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Culture

« Le sable, enquête sur une disparition », un docu révélateur sur ARTE – En replay

« Le sable, enquête sur une disparition » est un documentaire inédit de Denis Delestrac, diffusé le mardi 28 mai 2013 sur ARTE.

– (Vous pouvez le visualiser ici jusqu’au lundi 3 juin ou sur ARTE le 24 juin à 9h.)

Le sable, enquête sur une disparition rentre dans la catégorie de ce que j’appelle « les documentaires qui dénoncent et qui ont le mérite de nous apprendre une chose très importante sur notre monde qu’on n’aurait jamais découverte autrement ».

Je sais, c’est un peu long comme nom de catégorie. Néanmoins, il faut reconnaître que parfois, on apprend une information sur le monde dans lequel nous vivons, et nous nous demandons pourquoi nous n’avons jamais rien lu sur le sujet dans un magazine, ou vu à la télévision… Et je trouve ça extrêmement dommageable, surtout lorsque l’information en question concerne notre environnement direct et peut impacter durablement nos vies. Je ne parle même pas de la nécessité d’avoir une conscience écologique : il me semble simplement naturel d’avoir droit à ce genre d’information.

C’est ce qui m’a motivé à vous parler de ce documentaire très bien fait (on se croirait dans un plan de commentaire composé, c’est vous dire) et à vous inviter à le regarder, parce que zut, ça craint un peu là !

Le sable, une denrée en danger

sable2Imaginez-vous dans plusieurs dizaines d’années. Les îles paradisiaques d’Océanie pourraient avoir disparu. La plage bretonne où vous alliez en vacances lorsque vous étiez petit-e-s pourrait ne plus exister, et les maisons côtières du village s’être effondrées dans l’océan. Qui plus est, les pêcheurs dudit village pourraient très bien ne plus exercer, faute de poissons.

Même si cette projection peut paraître un tantinet alarmiste, elle n’en est pas moins réaliste.

Le sable se trouve être une des ressources naturelles les plus utilisées par l’homme. La deuxième même, après l’eau. Vous ne vous l’imaginiez pas, n’est-ce pas ? Mais le sable rentre dans la composition d’énormément de produits. Le verre, ça j’imagine que vous le saviez. Vous étiez probablement au courant qu’il était un composant utilisé pour fabriquer des microprocesseurs, et donc des ordinateurs, des télévisions, des téléphones, des cartes bancaires, etc.

Mais il rentre aussi, sous une forme différente, dans la composition d’énormément d’alliages synthétiques légers de l’industrie.

sable3Et, plus important encore, il est utilisé dans la construction : c’est un composant essentiel du béton armé. Une grande partie des constructions humaines modernes sont réalisées en béton : c’est facile, c’est simple, ça va vite, tout le monde sait le faire. Essayez donc de visualiser, tout simplement, la quantité de béton que vous pouvez croiser chaque jour, rien qu’en marchant dans la rue ou en allant au travail.

Eh bien il y a du sable là-dedans, à chaque fois. Et pas une quantité négligeable ! Prenez une maison de taille moyenne : elle nécessite 200 tonnes de sable. Vous vous dites, à la rigueur, 200 tonnes ça va vite, pourquoi pas. Si mes murs doivent tenir à ce prix-là, bon…

Mais un kilomètre d’autoroute ? C’est peu, un kilomètre. Des routes, on en a à ne plus savoir qu’en faire ! Eh bien un kilomètre d’autoroute, c’est 30 000 tonnes de sable. 30 000 tonnes, tout de suite, c’est pas rien. Une centrale nucléaire, outre le fait qu’elle est extrêmement préjudiciable à l’environnement à cause de ses déchets, coûte 12 millions de tonnes de sable.

12 millions, c’est un chiffre plutôt vertigineux, non ? La consommation annuelle mondiale de sable atteint les 15 milliards de tonnes.

