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Vous voulez congeler vos ovocytes ? Voici les démarches et comment ça se déroule

Peu de femmes sont encore au courant de cette possibilité qui risque de révolutionner la vie de beaucoup. C’est pourtant un grand pas pour le féminisme.

Publié le 29 octobre 2021

Depuis le 29 septembre dernier, la nouvelle loi relative à la bioéthique est officiellement entrée en vigueur. Si on a beaucoup parlé de la PMA pour les femmes en couple lesbien ou les femmes seules et sa difficile mise en œuvre, on a moins vu dans les médias une information très importante : les Françaises – âgées de 29 à 37 ans – ont désormais le droit de congeler leurs ovocytes sans raison médicale.

L’auto-congélation des ovocytes : c’est quoi ?

Cette technique consiste à figer des ovocytes « de qualité » par vitrification (congélation très rapide), et de pouvoir envisager une grossesse plus tard et donc plus sereinement – sans pression liée à l’horloge biologique – à l’aide d’une FIV (fécondation in vitro), au moment considéré comme opportun. Les femmes pourront ensuite avoir accès à leurs ovocytes jusqu’à 45 ans.

Le dispositif est désormais entièrement remboursé par la Sécurité sociale. Seuls les frais de conservation en cuve seront facturés, soit 45 euros par an

Auparavant, les femmes avaient accès à cette cryoconservation pour deux raisons : elles étaient donneuses de gamètes ou recevaient un traitement risquant d’altérer leur fertilité. Elles pouvaient également en bénéficier en cas d’endométriose sévère par exemple.

Cette mesure était attendue depuis longtemps et de nombreuses femmes allaient à l’étranger (notamment en Belgique ou en Espagne – où cela coûte en moyenne entre 4 000 et 8 000 euros). Cela comprend l’intervention, le transport et le logement notamment.

La journaliste Myriam Levain avait écrit un livre, Et toi tu t’y mets quand ?, récit intime et engagé sur le sujet, en décrivant son propre parcours pour congeler ses ovocytes en Espagne.

La couverture de l'ouvrage « Et toi tu t'y mets quand ? »

Toutes les femmes vont donc pouvoir avoir recours à cette pratique qui permet de relâcher la pression quant à l’horloge biologique et de choisir le moment idéal pour sa grossesse – en France.

Les hommes aussi pourront faire congeler leurs gamètes (spermatozoïdes), même s’ils sont un peu moins sujets à la baisse de fertilité. La réserve ovarienne décroît fortement chez les femmes à partir de 35 ans et drastiquement à partir de 40 ans. Pour la philosophe Camille Froidevaux-Metterie, dans son livre Le Corps des Femmes :

« Autoriser la vitrification ovocytaire, c’est accompagner le processus d’homogénéisation des conditions féminine et masculine, c’est permettre aux femmes de devenir enfin des hommes comme les autres.

L’enjeu dépasse de beaucoup la satisfaction du désir individuel d’enfant, c’est un enjeu politique. L’ouverture des possibles procréatifs relève d’une logique d’approfondissement de la dynamique d’émancipation sur son versant égalitaire. »

Selon le professeur Michaël Grynberg, gynécologue-obstétricien spécialiste de la médecine reproductive, cette autorisation a mis du temps à arriver. Il explique à Madmoizelle :

« Ça fait longtemps que ça aurait dû être mis en place. La congélation d’ovocytes, on la maîtrise depuis un certain nombre d’années. […] Malheureusement, les femmes ont une baisse de la fertilité avec les années, on ne sait pas améliorer la qualité des ovules d’une femme qui vieillit donc la seule chose qu’on ait en main, c’est de figer le temps avec la congélation d’ovocytes, heureusement. »

Pourquoi congeler ses ovocytes ?

Cette possibilité peut intéresser finalement beaucoup de femmes, qu’elles soient ou non sûres d’avoir un désir d’enfant un jour. Myriam Levain l’exprime ainsi :

« J’encourage toutes les femmes qui se sentent angoissées par la pression de la maternité entre 30 et 35 ans à sauter le pas, car c’est une chance de pouvoir le faire. Quand on le fait avant 35 ans, les ovocytes sont de bonne qualité, on n’a souvent pas besoin de le faire plusieurs fois. »

Il faut, affirme-t-elle, « informer les femmes sans les culpabiliser ».

