Plan 9 from Outer Space (Edward D. Wood, 1959)
L’histoire
Plan 9 from Outer Space raconte la choquante et véritable histoire des pilleurs de tombes de l’espace. C’est pas moi qui le dit, c’est le type du générique d’ouverture (Criswell, le voyant qui avait prédit l’assassinat de Kennedy – on le verra, ce film fait la part belle à de nombreuses stars). Afin de contrecarrer les plans des Terriens du futur, disposant d’une arme terrifiante capable de réduire l’univers à un tas de poussière, une nation extraterrestre cherche à éradiquer la menace grâce à un plan des mieux pensés : réveiller deux ou trois morts et les laisser tuer le reste de la population. Le tout, dans un anglais parfait et dans de très belles grenouillères en polyester.
Pourquoi ce film ?
Pour plusieurs raisons. D’abord, ce film, c’est un peu l’origine du Z. Son réalisateur/scénariste/producteur, Ed Wood, dont tu as peut-être vu la biographie par Tim Burton, est considéré comme le plus mauvais réalisateur de tous les temps – tu comprendras pourquoi en regardant Plan 9. L’histoire mêle audacieusement des éléments d’horizons pas immédiatement compatibles : zombies, vampires, aliens, uniformes militaires et armes de destruction massive. Thèmes que nous verrons maintes fois repris dans les productions Z des années à venir.
Tu remarqueras que ce film diffère des autres films dont on parlera ici par son absence de scènes gores, les scènes de mort – que ce soit par la main d’une créature de l’au-delà ou en traversant la route – étant habilement suggérées. Pour ne pas choquer le spectateur ? Plutôt par manque de budget. Heureusement, le film comporte par ailleurs des scènes d’action (enfin, une) violentes et rythmées, ainsi qu’une poignée d’effets spéciaux particulièrement réalistes avec de la fumée (démontrant avec brio l’expression ‘il n’y a pas de fumée sans feu’).
L’absence de budget se ressent aussi dans les décors en carton, les scènes qui alternent plan de nuit et plan de jour, les montages incohérents et les grosses ficelles qu’on trouve habituellement dans ce genre de production – aussi bien celles du scénario que celles qui servent à faire voler les soucoupes volantes.
En revanche, cela ne saurait être une explication cohérente à la médiocrité des dialogues, accentuée par la platitude du jeu des acteurs. Tout ça étant bien entendu une métaphore de la léthargie de la nation au lendemain d’un conflit annonçant une menace lourde et planante pour les décennies à venir.
On l’a vu au générique d’ouverture, les plus courageux le verront aussi à la fin, Criswell et sa banane asymétrique sont les invités d’honneur. Des stars comme lui, il y en a à la pelle dans cette petite production indépendante : Vampira, le rugeux cowboy Tom Keene, Tor Johnson, et un peu Bela Lugosi. On trouve aussi des acteurs qu’on ne reverra que dans des films comme Jail Bait et Kung Fu Cannibals. Un peu Bela Lugosi disions-nous donc, dans le rôle du vampire bien évidemment, sa participation restant limitée à des scènes muettes (recouvertes de la voix du narrateur) bouclées deux ans avant la réalisation du film, l’acteur étant mort avant le début du tournage. Le reste du rôle est interprété par le chiropracteur d’Ed Wood, qui masque discrètement son visage derrière une manche de sa cape, avec beaucoup de raffinement.
On a donc un film avec un concept qui s’articule autour d’extra-terrestes humanoïdes, de créateurs d’outre-tombe, de deux ou trois stars underground un peu flippantes (à l’époque, il fallait encore traverser des bois pour aller à l’école et tout le monde n’avait pas l’électricité), de scènes déjà tournées avec une grande cape noire, d’un contexte de guerre froide et d’un stock d’uniformes d’officiers de l’armée américaine. Qu’est-ce qu’on peut bien faire avec tout ça? Un chef d’oeuvre symboliste ponctué de gags qui ne manquent jamais de tomber à plat et d’effets spéciaux particulièrement mauvais même pour l’époque. Un classique, en somme.
The Toxic Avenger (Lloyd Kaufman et Michael Herz, 1984)
L’histoire
Bienvenue à Tromaville, terre de politiciens véreux et de déchets radioactifs. Melvin est balayeur au gymnase municipal, et accessoirement la cible des mauvaises plaisanteries de la bande à Bozo, des brutes affreuses, bêtes et méchantes (ils écrasent des enfants pour s’amuser). Jusqu’au jour où Melvin atterrit dans un baril de déchets nucléaires. Ce jour là, Melvin devient The Toxic Avenger, créature difforme qui jure de se venger de ses bourreaux et de rétablir l’ordre et la paix à Tromaville.
Histoire d’amour aveugle et complots politiques viennent compléter le tableau pour une grande farce gore au paroxysme du Z.
Pourquoi ce film ?