Vous commencez à comprendre pourquoi c’est la deuxième ressource naturelle la plus exploitée au monde, non ? Et pourtant, presque personne ne le sait.

sable1« Mais le sable, il y en a plein partout… »

Tout ce sable est GRATUIT à exploiter. Auparavant, pour fabriquer du béton, on utilisait du sable qui venait de carrières terrestres. Mais elles sont épuisées, du coup, on va chercher le sable là où il y en a plein, et où il n’appartient à personne : au fond de la mer. C’est pratique non ? Ça ne coûte rien à personne, et ça peut rapporter très gros : 15 milliards de tonnes par an, c’est pas rien.

Or, prendre le sable dans la mer, ça n’est pas bien. Pourquoi ? D’une part, comme c’est gratuit, on peut se gaver de façon déraisonnable

, forcément. À Dubaï, par exemple, ils ont utilisé tout le sable disponible. Ils ont construit énormément d’immeubles… Vides, pour certains, d’ailleurs. Et même des îles artificielles dites donc ! Dont un archipel entier qui n’a jamais été terminé. Ou comment surconsommer une ressource naturelle, pour rien. On pourrait aussi parler des villes entières qui ont été construites en Chine et jamais habitées, ou des aéroports jamais mis en service en Espagne. Tout ceci a nécessité du sable, qui n’est pas réutilisable, car il est prisonnier du béton.

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Et le sable, ce n’est pas magique : il a souvent mis des centaines d’années avant d’arriver au fond de la mer. Le sable vient de la lente érosion des montagnes, qui entraîne des éclats de cailloux dans le lit des rivières, qui à leur tour affinent ces roches en les transportant finalement dans les océans. Mais ça ne se fait pas en un jour, hélas. Et cette ressource n’est pas infinie.

À ce stade de votre lecture, comme vous n’êtes pas stupides, vous allez me dire que oui, bon, c’est emmerdant, mais le sable, il y en a plein le désert, oh !

Et c’est vrai que ça pourrait être tentant, après tout. Les pays désertiques subissent un problème environnemental grave, les déserts avancent, grignotent sur les terres arables, ça pourrait être une solution avantageuse pour tout le monde ! Sauf que non, en fait. Le sable du désert, il est trop rond. Il est trop bien poli, c’est bête mais c’est comme ça. Il est inutilisable, alors que le sable marin, lui, est bien rugueux comme il faut, ses petits grains s’accrochent entre eux bien sagement.

Sous les pavés… les pavés.

Mais ça n’est pas encore le plus grave, ni le plus absurde.

Le sable qu’on prend dans la mer, bien évidemment on ne le prend pas sur la plage, hein, la plage ça rapporte de l’argent en terme de tourisme. On le prend plus loin… mais ça ne change rien. Le fond de la mer est plus bas que le niveau de la plage, d’accord ? Donc ça fait une cuvette. Si vous prenez du sable au fond de la cuvette, et que ce sable va jusqu’à la plage, eh bien… La plage va couler au fond de la cuvette pour remplacer ce qui manque, tout simplement. Le sable de la plage va petit à petit s’écouler au fond de la mer. Alors du coup, il y aura toujours du sable au fond de la mer, on pourra aller le reprendre, youpi ! Et pendant ce temps-là, la plage s’effrite. Un jour, il n’y aura plus de plage, zut ! Vite, il faut la remblayer ! Allons prendre du sable dans la mer ! Bref… Vous l’aurez compris, c’est absurde parce que c’est sans fin… Enfin, jusqu’au jour où il n’y aura vraiment plus de sable nulle part pour remblayer quoi que ce soit.

plage

Plus de plage, plus de côte, plus de construction

Une plage, ça n’est pas là juste pour faire joli. Grosso modo, c’est un « organisme vivant » qui sert à protéger une côte. Plus de plage de sable pour faire barrière, plus de protection contre le vent, l’eau. La côte va commencer à se déchiqueter, à s’effondrer. Et un jour, sans doute, on ne pourra plus habiter en bord de mer, s’il n’y a plus de plage. L’océan va s’étendre en morcelant les côtes. Il faudra sans doute déplacer des populations… leur trouver de nouveaux logements… Mais s’il n’y a plus de sable pour construire ? Caramba, encore raté !

