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Culture

Optimisme et pessimisme : comment percevons-nous ce qui nous arrive ?

Qu’est-ce qu’être « optimiste » ou « pessimiste » ? Pourquoi est-on l’un ou l’autre, et comment cela influe-t-il sur notre quotidien ? Justine vous dit tout !

La semaine dernière, nous causions d’un ouvrage écrit par Serge Ciccotti et Nicolas Guéguen, Pourquoi les gens ont-ils la même tête que leur chien. Figurez-vous que Ciccotti, rockstar de la vulgarisation du savoir en psychologie sociale, a encore frappé : le chercheur a conçu la « Psy Box : 25 tests pour savoir qui vous êtes vraiment ». Une nouvelle fois, le psychologue met à la portée à tou-te-s une ribambelle de découvertes et d’éléments scientifiques – la boîte est ludique et aborde tout un tas de sujets (l’amour, le couple, la perception, les traits de caractères…). Elle ne suffira peut-être pas à contenter celles et ceux qui auraient soif d’informations en profondeur, mais la Psy Box est clairement un chouette outil.

C’est de cette box qu’est issu le live test du jour – madmoiZelles, à vos concentrations, l’heure est venue de vous tester !

Imaginez la situation suivante :

Vous attendez le bus avec trois autres personnes. Soudain apparaît une voiture qui roule à grande vitesse. Le conducteur perd le contrôle de l’engin, qui finit dans l’abribus. Fauché-e par la voiture, vous avez une jambe cassée. Les deux autres personnes qui étaient près de vous n’ont rien, elles n’ont pas été touchées par la voiture.

Considérez-vous que vous ayez eu de la chance ou de la malchance ? 

Vous vous en doutez probablement, ce test permet d’aborder la manière dont vous percevez le monde et donne une indication sur vos penchants optimistes ou pessimistes.

Mes petit-e-s poulet-te-s, c’est donc l’occasion de faire un point sur ce que nous dit la psychologie sociale de l’optimisme et du pessimisme : est-on nécessairement l’un ou l’autre, ou vogue-t-on entre l’un et l’autre selon les contextes ? Quels sont les avantages et les inconvénients des deux postures ?

Dans les Cahiers Internationaux de Psychologie Sociale, Charles Martin-Krumm propose une analyse synthétique des travaux sur le sujet… Revenons ensemble sur ce que l’auteur nous dit.

Selon lui, l’optimisme pourrait se définir comme « la confiance dans l’issue positive d’un évènement », tandis que le pessimisme serait plutôt entrevu comme l’attente du pire. A priori, les recherches montreraient que nous serions plus enclins à nous attendre à des évènements positifs, comme si nous étions soumis à un « biais d’optimisme » (qui, dans sa forme exagérée, pourrait aller jusqu’à un « optimisme irréaliste »). Par exemple, nous pensons généralement être à l’abri d’une séparation ou d’un divorce, ou d’une période du chômage. Lorsque cette tendance à voir la vie en rose est modérée, ses effets sont plutôt bénéfiques : cela nous aide à atteindre nos buts, à mettre en place des stratégies pour « y arriver », et à réduire le stress éventuel.

Mais chaque jour, nous expérimentons de l’optimisme (« J’suis une gagnante ! ») et du pessimisme (« Je ne suis bonne à rien ») : ces tendances relèvent-elles d’un trait de caractère ou d’un état qui fluctuerait ?

Vous allez rigoler : en psychologie, les deux conceptions existent. U mad ?

L’optimisme dispositionnel : qu’attendez-vous de vos expériences futures ?

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Dans la première conception de l’optimisme et du pessimisme, nommée conception directe, les deux tendances seraient directement fondées sur nos attentes : si celles-ci sont positives, nous serons considéré-e-s comme optimistes ; mais si nous nous attendons à vivre des expériences négatives, nous serons plutôt perçu-e-s comme pessimistes.

Dans ce cas, l’optimisme ou le pessimisme sont envisagés comme une variable cognitive, une tendance stable : si nous sommes optimismes, nous aurions confiance en un avenir positif, et cette confiance serait basée sur l’estimation de nos probabilités de réussite et de notre efficacité personnelle.

Cette disposition à l’optimisme ou au pessimisme pourra avoir plusieurs impacts sur les individus : ainsi, si vous êtes considéré-e comme optimistes et que vos buts ne sont pas en accord avec votre situation présente, vous pourrez plus facilement mettre en place des stratégies et des efforts pour atteindre ces buts. Un-e optimiste pourra persévérer, donner le meilleur de soi-même… Du coup, les problèmes auront moins d’impact sur un-e optimiste – que ce soit physiquement ou émotionnellement. En fait, l’optimisme vous « protège » lorsque vous êtes confronté-e-s à des difficultés. Pour donner quelques illustrations, des recherches montrent que l’optimisme serait corrélé à la réussite académique d’étudiant-e-s, ou permettrait l’utilisation de stratégies pour faire face à la difficulté lors d’une performance sportive, etc. En revanche, si votre tendance est plutôt pessimiste, alors vous essaierez moins, vous ferez peut-être moins d’efforts, vous serez plus fatalistes…

La principale distinction entre optimiste et pessimiste pourrait bien résider dans les stratégies que l’on met (ou pas) en place face à des obstacles : les optimistes adopteraient des stratégies dites « vigilantes » (ils seraient acti-f-ve-s, s’impliqueraient plus), tandis que les pessimismes se tourneraient vers des stratégies dites « évitantes » (le déni, la résignation…).

