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Féminisme

Les pères qui font le ménage permettraient à leurs filles d’être plus ambitieuses

Justine s’attarde cette semaine sur une étude américaine qui montre que les pères participant aux tâches ménagères offrent à leurs filles plus d’ambition dans la vie.

Souvent, lorsque le sujet de la répartition des tâches ménagères dans les couples surgit, les réactions s’enflamment : il y a celles et ceux pour qui le sujet compte, celles et ceux pour qui « il y a des causes plus importantes »… et celles et ceux qui vous qualifient de « brigade du plumeau ».

Eh bien figurez-vous que la thématique a été prise très au sérieux par la chercheuse Alyssa Croft – l’une de ses études, qui paraîtra sous peu dans le magazine Psychological Science, indique que les tâches domestiques et leur partage entre conjoint-e-s auraient un impact bien important sur la manière dont les enfants entrevoient leurs futurs, et en particulier leurs avenirs professionnels.

Des chercheurs-es qui observent le « genre » dans les familles

Pour parvenir à analyser l’impact du partage des tâches ménagères sur les enfants, l’équipe menée par Alyssa Croft a interrogé 326 enfants, âgés de 7 à 13 ans, et au moins l’un de leurs parents.

À l’aide de questionnaires, les chercheurs-es ont mesuré plusieurs choses :

  • Les croyances à propos des « rôles de genre » – l’équipe de recherche présente aux enfants et aux parents un couple hétérosexuel fictif et leur propose d’évaluer quelle personne fait le plus de tâches ménagères (vaisselle, nettoyage, cuisine, linge,…) ;
  • Les stéréotypes explicites des parents à propos d’eux-mêmes – dans cette étape, les chercheurs-es présentent des situations aux parents et leur demandent de se situer par rapport aux personnes présentées (se sentent-ils plus semblables à une personne qui priorise sa carrière, à quelqu’un qui place sa famille en premier, etc.) ;
  • Les stéréotypes implicites des parents – cette fois, les parents passent des « tests d’associations implicites » (on essaie d’observer quelles associations automatiques ils font avec les genres, en gros, si, de façon implicite, ils associent le ménage aux femmes et le boulot aux hommes) ;
  • Le travail et les tâches domestiques des parents – pour avoir une idée de la répartition des tâches dans les couples interrogées, les chercheurs-es interrogent les parents sur le nombre d’heures rémunérées qu’ils font par semaine, et leur contribution aux tâches ménagères (ils doivent alors se situer sur une échelle qui va de « – 100 – c’est l’autre qui fait tout » à « + 100 – c’est moi qui fait tout ») ;
  • Les aspirations des enfants – tout d’abord, on présente aux enfants le même couple fictif présenté aux parents précédemment, en leur demandant à quel adulte il souhaiterait le plus ressembler en grandissant ; ensuite, les chercheurs-es demandent aux enfants ce qu’ils souhaiteraient faire lorsqu’ils seront plus grands.

Quels résultats ?

L’objectif d’Alyssa Croft et de son équipe, c’était donc d’examiner les croyances, attitudes et comportements des parents à l’égard des rôles de genres et de la répartition des tâches domestiques, et d’observer l’impact potentiel des croyances, attitudes et comportements sur les aspirations des enfants.

Les résultats de l’étude indiquent que la manière dont les parents partagent les tâches ménagères jouerait un rôle essentiel sur les aspirations de leurs enfants, et tout spécialement sur les aspirations de leurs filles.

Évidemment, lorsque les deux parents ont des croyances, attitudes et comportements « genrés » (c’est-à-dire lorsqu’ils expliquent de façon explicite que les hommes et les femmes sont censés faire des choses différentes) (et que le ménage, tu penses bien que c’est pour madame), les enfants sont marqués et se construisent avec ces croyances – dans ce cas, ils ont souvent des aspirations « genrées » (autrement dit, les filles s’imaginent dans des métiers que l’on associe généralement aux femmes, et les garçons se tournent vers des carrières que l’on associe aux hommes).

À l’inverse, lorsque les parents soutiennent l’égalité des sexes, les attitudes des enfants seront moins genrées…

Mais finalement, le facteur qui semble être le plus « prédictif », avoir le plus d’impact sur les enfants, ce serait le comportement réel des pères à la maison : lorsque les pères participent autant que les mères aux tâches ménagères, les filles auraient des aspirations beaucoup moins genrées, se projetteraient dans des carrières moins traditionnelles, seraient plus ambitieuses…

Si les pères soutiennent l’égalité des sexes, mais que leurs actes ne suivent pas, cet effet disparaît et leurs filles seront alors plus enclines à se voir dans des métiers liés à leurs genres. Pour faire simple… lorsque les comportements ne sont pas égalitaires, même si le discours l’est, cela suffit pour mettre des barrières aux filles.

Pour Alyssa Croft, l’étude et ses résultats sont importants parce qu’aujourd’hui, les femmes subissent toujours le plafond de verre et n’accèdent pas de la même manière que les hommes à certaines positions professionnelles. Cette recherche montre que parvenir à instaurer l’égalité entre les sexes à la maison peut être une piste pour inspirer les jeunes filles et leur permettre d’imaginer des carrières et des avenirs qu’elles auraient exclues.

Pour aller plus loin :


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Les Commentaires

5
Avatar de Charlie-Culotte
17 juillet 2014 à 01h07
Charlie-Culotte
Les résultats sont logiques après tout.

Mais ça me réfléchir parce que dans ma famille, avant que mon père sorte de notre vie, mes parents ont vécu la plupart du temps dans des appartements séparés (sauf dans ma petite enfance où ils habitaient ensemble) et du coup chacun était bien obligé de faire sa propre popote, qu'importe leur culture... Mon père faisait aussi la cuisine, même si c'était moins systématique que ma mère certes.

Ma soeur et moi, on ne s'est pas dit "tiens ça c'est un boulot/une matière de mecs, je ne peux pas le faire à cause de mes ovaires"... D'ailleurs pareil que @Enyenna. j'ai découvert sur madmoiZelle le cliché des filles nulles en sciences (et je n'ai pas eu de cas de conscience en choisissant des études scientifiques). Il est vrai cependant que le cliché n'est pas vraiment présent en sciences de la vie.
Nous c'était plutôt des problèmes dus au fait de venir d'une famille pauvre isolée. Ce qui ne nous a pas empêchées de faire des études, mais nous a probablement freinées pour envisager des études longues et des métiers côtés ou à responsabilités...
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