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Vie quotidienne

Ce que sortir avec un royaliste pendant un an m’a appris

Cette madmoiZelle est sortie avec un garçon royaliste pendant un an, et même si leur relation a été compliquée, elle lui a beaucoup apporté.

Il y a plusieurs années, je suis sortie avec un garçon qui se revendiquait royaliste.

Si je suis contente que notre relation soit désormais terminée, je ne peux pas nier qu’elle est sans doute celle qui m’a le plus appris.

Ma rencontre avec mon ex royaliste

J’ai rencontré Cédric au lycée, alors que je n’avais jamais vraiment eu d’expérience en couple auparavant. J’ai été amoureuse de lui assez tôt, bien avant que lui ne le soit de moi, d’ailleurs.

Aussi étonnant que ça puisse paraître, j’ai été très amie avec lui avant qu’on ne soit réellement en couple. Pourtant déjà à l’époque, je connaissais très bien ses positions politiques, plutôt divergentes des miennes.

Il faut dire qu’à ce moment-là, la politique, ça n’était pas franchement dans mes intérêts.

Mon féminisme n’était pas aussi éveillé qu’il l’est aujourd’hui, et je ne m’étais jamais posé la moindre question sur mon orientation sexuelle.

Ce qui me plaisait chez Cédric, c’est qu’il était drôle et extrêmement impressionnant. Il connaissait des tas de trucs, au sujet de plein de choses différentes.

Il était passionné de littérature et d’histoire ancienne, il s’exprimait bien, tous les profs l’adoraient. Dès le début, j’ai développé une sorte d’obsession pour ce mec, que je n’arrivais pas à expliquer moi-même.

Pourtant, le moins qu’on puisse dire est que nous n’avions strictement rien à voir l’un avec l’autre.

Mon ex et moi, le jour et la nuit

Cédric était catholique, aussi. Ça n’était pas la première fois que je sortais avec quelqu’un de croyant, mais là c’était à un autre niveau.

Il ne faisait pas « que croire », il était très pratiquant, mais surtout, il avait en quelque sorte construit son identité autour de ça.

Il était scout, bien sûr, et faisait régulièrement des pèlerinages à Lourdes.

Il se revendiquait ouvertement royaliste et tenait parfois des propos homophobes et intolérants envers les autres religions, notamment l’Islam.

Je me suis toujours demandé comment une personne aussi cultivée et intelligente pouvait en même temps être aussi fermée d’esprit et traditionaliste…

En y repensant aujourd’hui, je me demande encore s’il croyait vraiment à tout ce qu’il disait ou s’il s’agissait d’un personnage dont il n’arrivait plus à se détacher.

C’est comme si c’était plus simple pour lui de se choisir une identité, aussi détestable soit-elle, plutôt que de laisser les autres lui coller une étiquette au risque qu’elle ne lui convienne pas.

Concrètement, il n’avait réellement de programme politique en tête lorsqu’il se disait royaliste.

De ce que j’en ai compris, il s’agissait plutôt d’une sorte de nostalgie pour la société française telle qu’elle l’était (enfin, telle qu’il l’imaginait) sous monarchie de droit divin, notamment concernant l’importance de la religion à cette époque.

Je crois qu’il aimait l’idée d’avoir un roi, choisi par Dieu, à la tête de la France plus qu’il ne réfléchissait aux implications que ça pouvait avoir (après tout, il n’avait même pas 18 ans à l’époque).

Pour info, selon Wikipédia, « le royalisme (…)  consiste avant tout en une ambition pour la France : la volonté de redonner au pays la position hégémonique qu’elle a eue jusqu’au début du siècle passé, de retrouver un monarque apte à enclencher de grands projets, celle aussi de sortir du jeu des partis et de la politique à court terme qui caractérise, pour les royalistes, l’exercice du pouvoir des hommes politiques de la république. »

Toujours est-il que moi qui ai été élevée dans l’idée que la religion est une connerie inventée pour profiter de la vulnérabilité de certains êtres humains, je regardais ça avec beaucoup de distance et de déni, presque comme s’il s’agissait de deux personnes différentes.

Il y avait le Cédric dont j’étais folle amoureuse, et le Cédric royaliste.

Quand j’y repense maintenant, je me demande parfois comment j’ai pu être avec quelqu’un d’aussi différent de moi pendant près d’un an.

Pourtant, je ne regrette pas une seconde avec lui, car c’est au moment où j’ai rencontré d’autres garçons après lui que j’ai réalisé tout ce que notre relation m’avait appris.

Mon ex royaliste m’a appris les dégâts de la masculinité toxique

Cédric était un garçon très fier qui se montrait rarement vulnérable

. En deux ans passés à le côtoyer tous les jours, je crois que je ne l’ai jamais vu pleurer.

Cette retenue permanente entravait bien sûr la communication au sein de notre couple, à tel point qu’il a mis plus d’un mois avant de me dire que ses parents étaient divorcés, tant c’était une honte pour lui.

C’est le cas aussi dans notre sexualité : j’ai un souvenir très précis d’un jour où il s’en est voulu pendant des heures pour une panne d’érection dont je me battais franchement les ovaires.

Tout était très compliqué parce qu’au lieu de discuter de ce qui le mettait mal à l’aise ou en difficulté, il se refermait sur lui-même et cessait de me parler.

Comme il s’agissait de ma première vraie relation, je n’avais même pas cherché à savoir si c’était normal ou pas. Maintenant que je suis familière avec la notion de « masculinité toxique », je comprends mieux d’où venait le problème !