Pourquoi est-on plutôt optimiste ou pessimiste ? L’est-on, ou le devient-on ? Pour l’heure, les réponses sont complexes et plusieurs facteurs joueraient un rôle : la génétique (pas forcément de manière incroyable), l’éducation apportée par les parents et l’entourage, le propre niveau d’optimisme de vos parents, …

L’optimisme d’attribution : comment expliquez-vous ce qu’il vous arrive ?

Cette fois, nous sommes devant une conception « indirecte » : les niveaux d’optimisme ou de pessimisme sont mesurés à l’aide d’autres indicateurs (notre volonté à mobiliser des ressources pour atteindre nos buts, la confiance que l’on a dans nos moyens, etc.), et les deux notions sont abordées en termes de « styles explicatifs ». On envisage ici la manière dont une personne explique les évènements positifs ou négatifs qu’elle rencontre.

Un « style explicatif » sera une tendance à donner le même type d’explications à plusieurs évènements, en termes d’internalité (est-ce que je considère que c’est de ma faute ou pas ?), de stabilité (est-ce que je pense que ce sera toujours comme ça ou pas ?) et de globalité (est-ce que je crois que « c’est pareil pour tout ce que je fais » ou pas ?). Si vous voulez, un style explicatif est une vision des causes d’un évènement.

En l’occurrence, vous serez pessimiste lorsque vous attribuerez vos échecs à un facteur interne (c’est ma faute, ma très grande faute), stable (ce sera toujours comme ça) et global (je crains partout) et vos réussites à un facteur externe (je n’ai rien fait pour réussir), instable (franchement, c’est un coup de bol) et spécifique (de toute façon, c’est bien la seule fois).

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Inversement, vous serez optimiste lorsque vous expliquerez vos échecs par un facteur externe (bah, je n’y suis pour rien, c’est le sujet qui était trop difficile), instable (je ferais mieux la prochaine fois), spécifique (j’ai foiré mon test de maths, mais je suis très fort-e ailleurs), et vos succès par un facteur interne (j’suis un-e gagnant-e), stable (j’suis toujours un-e gagnant-e) et global (j’suis un-e gagnant-e en tout).

Vous voyez ? Ce qui vous place du côté optimiste ou pessimiste de la Force, ce sont les attributions récurrentes que vous faites à propos de ce qui vous arrive.

Les styles explicatifs auraient également des conséquences : lorsque vous faites preuve d’un style explicatif pessimiste, vous êtes plus résigné-e, avez de plus faibles performances scolaires ou professionnelles, êtes en moins bonne santé… En théorie, le style explicatif ne peut pas être considéré comme la cause directe et immédiate de vos problèmes – mais c’est un « facteur de risque ».

Dans cette conception, comme dans la précédente, les « raisons » d’un style explicatif sont multiples et complexes. Il y aurait ainsi un rôle des facteurs génétiques (mais de façon indirecte – pour schématiser, disons que les facteurs génétiques vont amener certaines prédispositions physiques ou psychologiques qui peuvent influer sur le style explicatif), des expériences singulières (si vous vivez des périodes de maladies, de traumas, de gros échecs, vous pourrez plus facilement développer un style explicatif pessimiste), des facteurs sociaux (votre entourage, les personnes importantes pour vous joueront aussi un rôle dans le développement de votre style explicatif)….  Tous ces facteurs pourraient contribuer à la manière dont nous percevons le monde, mais on ne peut rien affirmer de façon péremptoire – aujourd’hui, on ne connaît exactement ni le rôle des facteurs, ni leurs natures.

Et nous dans tout ça ?

Que peut-on tirer des deux conceptions ? Le truc important, c’est que si l’on peut avoir une tendance à l’optimisme ou au pessimisme, nous pouvons changer – en fonction des contextes, des moments de nos vies, de notre âge, de nos expériences antérieures… Nous pouvons jouer un rôle là-dedans, nous pouvons développer l’optimisme (ça, ça aura à avoir avec la « psychologie positive » – si vous êtes partant-e-s, nous reviendrons sur ce sujet-là), développer une éducation positive. Il est sans doute essentiel de noter aussi que l’optimisme n’a pas que des avantages : lorsqu’il est trop poussé, il pourrait nous mener à adopter des conduites dangereuses, irréalistes, irraisonnées (par exemple, une étude montre que des étudiant-e-s « trop » optimistes pourraient adopter des conduites à risque pour leur santé, notamment en matière de consommation d’alcool).

Peut-être aussi que tout est une question d’équilibre ou de modération, qu’il s’agit d’être optimiste ou pessimiste « jusqu’à un certain point ». Peut-être que nous pouvons être ni l’un, ni l’autre ou l’un et l’autre à la fois.

Pour aller plus loin :


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Les Commentaires

8
Avatar de Fredibou
28 janvier 2013 à 21h01
Fredibou
C'est plus facile d'être pessimiste que l'inverse!
1
Voir les 8 commentaires

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