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Arts & Expos

Les œuvres d’art contemporain par des femmes, sur des femmes

Ghazel, Niki de Saint-Phalle, Pipilotti Rist et Hsia Fei Chang : coup d’oeil sur ces femmes artistes contemporaines dont les oeuvres parlent… De femmes.

Article du 8 mars 2015

Il y a une trentaine d’années, la place des femmes dans l’art contemporain, c’était pas gagné.

En 1985, un groupe d’artistes féminines américaines qui combattaient la discrimination, les Guerrilla Girls, avaient placardé des affiches dans New York qui expliquaient que 85% des nus de la section d’art moderne du Metropolitan Museum étaient des femmes, mais qu’elles ne représentaient que 5% des artistes.

D’après Rue89, même au XXIème siècle, les femmes artistes passent encore derrière les hommes. 

Pourtant, comme dans tous les domaines, il y a bien des nanas dans l’art contemporain ! Et certaines de leurs oeuvres s’attaquent à la condition féminine, pour la dénoncer, la célébrer ou l’expliquer.

Qu’elles causent d’immigration, d’image du corps, de liberté sexuelle ou de conditionnement, voici quelques artistes dont le travail gagne à être connu.

Urgent / Wanted, de Ghazel (1997-2007) : la femme face à l’immigration

Ghazel est une artiste originaire de Téhéran, qui a étudié l’art en France (à Nîmes puis Montpellier) et ailleurs en Europe, et qui s’implique beaucoup dans des projets à caractère social.

Comme pas mal d’artistes, Ghazel s’inspire avant tout de sa propre vie pour créer. Cest son statut de femme coincée entre deux patries, l’Iran et la France, en galère avec l’administration pour obtenir des papiers, qui lui a inspiré Urgent / Wanted.

Elle a démarré ce projet en 1997, après avoir reçu une lettre d’expulsion de la préfecture qui lui expliquait que sa demande de séjour en France ne serait pas renouvelée.

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Urgent / Wanted est donc une série de grandes affiches, qui traite avec humour (noir) de la situation des femmes face à l’immigration, et envisage le mariage blanc comme le dernier recours contre l’expulsion.

Chaque affiche détourne le principe d’une petite annonce et joue avec les sigles qu’on trouve dans ce genre de format.

Elles se présentent sous la forme d’avis de recherche, avec des messages de type « Femme cherche mari non raciste, URGENT ».

Ces affiches ont été reproduites sur des tracts, distribués pendant les vernissages de l’artiste. En 2002, Ghazel a enfin reçu sa carte de séjour permanente : elle a alors modifié son message, pour proposer à quelqu’un de l’épouser à son tour.

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Photo : Musée de l’histoire de l’immigration

Abortion-Freedom of Choice, de Nikki de Saint-Phalle (2001) : le droit à l’avortement

Bien avant Ghazel, il y a eu Niki de Saint-Phalle, qu’on ne fait que présenter et re-présenter.

Cette artiste franco-américaine, active des années 1950 aux années 2000, est à l’origine des Nanas, des sculptures de femmes pulpeuses et hyper colorées à l’esprit joyeusement pop.

Elle est connue pour ses oeuvres qui célèbrent la féminité aussi bien que le féminisme, et abordent des sujets aussi divers que le mariage, le racisme, le SIDA…

De Niki de Saint-Phalle, tu connais peut-être les peintures réalisées au tir à la carabine ou la fontaine Stravinsky du Centre Pompidou de Beaubourg à Paris.

À lire aussi : Niki de Saint Phalle au Grand Palais : vie et œuvres d’une sacrée nana

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Photo : Musée d’art et d’Histoire de Fribourg

Mais je voudrais te parler d’une oeuvre qu’elle a dessinée quelques années avant son décès : 

Abortion-Freedom of Choice, une lithographie, c’est-à-dire une impression à partir d’un dessin à l’encre ou au crayon sur une pierre calcaire, qui évoque les menaces pesant sur les femmes qui voudraient se faire avorter. 