Voilà ce qu’il se passe lorsque c’est notre avenir qu’on hypothèque. Et cette situation est déjà bien lancée, sans vouloir vous inquiéter. Aux Maldives par exemple, où le marché du sable est une juteuse opportunité pour ceux qui peinent à nourrir leur famille. C’est plutôt simple : on prend une barque, des sacs vides, on plonge et hop, on remplit son sac et on le remonte. L’investissement est minime, et ça rapporte. Sauf que ces gens-là habitent des îles, et que ces petites îles disparaissent, grignotées par la mer.

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Mais en attendant de tous avoir les pieds dans l’eau et de s’entasser les uns sur les autres, on détruit des écosystèmes, bien entendu. Car pour récupérer le sable des fonds marins, bien souvent on utilise une drague, une sorte d’énorme pompe qui aspire des tonnes de sable à l’heure. Et la drague, elle s’en fiche des coraux, des poissons, et de tout le bazar qu’il y a avec le sable. Après, je dis ça, je dis rien : peut-être que vous vous en fichez des petits poissons, hein.

Vous auriez le droit. Mais le corail aussi est une barrière naturelle qui protège les rivages, par exemple. Et le poisson, les crustacés, tout cela, eh bien ça nourrit son homme, et ça crée des emplois tout de même. Et je vous parle pas du fait qu’ils n’ont jamais demandé à se faire tous aspirer la couenne comme des sauvages.

Quel est le problème véritable, au final ? C’est que l’Homme se comporte comme un gros tâcheron (j’ai envie de dire « comme d’habitude ») sans se poser la question des conséquences éventuelles sur son environnement, en ayant une vision à court terme. Ça rapporte plein plein d’argent parce que la ressource est gratuite, et puis on a quand même l’impression qu’il y en a plein, après tout ! Y a des océans partout ! La même attitude qu’avec l’eau, ou le pétrole, tenez. Sauf que quand il n’y en aura plus ou presque, ça coûtera encore plus cher d’en avoir, et qu’on ne peut pas le fabriquer, le sable.

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Ou presque. Vous voyez, toutes les bouteilles vides, les bocaux que vous jetez à la poubelle ? Dans les déchetteries, au moins un tiers du verre n’est jamais recyclé. Mais ce verre, on peut le concasser pour en fabriquer du faux sable, qui se comporte comme le vrai. Tout pareil. Sauf que ce faux sable, il faut le fabriquer… donc ça coûte de l’argent.

Eh oh, attendez, je n’ai jamais dit que le principal problème environnemental c’était le système capitaliste, moi, hein ! Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, galopins !

Il vous reste encore ce soir pour regarder le documentaire en replay, ou le choper en rediffusion le 24 juin à 9h du matin

Vous l’avez déjà regardé ? Qu’est-ce que vous pensez de cette problématique ?


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

11
Avatar de Mailine
4 juin 2013 à 21h06
Mailine
article très intéressant j'avais aucune idée de tout ça !
A part en parler autour de nous et participer à des actions pour alerter l'opinion et les gouvernements, qu'est-ce qu'on peut faire au niveau individuel pour éviter le gaspillage du sable ? Quels produits particulièrement gourmands en sable on peut éviter ? (les sablés ?   Est-ce qu'on peut envisager du béton armé sans sable ? est-ce qu'il y'a des recherches sur ce genre de choses ?

Etudiante dans le BTP à la rescousse 
En fait le sable sert de liant pour le béton, donc sans sable bah ... pas de béton. On utilise aussi des granulats (du gravier et tout), mais l'avantage du sable c'est que c'est assez fin pour se mettre entre les gros bouts de gravier !
De toute manière la fabrication de béton c'est paaaas du tout écolo. Comme c'est de plus en plus important les questions d'écologie il y a pas mal de recherches sur des matériaux plus écologiques, recyclés etc, donc il y a des alternatives, même si c'est forcément assez cher et très marginalisé pour l'instant.
Y a le cematerre par exemple qui est un matériau très semblable au béton mais avec pas du tout de sable. On utilise même des briques en plastiques recyclé et je connais pas tout ce qui existe !
Tout connement on peut aussi construire en bois et en paille, ça marche très bien pour des habitations.
En tout cas il y a pas mal de recherches faites sur des matériaux moins "méchants" que le béton, ça cherche et ça trouve même, donc tout n'est pas perdu, il faut surtout démocratiser tout ça 
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