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Musique

Thérèse : « Les gens oublient que la mode est politique »

Thérèse est musicienne, activiste, styliste, modèle… En vivant ces mille et une vies, elle se retrouve parfois confrontée à ses contradictions, mais les aborde avec une liberté assumée. Rencontre avec une artiste dont on n’a pas fini d’entendre parler.

Tandis que mon dimanche s’affalait sur mon canapé et que mon feed Instagram défilait mollement sous mes doigts, je suis tombée sur le compte de Thérèse, qui m’a immédiatement sortie de ma torpeur.

Au-dessus ses photos ultra stylées et sa chevelure bicolore s’inscrivent les mots qui la définissent dans sa description : musicienne, styliste, modèle et activiste.

En écoutant les premières notes de son premier son T.O.X.I.C, j’embarque toute entière dans son univers et je me retrouve face à une évidence : il me faut la rencontrer, car on n’a pas fini d’en entendre parler.

Thérèse, une artiste multiple aux influences hétéroclites

Je rejoins Thérèse dans un café le long du canal de l’Ourcq, et la repère immédiatement sous sa frange noire et blanche. Son style est on-ne-peut-plus on fleek, et son sourire illumine cette journée automnale parisienne.

Avant de se lancer en solo, Thérèse faisait partie du groupe La Vague. Le confinement ayant eu raison de leur tournée estivale, elle a décidé de se recentrer, et se lancer en solo lui a paru une évidence. Autodidacte, elle s’est lancée dans la production de ses propres sons.

Alix Martineau : Tu peux te présenter pour les lectrices de madmoiZelle ?

Thérèse : Je m’appelle Thérèse, Claudia, Maniseng, Lin Fu Xian, Pao Pao… J’ai plein de prénoms parce que je suis française d’origine sino-lao-viet. Je suis née à Ivry-sur-Seine, très exotique ! Et aujourd’hui je suis musicienne, styliste, modèle par intermittence, et globalement j’ai des activités militantes qui prennent des formes diverses et variées. Je suis mille personnes à la fois !

Je me considère comme une sorte de carrefour social. Je suis un mélange de plein d’univers différents de par mon histoire. Je suis née et j’ai grandi en banlieue, et puis j’ai fait une prépa et une école de commerce, donc je me suis retrouvée avec des gens qui venaient de la classe moyenne supérieure, des bourgeois, des gens qui avaient des noms à double particule… Je n’avais jamais entendu ça de ma vie, je venais du ghetto moi !

Je suis à la croisée de pas mal de cultures. Mes parents étant des immigrés du Laos, tous les deux sont déjà à moitié déracinés. J’ai donc déjà toutes ces cultures mélangées héritées de mes parents, et en plus, ils ont longtemps tenu une boutique d’alimentation générale qui vendait des produits afro, antillais et asiatiques. Alors moi, vivant en banlieue et bossant dans leur boutique quand j’étais ado, j’ai été très vite confrontée aux cultures africaines, antillaises, maghrébines…

Voilà, je suis un peu tout ça, mélangé à la République française. Je me considère vraiment comme un bébé de la République, c’est un système dans lequel j’ai grandi et en lequel j’ai longtemps cru, même s’il a ses limites aujourd’hui, ou en tout cas, c’est l’heure de repenser le truc.

Je suis entre la musique, la mode, j’ai été cadre, j’ai bossé avec des migrants, j’ai eu mille vies et j’en aurai peut-être encore d’autres ! Je finirai peut-être boulangère au Togo !

D’où te vient cette liberté totale que tu te laisses par rapport au futur ?

Depuis que je suis gamine, je m’ennuie vite. Une fois que j’ai l’impression d’avoir fait le tour d’une question, que je n’avance plus ou que je n’apprends plus, j’ai envie de changer. Je me suis rendu compte que j’apprenais beaucoup à travers les gens, les rencontres. La vie, c’est une série de déviations. Tu passes ton temps à rencontrer une personne qui t’en fait rencontrer une autre, qui te donne envie de faire un truc, qui te branche avec une autre personne, et qui te fait rencontrer quelqu’un d’autre… C’est infini.

