à planifier les rapports sexuels en amont de son ovulation pour avoir une fille, et le jour même de l’ovulation pour avoir un garçon.
Si plusieurs médecins soutiennent la méthode et font partie du comité d’experts de l’application (qui ne précise pas si elle les rémunère pour cela), de nombreux autres, cité·es par le Parisien la critiquent. C’est le cas d’Israël Nisand, le président du Collège national des gynécologues et obstétriciens français.
“Aujourd’hui, rien de scientifique ne confirme une quelconque influence – ou très peu – de l’alimentation et de l’ovulation sur le sexe du bébé. Le problème est que des personnes trop crédules risquent la déconvenue à se raccrocher à ce type d’annonces, qui de tout temps ont existé, sans jamais être validées.”
Le gynécologue-obstétricien précise ensuite qu’il n’est pas choqué par cette volonté des parents à choisir le sexe de leur futur enfant. Et qu’à titre personnel, il n’est “pas opposé à la levée de l’interdiction du choix des gamètes”.
Si la méthode MyBuBelly est donc controversée d’un point de vue médical, une chose reste certaine : c’est sur les femmes qu’elle fait reposer l’entière responsabilité du sexe de l’enfant à venir.
Est-ce qu’on avait vraiment besoin d’une pression supplémentaire dans nos vies ? Je ne crois pas.
Ton avis sur le sujet m’intéresse vivement : est-ce que tu as (eu) une préférence pour le sexe de ton futur enfant ? Est-ce que tu as suivi un régime ou une méthode spécifique pour tenter d’influer sur le hasard ? Et si oui, pourquoi ?
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