The Toxic Avenger est avant tout le film qui a lancé Troma Entertainement, boîte de production indépendante des deux compères Kaufman et Herz. Troma tient une place particulière au sein du Z, leur approche du gore comique et trente-sixième degré étant largement compensée par leur utilisation outrancière de ketchup et de latex vulcanisé. Toxie devient d’ailleurs la mascotte et effigie de la boîte. Les fluides corporels coulent à flot, l’humour est plus que douteux, les personnages, taillés au couteau dans des blocs de ciment (mal dégrossis quoi), les dialogues se résument à des phrases qui, dans la bouche d’un Schwarzy ou d’un JCVD, auraient tôt fait de devenir cultes, l’image est celle d’une vidéo amateur sur une caméra trouvée dans une décharge, et les séquences à effets spéciaux finissent par être écoeurantes d’absence de réalisme.
Les incohérences scénaristiques n’ont d’égales que les incohérences de mise en scène, propulsant le spectateur dans une dimension absurde, au cas où les trois premières minutes du film ne l’auraient pas déjà fait.
Une véritable réalisation indépendante, un pavé dans la mare hollywoodienne qui, à l’époque, en avait bien besoin. Lutte des classes, magouilles politiques, victoire du bien contre le mal, providence et amourettes gnagnan, les thèmes abordés sont multiples, bien que le film s’apparente avant tout à une variation sur le thème du super-héro – à quoi correspond-il, une fois tout le glamour et l’aura balayés? La musique, à l’image du film, pourrait résumer le concept de ‘camp’ à elle toute seule.
Les acteurs, dans la grande tradition du genre, n’ont pour la plupart jamais joué dans un autre film qui ne soit pas une production Troma ou apparentée – ni avant, ni après. Alors, que faire après avoir vu The Toxic Avenger ? Prier pour qu’on fasse disparaître ces 90 minutes de ta mémoire, ou en redemander (mais pas trop hein, on ne voudrait pas d’indigestion).
Troma Entertainement compte une longue liste de films – Dead Dudes in the House, Class of Nuke ’em High, Surf Nazis must die, le récent Poultrygeist – Night of the Chicken Dead, Sgt Kabuki NYPD, Zombie Island Massacre (un film où il n’y a pas de zombies), Hellblock 13 (Debbie Rochon et Gunnar Hansen)…, qui ont autant diverti l’Amérique white trash qu’inspiré nombre de réalisateurs – de Tarantino à Peter Jackson, en passant par Trey Parker et Matt Stone (créateurs de South Park).
Killer Klowns From Outer Space (Stephen Chiodo, 1988)
Ma peur des clowns n’est un secret pour personne mais ce que peu de gens savent, c’est que j’ai une arme secrète : ce film. Sans pour autant me guérir définitivement de ma peur, il réussit cependant à me faire tellement rire que je ferais presque un câlin à ces clowns extra-terrestres pour les en remercier.
Sorti en 1988, ce film raconte l’histoire d’une petite ville américaine (forcément) dans laquelle des étudiants font la fête, flirtent et boivent joyeusement (forcément bis), lorsqu’une étoile filante traverse le ciel pour atterrir à quelques pas de la ville. Mike et Debbie, petits curieux insouciants et visiblement peu informés, décident d’aller voir ça de plus près. Sur place, ils trouvent un chapiteau géant dans lequel se succèdent des couloirs aux couleurs chatoyantes. Ils arrivent alors dans le vaisseau, dans lequel ils trouvent des cocons en barbe à papa (miam !) qui renferment… des cadavres (forcément ter). Panique à bord et fuite directe en direction du commissariat où dieu merci, ils trouvent quelqu’un qui les croit ! Et pendant ce temps là, les clowns (qui semblent être sponsorisés par Play-Doh) foutent leur zone un peu partout.
Alors oui, c’est pourrave, mais c’est fait exprès ! Du coup, pas moyen de s’indigner ou de pester, on ne peut que se détendre, sortir les seaux de pop corn (et de barbe à papa), et admirer le spectacle. C’est sale, kitsch à souhait, niais comme du Jeanne et Serge, sale comme un gosse qui bouffe des coquillettes au ketchup et ça se mange sans faim. Et joie, bonheur et cabrioles ! Le DVD est disponible depuis Mars 2009, plus besoin de dépoussiérer le vieux magnétoscope quand nous prend l’envie de faire un saut en 1988 ! Leurs armes sont ridicules, leurs gags sont mortels, et ils sont inoubliables.
Du bon gros navet de compétition qui ne se prend pas au sérieux une demi-seconde, à regarder entre potes, ou un soir de déprime – parce que bon, à la base, les clowns c’est bien fait pour nous faire rire…
Trailer :
http://www.youtube.com/watch?v=B_BPcDOjJCc
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Pour d'autres titres tout aussi hauts en couleur, il faut aller jeter un oeil à Nanarland (les extraits audio et vidéo sont particulièrement savoureux), et Bad Movies pour celles qui parlent anglais (site très complet avec critiques, citations, extraits etc.)