Le coronavirus a un peu stoppé les choses, mais moi j’aime bien sortir et toujours rencontrer de nouvelles personnes, expérimenter. Chaque personne a quelque chose d’intéressant en elle, une vision, sa vision de la vie, des savoirs, des connaissances qui peuvent me nourrir.

Il y a mon éducation aussi. Je me suis construite contre l’éducation que j’ai reçue de mon père, qui était très normée. Il m’a tellement, malgré lui, étouffée, que je voulais tout… sauf ça. Il a tellement voulu me mettre dans une position confortable, et je le comprends, parce qu’il n’a pas eu la chance de l’avoir, que j’ai passé ma vie à fuir le confort.

Qui sont les femmes libres qui t’inspirent ?

M.I.A, elle me rend fière d’être une femme. C’est une meuf qui a des ovaires énormes. Fille de réfugiés migrants, elle n’a pas une vie marrante. Et elle finit par faire des conférences à Oxford pour parler de son engagement auprès des migrants au calme, aussi bien que des campagnes pour H&M (le diable !). Elle est dans sa contradiction.

Des gens pourraient lui en vouloir pour ça. Mais je pense que la thune qu’elle gagne, elle en fait autre chose que s’acheter des iPhones. Et ça c’est important, je trouve. Comment tu te sers du système pour continuer à faire avancer tes valeurs ? Réussir à faire de ta musique un mélange de musique traditionnelle tamul et de bass music des UK. Génie !

C’est une meuf à la fois hyper sexy, fashion, féminine, et hyper badass. T’as pas envie de l’emmerder M.I.A. Elle montre qu’on peut être une femme sexy sans se faire traiter de pute ou se laisser marcher sur les pieds. Les deux ne sont pas corrélés ! À côté de ça, c’est une nana qui a compris beaucoup de choses du système. Elle a réussi à s’extraire de l’industrie musicale en créant son Patreon, parce qu’elle s’est rendu compte que l’état de l’industrie musicale aujourd’hui polluait la proposition artistique et lissait vachement tous les discours. En se détachant de tous ces intermédiaires, elle se permet de dire exactement ce qu’elle veut.

Moi ça me donne confiance en l’avenir !

La genèse confinée de « T.O.X.I.C », le premier son solo de Thérèse

Pendant le confinement, je me suis imposée de faire une track par jour. Pas forcément finie, mais fin de journée, tu vas te coucher, et le lendemain tu passes à autre chose. Au bout d’une semaine je me suis retrouvée avec six morceaux, et quatre morceaux qui tenaient la route.

J’en ai parlé à mon producteur, il a trouvé ça hyper cool, il m’a dit que je pourrais même sortir un titre cet été.

On a bossé dix jours ensemble, à bosser sur cette matière pré-existante, à créer de nouvelles choses aussi. Les planètes se sont alignées, j’ai rien compris, ça a été une petite autoroute entre fin mai et juillet, et juillet : T.O.X.I.C est sorti. Le 30 septembre, le clip a suivi.

Je suis contente. Je ne regrette rien du tout de La Vague. J’ai appris beaucoup, mais maintenant je suis contente d’en être là, parce qu’enfin je me sens libre. Ce mot revient sans cesse dans ma bouche.

Tu parles de liberté justement… Ton titre parle de s’émanciper des relations toxiques qu’on a avec les autres, mais aussi avec soi-même. C’est un terme qu’on retrouve beaucoup aujourd’hui, la « relation toxique ». En quoi penses-tu que c’est symptomatique de l’époque qu’on vit ?

La première chose que je trouve belle, c’est que l’Occident globalement arrive à un moment où les gens sont capables de se poser des questions qu’on ne pouvait pas se poser avant, tout simplement parce que quand tu es dans la survie, tu ne penses pas à ce genre de questions. En vrai, c’est des problèmes de riches. Et tant mieux ! Mes parents par exemple, quand ils sont arrivés en France, ils ne se demandaient pas s’ils préféraient se débarrasser de telle relation toxique, ou faire de la psychanalyse ou de la sophro… Non, eux, ils se demandaient comment bouffer.

