Les femmes perdues en route
Sur la totalité des candidats aux législatives 2012, 40% étaient des femmes. On comptait déjà de grosses disparités selon les partis : Europe Écologie-Les Verts était champion avec 50% de candidates, le FN était juste derrière avec 49% puis le Front de Gauche avec 48%. Le PS restait plutôt bon élève avec 45% de femmes, tandis que l’UMP faisait plonger la moyenne avec seulement 28%.
40% de candidates et seulement 27% d’élues : que s’est-il passé ? En fait, depuis la loi du 6 juin 2000 sur la parité, les partis qui ne présentent pas assez de femmes encourent des amendes (aux alentours de 4 millions d’euros pour l’UMP cette année). On trouve donc beaucoup de femmes candidates « pour les quotas » dans des circonscriptions acquises au parti adverse.
Qu’en est-il pour cette élection ? Avec 38% d’élues, le PS a plutôt joué le jeu (même si dans l’histoire on perd quand même 7% des femmes initialement présentes). L’UMP joue à nouveau les cancres de la parité, avec seulement 14% d’élues
. Au niveau des partis plus petits : les partis de centre et centre droit réussissent l’exploit de n’avoir aucune députée ; le Front de Gauche n’a que 20% d’élues (une perte de 29% sur le taux initial, c’est magistral… on lui accordera le fait d’avoir un petit nombre de députés, ce qui rend le pourcentage assez peu représentatif). Hormis EE-LV qui surpasse les quotas avec 53% de femmes, seul le FN arrive à parité parfaite sur ses… deux élus.
Faut-il se réjouir de ce record ?
Même si nous sommes loin de la parité, et que ce constat est toujours agaçant, il faut voir la progression : en 2007, seules 18,5% de femmes avaient accédé au poste de députée (curieusement, elles avaient été légèrement plus nombreuses à être candidates il y a cinq ans, mais probablement « pour les quotas »). Pour mémoire, c’était déjà un gros progrès par rapport à 2002 où il n’y avait eu que 12,4% d’élues.
Qu’est-ce qui empêche une évolution plus rapide vers la parité ? Non seulement les partis craignent de présenter des femmes de peur qu’elles fassent de moins bons scores, mais surtout il y a beaucoup d’hommes déjà en place qu’il est difficile de remplacer.
C’est ce qu’expliquait Jean-François Copé en mai dernier, pour expliquer l’absence de parité à l’UMP : beaucoup de députés se sont représentés à ces élections législatives, et il était difficile de « les sacrifier ». « Chacun doit comprendre que dans la période qui est la nôtre, il nous faut absolument avoir le maximum de députés et que cela passe par le poids, l’ancrage local de beaucoup d’entre nous » rajoutait-il.
À côté des chiffres, la situation réelle est encore pire
Comme pour la composition du gouvernement (paritaire, mais avec une seule femme à un ministère régalien), on peut trouver à se plaindre à un niveau qualitatif : avec la défaite de Ségolène Royal, il est assez probable que « le perchoir » (la présidence de l’Assemblée) échoie encore à un homme. Ce serait anodin si la présidence de la République et celle du Sénat n’étaient pas également des privilège masculins depuis le début de la Vème République. Mais peut-être les socialistes nous réservent-ils une surprise ? Rendez-vous le 26 juin pour le savoir.
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Les Commentaires
Pas mal du tout la comparaison
Enfin bref tout ça c'est pour ce donner bonne figure, regarder comme on est gentil, on a des places reservées pour intel et intel. Que ça soit par rapport à la parité ou au milieu social ce que ça dit en gros c'est "toi t'es un mec/t'es riche alors t'as plutot interet à etre excelent alors que les filles/les élèves de ZEP il faut etre gentils avec eux, on leur reserve des places, ils sont pas aidés par la nature" (bon c'est de gros raccourcis sexiste et horrible mais c'est l'idée ein)