L’histoire commence comme une rencontre banale en 2015 : Michelle Thomas, une trentenaire anglaise, discute avec un certain Simon sur Tinder pendant une petite semaine, avant de décider de dîner avec lui. La soirée se passe bien : ils se promènent le long de la Tamise, il la raccompagne au métro, ils échangent un bisou… bref, une « soirée plaisante », comme l’écrit la jeune femme sur son blog.
À lire aussi : Ces trucs que les sites de rencontre m’ont appris
Le lendemain, Michelle reçoit un message de Simon : celui-ci lui explique qu’il a adoré la soirée d’hier, mais qu’il a désormais peur de la décevoir… en effet, Simon est attiré par les filles plus minces qu’elle, alors il a peur de ne pas pouvoir la combler au lit. Simon est attiré par l’humour de Michelle, son esprit, il la trouve tout simplement craquante, mais il le dit tout de go : Michelle est trop grosse pour lui. Il ne pourrait jamais être sexuellement attiré par elle. Pauvre Simon, qui signe son message de la sorte : « J’espère que tu essaieras de me pardonner, je t’adore ».
Voici la réponse totalement badass de Michelle, publiée sur son blog
trois jours plus tard :
« Cher mec rencontré sur Tinder,
(…) Pas besoin d’être sympa avec moi. On a tous un pote avec qui on s’entend super bien, qu’on regarde affectueusement en se disant « t’es mignon-ne, mais t’es juste pas la personne pour moi ». On aimerait bien être attiré-e par eux, mais nos corps et nos cerveaux ne fonctionnent pas de cette manière. C’est pas grave.
Ce qui est grave, c’est le fait qu’après seulement quelques heures en ma compagnie, tu aies pris le temps d’écrire ce message absolument inutile. C’est sadique, rien de moins. (…)
Et j’ai honte de dire que ça a marché, pendant un petit moment. Tu as réveillé une peur dormante, que toute femme qui est passé par l’adolescence possède : la peur que peu importe que tu sois drôle, intelligente, bienveillante, passionnée, loyale, déterminée, aventureuse ou vive… si tu as un kilo en trop, personne ne te trouvera désirable.
J’aime ce à quoi je ressemble. Je ne ressemble pas à Charlize Theron, et c’est pas grave – je suis moi, et je m’aime. (…) Est-ce que tu m’as vue et tu t’es dit, « Elle a une trop bonne opinion d’elle-même, elle a besoin d’être rabaissée » ?
(…) Je ne te reverrai plus jamais. (…) Mais ce qui m’inquiète vraiment, et la raison pour laquelle je te réponds publiquement, c’est que tu as une fille de 13 ans. Une illustratrice pleine de talent, qui collectionne les manga et rêve de visiter le Japon le plus tôt possible. Je veux encourager ta fille à aimer, profiter, et prendre soin de son corps. Il appartient à elle, et seulement à elle. Célèbre son intelligence, et sa créativité. Encourage-la à se pousser et à être téméraire. Donne-lui les outils nécessaires pour se créer une estime de soi en forme d’armure, pour que, si (je suis sympa, je dis « si ») un jour, un petit homme triste tente de la rabaisser, elle sache répondre comme je le fais. »
Et bim ! Le respect est total.
Dans un article publié sur Stylist, Michelle nous offre plus de détails sur l’histoire : notamment sur le fait qu’après s’être exprimée sur son blog, elle a reçu des centaines de messages de soutien de femmes qui avaient vécu la même chose, à peu de choses près. Des femmes qui avaient reçu des insultes à cause de leur photo de profil sur Tinder, qui auraient aimé répondre de la même manière que Michelle.
Celle-ci termine son article ainsi :
« Depuis que j’utilise Tinder, j’ai eu quelques expériences fantastiques. Est-ce que je compte m’y remettre ? Sans doute. Est-ce que je conseillerais cette application ? Ouais.
Mais soyez prudent-e. Et sachez que votre valeur n’est pas définie par une photo, une toute petite bio… ou par les opinions toxiques d’anonymes que vous récoltez par la suite. »
Je pense qu’un écriteau géant portant ces mots, recouvert de néons, accroché en haut de la Tour Eiffel, ne serait pas de trop.
À lire aussi : Comment OkCupid m’a réconciliée avec les sites de rencontres
Et toi, as-tu déjà eu des expériences négatives à cause des sites de rencontre ? Comment y as-tu répondu ?
Les Commentaires
Pour ma part, je préfère ne pas être rappelée qu'être recontactée pour qu'on me dise "je veux pas te revoir parce que tu es trop grosse pour moi", ignorer me semble moins impoli que rabaisser.