Cédric, comme beaucoup trop d’hommes, n’avait tout simplement pas été éduqué à reconnaître, gérer et exprimer ses émotions.

Idolâtrer quelqu’un ne fait pas une relation équilibrée

Une autre chose qui posait problème dans notre couple, c’est le fait que notre relation n’était pas équilibrée.

Comme je l’ai évoqué plus haut, j’avais beaucoup d’admiration pour lui, mais je crois que ça allait un peu au-delà de ça.

Pendant un an, Cédric a eu une certaine emprise sur moi grâce au doute permanent qu’il entretenait en moi. C’est-à-dire que je n’ai jamais eu la certitude qu’il m’aimait, et j’étais tellement folle amoureuse de lui qu’il en jouait.

En fait, c’était tellement incompréhensible qu’il puisse s’intéresser à une meuf comme moi que je m’accrochais à lui comme une moule à son rocher.

Alors que je n’étais pas moins bien que lui, simplement radicalement différente. Sauf que ça, à l’époque, je ne le voyais pas vraiment.

Tu t’imagines bien qu’une telle relation ne peut pas être saine, et j’en suis bien consciente aujourd’hui.

L’avantage c’est que maintenant, j’arrive à déceler quand mon complexe d’infériorité revient à la charge vis-à-vis d’un mec, et j’arrive à prendre plus de recul qu’à l’époque.

La différence en couple peut être une force, mais pas toujours

Pendant tout le temps que j’étais avec lui, je passais mon temps à me répéter que notre couple fonctionnait parce qu’on se complétait.

Ça a été vrai un temps… sauf que sur le long terme, cette idée a ses limites.

Il m’a déjà dit vouloir une dizaine d’enfants, portant tous des noms de rois de France bien sûr. Déjà à ce moment-là, du haut de mes 16 ans, j’ai un peu paniqué.

Je ne sais pas quelle est sa vision de la charge mentale aujourd’hui, mais à l’époque, je suis presque sûre qu’il s’en serait moqué éperdument.

Être amoureux, c’est bien, mais selon moi ça n’est pas suffisant. Deux personnes qui ont des visions de la vie fondamentalement différentes ne peuvent pas former un couple indéfiniment.

J’ai été très amoureuse de Cédric, et même en le quittant, j’avais encore assez d’affection envers lui pour espérer garder une relation amicale avec lui.

Sauf qu’une relation amicale comme une relation amoureuse nécessite des points en commun, et une fois les sentiments disparus, on a tous les deux vite réalisé que ça serait compliqué.

Le vrai problème, c’est que j’avais changé et que ce dont j’arrivais à faire abstraction quand on était encore ensemble, j’avais l’impression de ne voir plus que ça désormais.

J’ai revu Cédric une fois ou deux après notre séparation, et passé les premières minutes de prise de nouvelles et de discussion un peu superficielle, nous finissions toujours par nous prendre la tête.

Nous sommes trop différents pour bien nous entendre, c’est aussi simple que ça.

Mon ex royaliste m’a beaucoup appris, et je le remercie pour ça

Mais étrangement, je crois que je garderai toujours un bon souvenir de notre relation.

Pas de lui personnellement, parce que mes valeurs font que je ne pense pas qu’il soit une bonne personne, mais de qui nous étions ensemble.

Je suis contente d’être passée par les différents états émotionnels qu’il m’a fait traverser. Je suis contente d’avoir été confrontée à une façon de penser fondamentalement opposée à la mienne.

Ce n’est qu’après lui que j’ai commencé à prendre conscience de ce qui était normal ou pas dans un couple, de ce qui me convenait ou pas, et surtout du fait qu’être amoureuse ne signifie pas être inférieure à l’autre.

Je le remercie infiniment pour tout ce qu’il m’a apporté, et comme dirait Ariana Grande :

« I’m so fucking grateful for my ex ! »

À lire aussi : J’ai fait ma première fois à 25 ans avec un coup d’un soir

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Les Commentaires

65
Avatar de zazouyeah
17 novembre 2019 à 13h11
zazouyeah
Waw, quel topic bien fourni et intéressant

@grenouilleau (et les autres qui discutaient du prix de la monarchie) : voici une vidéo d'un youtubeur qui prend en compte non seulement les dépenses liés à la famille royale anglaise mais également les rentrées d'argent pour le pays :
. Du coup selon ce calcul c'est vachement profitable de garder un monarque en fonction au Royaume Uni (je me demande bien ce que ça donnerait pour la Belgique par contre). Toute la chaîne du gars est intéressante, elle parle entre autres de systèmes politiques et de différents moyens d'implémenter une démocratie représentative.

@Nastja : pour ce qui est de l'ordinateur gouvernant, pas besoin d'une intelligence artificielle pour faire une comparaison bénéfices-risques: ce qui est difficile est de faire une optimisation sous contraintes en décidant quelles contraintes doivent prévaloir sur les autres (sinon on se retrouve avec des solutions du type "tuer/laisser mourir toutes les personnes âgés et les malades incurables qui coûtent cher au système pour que tous les autres aient un niveau de vie décent et que l'économie soit compétitive". Le choix de l'importance des contraintes échoit donc toujours à de vraies personnes qui vont se baser sur leurs propres convictions politiques, qu'elles soient codées directement (avec toutes les difficultés que comportent les décisions éthiques, cfr le lien de @Cococinulle ) ou reproduites par le machine learning (biais difficiles à éviter cités par @MissMachine et @RubyMizuki ).
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