J’ai aussi l’impression qu’il y a une plus grande ouverture sur ce genre de problématique. On est à un tournant de beaucoup de choses, l’arrivée d’Internet a mondialisé l’information et les catastrophes. On se rend compte que c’est la merde partout et que le monde va trop vite. Au-delà des catastrophes économiques et sociales, il y a des catastrophes écologiques, sanitaires… Ça génère énormément de stress. Notre réaction normale face à ça, c’est de trouver des moyens de s’apaiser. Et l’un d’entre eux, c’est de travailler sur soi, de faire du développement personnel, et d’essayer de trouver la paix ici, en soi, parce que le monde extérieur est trop difficile.

Après, le développement personnel est une bonne chose, mais c’est aussi un phénomène de mode sur lequel je ressens le besoin d’alerter. Quand je dis « relations toxiques », j’utilise le vocabulaire de tout le monde, celui mis à disposition pour qu’on sache de quoi on parle, pour qu’on parvienne à communiquer. Les mots servent à ça.

Mais tous ces termes, que j’utilise moi-même, j’essaie toujours de me les réapproprier et de les définir à ma façon sans simplement ingurgiter ce que les média essaient de nous vendre.

Relations toxiques, zèbre, self love, tous ces termes à la mode sont arrivés du fait d’une crise de spiritualité en Occident. Parce que la religion, soit n’a plus sa place, soit remonte, que ce soit l’Islam, le catholicisme, on voit que ça se durcit en ce moment. Mais tous ces athées qui n’ont aucune religion à laquelle s’accrocher ont besoin de réponses aussi. Ils font donc une espèce de syncrétisme de toutes ces pratiques qui sont à la fois bonnes mais peuvent devenir perverses si on ne s’en méfie pas.

Je prends des pincettes avec tout ça… J’y crois, j’ai une certaine spiritualité, mais à tout le monde je dis : « Faites attention et remettez en question vos croyances. » Ce qui n’empêche pas de croire ! Mais pas aveuglément.

Thérèse conjugue militantisme, musique et mode

La mode c’est ton métier. Ça se voit direct quand on arrive, tu es super lookée. Comment est venue chez toi cette urgence d’affirmer un style reconnaissable, qui tranche avec les autres ? 

Ma mère m’a rappelé récemment que quand j’étais gamine, tous les vêtements dont elle ne voulait plus, elle me les filait et je m’amusais à les découper, je me déguisais avec, je faisais des spectacles. Ça m’a toujours un peu fascinée de transformer des vêtements pour me transformer.

Après j’ai fait mes études, j’ai eu des parents sévères, j’ai fait une école de commerce, j’ai bossé en marketing, j’étais cadre, et j’ai oublié tout ça ! Et un jour, la musique m’a ramenée à la mode.

Il y a deux ans, je croise Sônge, dont j’aimais le boulot mais je ne la connaissait pas personnellement. Et je suis allée la voir pour lui dire que j’aimais bien son projet, on a parlé deux minutes. Quatre jours plus tard elle me recontacte sur Instagram, et elle me dit « meuf, j’ai trop kiffé ton flow, j’ai un shooting dans deux semaines pour la sortie de mon album, est-ce que tu veux faire mon stylisme ? ».

Je lui ai dit que je me sentais honorée, je l’ai remerciée, mais je lui ai dit que je n’étais pas styliste. Elle m’a dit : « je m’en fous ». Et je crois que c’est l’une des phrases qui m’a le plus marquée de toute ma vie.

Et du coup j’ai pris mes deux ovaires dans mes mains, et j’y suis allée au culot, et je crois que c’était la première fois que je m’autorisais vraiment à faire ça. J’ai vraiment le syndrome de la bonne élève, de l’imposteur, je ne me sens pas légitime… Mais je me suis dit : vas-y !

Et le shoot se passe tellement bien que je reçois trois autres demandes de groupes pour du stylisme dans la musique. Donc le lien entre mode et musique s’est fait directement.

Beaucoup de gens pensent que la mode, c’est quelque chose de superficiel… Mais dans Le Diable s’habille en Prada, il y a une scène que j’aime bien, quand Meryl Streep parle du bleu céruléen à Anne Hathaway.

On peut avoir un rapport à elle plus ou moins conscient, mais tout ce qu’on porte veut dire quelque chose, qu’on le veuille ou non.

La preuve avec le débat actuel sur ce que devraient ou non porter les jeunes filles à l’école !

