Des colliers de bonbons. C’est le plus ancien souvenir lié à mon père que j’ai. Le vendredi soir, il allait me chercher à l’école, et en rentrant à la maison il m’offrait un collier de bonbons. C’est un de mes meilleurs souvenirs d’enfance.
J’ai passé les premières années de ma vie collée à mon père. C’était mon héros.
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Une entente père/fille parfaite
Et puis un jour, quand j’avais quatre ans, mes parents se sont séparés. Il a rencontré quelqu’un d’autre et ils se sont mariés.
Je le voyais un week-end sur deux, et à chaque fois j’étais la plus heureuse des petites filles. On se promenait ensemble dans la nature et il m’apprenait des choses.
J’étais une gamine curieuse de tout et lui était prof : l’entente parfaite ! Grâce à lui, je peux allumer un feu sous la pluie ou dire de quelle décennie date un bâtiment. Ces week-ends, c’étaient les nôtres, juste lui et moi.
Et puis, grâce à lui et à ma belle-mère, j’ai eu le plus beau des cadeaux pour mes huit ans : ma sœur. Je l’ai tout de suite adorée. Je passais mon temps à la regarder et à la câliner.
Curieusement, c’est à ce moment que notre relation avec mon père s’est détériorée.
Quand la relation devient minime
Je ne sais pas vraiment comment ça a commencé. Dans mes souvenirs, ça s’est fait comme une rupture nette et rapide. En réalité, ça a pris quatre ans. Quatre ans pour que notre relation fusionnelle se transforme en un échange de quelques phrases par jour.
Et il y a eu la dispute. Je ne sais plus de quoi c’est parti, mais toujours est-il qu’on ne s’est ni vus ni parlé pendant un an.
Quand on s’est retrouvés, je n’avais plus rien de la gamine heureuse et curieuse que j’avais été. J’étais une ado mal dans sa peau qui foirait sa scolarité — honte suprême pour une fille de prof.
C’était à peine si on se parlait. On se disait juste « Bonjour », « Bon appétit », « T’as eu combien au DS ? », « Bonne nuit ». Je ne sais pas comment nous en sommes arrivés là, mais ce manège a duré des années. Il a fallu que j’aie des soucis de santé pour qu’on renoue doucement le lien.
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Une demi-heure précieuse entre père et fille
Depuis cette période où j’ai été malade, il m’appelle tous les samedis matin à 11h, l’heure à laquelle ma belle-mère et ma sœur partent à la piscine. Nous commençons à retrouver notre complicité. Nous parlons de tout et de rien pendant une demi-heure. Nous sommes seuls, lui continuant à m’apprendre des choses, moi l’écoutant passionnément.
C’est notre manière à nous deux, handicapés des sentiments, de dire à l’autre qu’on l’aime.
Cette demi-heure par semaine, pour rien au monde je ne la louperais.
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