Les femmes qui y ont recours peuvent être en attente d’un couple stable, de trouver la bonne personne, ou le moment opportun. Cela facilitera aussi la vie pour les personnes qui ne savent pas encore si elles souhaitent avoir un enfant. C’est le cas de Monica, 36 ans, en couple stable depuis 10 ans, qui n’a pour l’instant pas de désir d’enfant. Elle a commencé tout récemment les démarches en France et elle s’est confiée à Madmoizelle :

« Je ne sais pas si j’aurai envie un jour d’avoir un enfant, donc autant mettre toutes les chances de mon côté si cela arrive. »

Professionnellement, beaucoup de choses se jouent entre 30 et 40 ans, mais il faudrait qu’avoir un enfant soit compatible avec le fait d’avoir un travail prenant. La maternité est un frein considérable aux évolutions de carrière pour les femmes, et le premier écueil à l’égalité salariale entre femmes et hommes (temps partiel, emploi du temps aménagé en fonction des enfants, autolimitation dans la demande de promotion…).

Aux États-Unis, Facebook et Apple remboursent depuis 2015 la congélation des ovocytes pour celles qui le souhaitent. Il ne faudrait pas que des entreprises tentent de faire pression sur leurs salariées pour qu’elles fassent des enfants plus tard, comme le craignait en France le Comité consultatif national d’éthique, mais cela semble assez peu crédible.

Pour Myriam Levain, ce sont les détracteurs qui disent que les femmes qui entament cette démarche veulent privilégier leur carrière. Selon elle :

« C’est la société qui n’est pas faite pour que les femmes réussissent à concilier leur projet de maternité et leur carrière parce que tout se joue souvent à la trentaine et que la parentalité repose encore beaucoup trop sur les femmes. »

Comment faire congeler ses ovocytes ?

Pour cela, il faut obtenir un rendez-vous dans un établissement de santé public ou privé à but non lucratif, dans un service de préservation de la fertilité ; effectuer des examens pour savoir si toutes les conditions, notamment de fertilité, sont requises ; vient ensuite une stimulation par injection durant 10 à 15 jours afin de booster la production d’ovocytes, avec un suivi médical qui comprend des prises de sang et des échographies pour déterminer le jour le plus adéquat pour une ponction. Celle-ci est pratiquée sous anesthésie générale à l’hôpital.

Les demandes affluent dans les services concernés et les délais seront donc peut-être longs. Les professionnels craignent en effet de ne pas pouvoir répondre à toutes, comme nous le dit par téléphone le professeur Grynberg :

« Les demandes débordent. On n’arrive pas à les prendre toutes, loin de là malheureusement. On libère une centaine de questionnaires tous les mois. Dans la journée, on a toutes les demandes. Il y a des listes d’attente pas possible. Il y a un nombre limité de centres qui sont autorisés à faire ça. Ceux qui peuvent le faire sont les centres qui faisaient déjà de la préservation de la fertilité pour des motifs médicaux. »

Les professionnels souhaitent aussi informer les femmes qui souhaitent bénéficier de cette avancée qu’elle ne permet pas à 100% de garantir une grossesse en ayant recours à ces ovocytes congelés.

« Un nouveau chapitre »

Myriam Levain interrogeait pour son livre la grande historienne Michelle Perrot :

« Cette question est un formidable symbole de la place qu’occupent les femmes dans la maternité, dit-elle. Le fait qu’elles disent aujourd’hui “je suis maîtresse de mes ovocytes” complète la révolution que l’on voit sur le corps des femmes depuis des années. Elles ont découvert la liberté de leur corps avec la contraception et l’IVG, qui leur ont permis de refuser la maternité. Maintenant, la conservation des ovocytes ouvre un nouveau chapitre, c’est le volet qui manquait au slogan “Un enfant si je veux, quand je veux’” auquel on va pouvoir ajouter “comme je veux”. »

C’est une démarche qui peut soulager, rassurer et même empouvoirer, comme le dit Myriam Levain :

« C’est une démarche très positive pour les femmes, on a l’impression de ne plus être infantilisée, de prendre son destin en main, de ne pas subir une situation, c’est libérateur, en cela c’est une vraie révolution. »

Une révolution est donc en marche mais il faut donner aux hôpitaux les moyens de la mener. Si vous avez la ferme intention de sauter le pas, mieux vaut donc vous y prendre rapidement.

À lire aussi : La PMA pour les couples lesbiens et les femmes célibataires est enfin une réalité en France

Image de une : série Master of None, saison 3 (© Netflix)


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Les Commentaires

25
Avatar de flore1995
8 mai 2023 à 19h05
flore1995
Bonjour,
Je suis habitante de région parisienne, je voudrais me lancer dans les démarches mais je galère à trouver un hôpital ou cecos qui accepte des nouvelles demandes
Par exemple l'APHP Cochin Port royal (qui fait référence dans le domaine) m'a demandée de les rappeler début 2024 pour une prise en charge début 2025 mdrrr
Qui a un bon tuyau ?
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