C’est quand même fou ! Tous les gens qui disent que ça n’a rien à voir avec les grands sujets oublient que la mode est politique.

Perso, j’ai toujours travaillé sur mon image pour maîtriser le regard que portent les gens sur moi. C’est un truc de control freak ! Mais ça m’évitait aussi qu’ils voient mes failles. Au moins je portais leur attention sur mes cheveux bicolores, mon os dans le pif, ou peu importe, tant que ça détournait l’attention.

Maintenant je me sens un peu mieux dans mes pompes que quand j’étais plus jeune, même si ça dépend des jours encore, et c’est là que je me suis rendu compte que la mode était une arme. Une arme pour exprimer ma liberté ! En plus ça éloigne les cons, ça attire les curieux, et ça c’est très bien.

Est-ce que ça t’est arrivé de te retrouver face à tes propres contradictions en aimant la mode et en étant activiste ? Qu’est-ce que tu t’autorises ?

Evidemment j’en ai, et j’en aurai probablement toute ma vie. Avant j’en souffrais énormément, je souffrais de ne pas réussir à être quelqu’un d’absolu, à 100% engagée. Mais à un moment je me suis défaite de ça, j’ai assumé de toute ma vie être en proie aux contradictions.

Si un soir je rentre de soirée tard, je sais très bien qu’en étant une nana seule à Paris, un peu éméchée, mieux vaut quand même que je prenne un Uber ou un taxi plutôt que de rentrer à pieds et risquer de me faire agresser. Entre les deux, je préfère ma sécurité à la pollution de la planète ou à entretenir un système ultra capitaliste dont Uber fait partie par exemple. Je peux te citer des milliards d’exemples comme ça, tous les jours dans ma vie !

Je ne sais pas si c’est une excuse que je me donne à moi-même ou si c’est de la sagesse, mais je me dis : chaque chose que tu fais, tente de le faire avec conscience. En te posant la question, en faisant cet arbitrage. Le problème c’est pas tant de faire des choses, c’est de ne pas savoir pourquoi ni comment on les fait. À chaque fois que je fais un truc, même si c’est un peu fatigant effectivement tous les jours, je me pose la question. Est-ce que ça vaut le coup ? Pourquoi je le fais ? Quelle valeur cette chose a-t-elle sur mon échelle personnelle ? Je m’autorise quelques craquages, mais je fais du mieux que je peux pour être bien avec ma conscience. J’ai envie de dire à tous ceux qui souffrent de contradictions de s’apaiser par rapport à ça, de juste continuer de se poser les bonnes questions. Et ceux qui ne se posent pas la question : posez-vous la question ! Renseignons-nous, discutons.

Ce qui me fait peur aujourd’hui sur les réseaux, c’est le culte de l’exemplarité. Ça me fait vraiment flipper. Parce qu’on est tous humains, on fera tous des erreurs. Débattons ! Apprenons à éduquer et pardonner sans pointer du doigt.

Les nouvelles injonctions de notre époque, c’est qu’il faut être anti-raciste, il faut être écolo, il faut être féministe, il faut être bodypositif, plein de « il faut » qui donnent plein d’injonctions à être des gens super libres et ouverts ! Ça ne va pas ensemble ! Faisons tous du mieux qu’on peut, tentons de faire ça déjà. Restons ouverts à l’autre, au dialogue. Et en plus, on n’est pas obligé d’être d’accord sur tout ! On vit dans une société où on n’est plus d’accord de ne pas être d’accord. C’est dommage.

Je crois fort en l’adage : il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis. Moi je n’attends qu’une chose, c’est qu’on me fasse changer d’avis. Je suis prête à dire : « Ok, tu avais raison ». Je crois que c’est comme ça qu’on construit son esprit critique et sa liberté.

 

Pour pré-enregistrer le remix de T.O.X.I.C par KasbaH qui sort le 30 octobre 2020, cliquez ici.

Et soutenez Thérèse qui vient de faire son entrée dans le top 100 Ricard en cliquant ici et en votant pour elle.

À lire aussi : Louane : « Ce nouvel album, c’est un peu un retour aux sources »


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

3
Avatar de Rocksteady
2 novembre 2020 à 16h11
Rocksteady
@Mymy Haegel
Contenu spoiler caché.
2
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