Dans ce dessin faussement naïf, avec une police d’écriture pop dans le même esprit que les Nanas, Nikki de Saint-Phalle explique que les êtres humains sont de plus en plus nombreux sur la planète, et qu’il est de plus en plus en plus difficile de les nourrir.

Et pourtant, des individus s’opposent encore et toujours à l’avortement.

L’oeuvre commente alors (en anglais) :

« L’avortement : liberté de choix. Telle est la question ! Est-ce que ceux qui sont contre l’avortement nourriront les bouches supplémentaires ? »

C’est sa manière d’interroger les habitant•e•s des États-Unis sur le droit à l’avortement, régulièrement attaqué par les conservateurs.

Comme le souligne Slate, le boulot de Niki de Saint-Phalle n’est pas forcément assimilé à une prise de position politique, et pourtant, ses oeuvres sont clairement engagées en faveur du féminisme.

À lire aussi : Aux États-Unis, le droit à l’avortement recule

Blutclip, de Pipilotti Rist (1993) : le corps cru de la femme

De son côté, Pipilotti Rist, qui s’appelle en réalité Elizabeth Charlotte Rist, est une artiste suisse. Sa spécialité est de créer des vidéos un peu dingos qui ressemblent à des clips de musique expérimentaux : elles mixent des images oniriques et ultra-saturées, à la limite de l’hallucination, de la performance et des bandes sonores pop.

Elles sont souvent présentées sous forme d’installations, sur de très grands écrans, qui plongent le visiteur dans l’univers de l’artiste.

Blutclip est l’une des vidéos phares de Pipilotti Rist, et elle n’y va pas par quatre autoroutes pour aborder son sujet, en l’occurrence le corps féminin.

L’artiste filme, en très gros plan, à la limite du voyeurisme, une femme nue allongée dans la forêt, dont les yeux et le sexe sont recouverts de cristaux multicolores, puis de faux sang qui coule, mais aussi des cratères de lune et une culotte tachée de sang.

Tu l’auras compris, Pipilotti Rist montre les menstruations et le corps de la femme sexualisé, de manière crue, érotique, mais avec une certaine autodérision.

Ca peut sembler anodin ou agressif, mais Blutclip est aussi une façon d’envoyer valser les tabous : en exagérant les choses, l’artiste les montre finalement sans les cacher.

Trigger warning : La vidéo (bien que métaphorique), contient du (faux) sang et des gros plans de corps féminin nu.

Vernis Noir et Blue Velvet de Hsia-Fei Chang (2009) : le conditionnement de la petite fille

Dans un autre genre, voici enfin Hsia-Fei Chang, une plasticienne taïwanaise, qui est installée et travaille à Paris. C’est une touche-à-tout, qui fait aussi bien des performances que des installations, des vidéos et de la photographie, avec de l’humour et des références à la pop-culture.

Souvent, le résultat est un peu kitsch, mais il fait réfléchir, sans pour autant faire surchauffer tes neurones.

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Photos : Galerie Laurent Godin

Blue Velvet et Vernis noir sont deux oeuvres qui font partie d’une installation plus globale, dans laquelle Hsia-Fei Chang parle des modèles féminins proposées aux filles et du conditionnement des femmes dès le plus jeune âge.

Si ça te semble obscur, voici le tableau, enfin, les sculptures : il s’agit de deux paires de chaussures à talon à la mode. Jusque là, rien de bien extraordinaire ni qui vale une exposition.

Sauf que ces chaussures sont en taille 18 mois, autrement dit, portables uniquement par de toutes petites filles. Ou plutôt importables, puisque leurs tous petits pieds ne les supporteraient pas.

Hsia-Fei Chang a réalisé toute une collection de ces godasses improbables. Avec elles, elle évoque le problème de l’hyper-sexualisation, de la séduction enseignée aux petites filles à qui ont donne pour modèles de jolies starlettes à qui il faudrait ressembler.


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Les Commentaires

5
Avatar de Jus d'orange au sel
9 mars 2015 à 00h03
Jus d'orange au sel
Cette artiste franco-américaine...
Euuh, non, elle était française. Par contre elle a habité plusieurs années aux Etats-Unis, ça oui.
0
Voir les 5 commentaires

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