Cloîtrées entre quatre murs pendant plusieurs confinements, limitées par les règles de distanciation sociale, angoissées par les risques sanitaires : on a connu plus ouf comme contexte pour rencontrer un ou une partenaire sexuelle ou amoureuse.
Car entre mars 2020 et mai 2021, à part au supermarché du coin ou sur le palier de sa porte, les opportunités ne se bousculaient pas franchement.
Les médias s’étaient alors tous empressés de signaler une explosion des inscriptions sur les applications de rencontre. Mais si ces applis « sont bien devenues le premier mode de formation des couples durant la crise », comme le révèle une nouvelle étude de l’Ifop (pas encore en ligne) pour CAM4 et Hot Video, la réalité est beaucoup plus nuancée que ça.
Le bond des rencontres en ligne
Certains, trop horny ou en mal d’amour, ont bravé le confinement pour se rencontrer dans la vraie vie — tapis derrière le buisson d’un parc, au rayon frais de la supérette de quartier, chez l’un ou l’autre. Mais la plupart des célibataires ou personnes en recherche de partenaires sont restées dans la légalité et se sont contentées de surfer sur les applis.
Il faut dire que devant le peu d’occasions qui s’offraient à eux pour faire des rencontres pendant la crise sanitaire, les Français et Françaises ont vu dans les applications dédiées et dans les réseaux sociaux des issues salvatrices. Ainsi, l’enquête de l’Ifop rapporte que :
« Près d’un quart (22%) des Français(es) ayant trouvé un partenaire depuis la fin du 1erconfinement (mai 2021) l’ont rencontré sur une application de dating, soit deux fois plus que ce l’Ifop observait quelques mois avant la crise du Covid-19 (11% en janvier 2020). »
En tout, les plateformes en ligne ont été responsables de 39% des relations formées durant cette période, soit 18 points de plus qu’en janvier 2020. Sans surprise, les bureaux ou bibliothèques, les bars et soirées entre potes ont tous perdu de la vitesse puisqu’il était impossible, ou presque, de s’y rendre.
Cette ruée vers les possibilités de rencontre en ligne a même poussé les plateformes à adapter leurs messages et leurs offres. C’est notamment le cas de Tinder, qui avait rendu gratuite sa fonction « passeport » permettant à ses utilisateurs de découvrir des profils dans le monde entier — de quoi date à Lyon, où vous vivez hors-Covid, même si vous êtes confinée chez vos parents au fin fond de la Suisse romande, par exemple.
Des habitués qui trompent l’ennui
Mais le pic du nombre d’utilisations des applications de rencontres était en majorité constitué d’habitués qui swipaient, parfois pour tromper l’ennui et combler le manque d’interactions que pour trouver l’âme sœur L’enquête rapporte que « la hausse de fréquentation mesurée durant la crise sanitaire a moins été le fruit d’une “ruée” de nouveaux venus que le produit d’un “retour” de Français(es) qui en avaient déjà fait l’expérience avant le Covid ».
François Kraus de l’Ifop explique :
« Cette fréquentation […] est loin de s’être “massifiée” autant que les sites de rencontre ont pu l’affirmer dans leur communication durant la crise sanitaire. »
Du côté des raisons pour lesquelles les utilisateurs sont revenus sur les applications aussi, on est loin du cliché des avides de sexe et autres assoiffées de coups d’un soir puisque pendant la crise sanitaire, les applis de rencontre ont été plus utilisées pour la recherche de relations sérieuses (62%) que pour des relations éphémères (56%).
Avec le Covid, la sexualité s’est dématérialisée
L’étude observe également une montée de l’érotisme en ligne, du flirt et de l’envoi de contenus explicites à caractère sexuel. Pas étonnant, quand on sait que les contacts physiques se faisaient rares durant cette période !
« Le nombre de Français(es) ayant déjà eu un rapport sexuel virtuel a explosé dans l’ensemble de la population adulte (33%, +7 points) comme dans la jeunesse âgée de 18 à 34 ans (52%, +8 points) De même, on observe aussi une hausse significative des échanges d’images à caractère sexuel comme l’envoi de nudes (+13 points chez les jeunes de 18 à 34 ans, à 42%) ou de dickpic (+11 points chez les jeunes de 18 à 34 ans, à 25%) »
À voir si cette numérisation des rapports sexuels et de la drague perdra de la vitesse à la sortie de la crise ou si choper et sexer en ligne deviendra la norme !
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Crédits photos : Cottonbro et Tima Miroshnichenk (Pexels)
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