Si les archéologues avaient réponse à tout, ça se saurait. Et accessoirement, ils pointeraient à Pôle Emploi. Quel intérêt d’aller se ruiner la santé à genoux dans des tombeaux aussi antiques que miteux, s’ils savaient déjà ce qu’ils allaient y trouver, je vous le demande ! (Ceci était une vision particulièrement réductrice du métier d’archéologue : de rien.)
Et ceci en est une vision un peu faussée.
Non, si tou-te-s les archéologues et historien-ne-s du monde se donnaient la main ont levé le voile sur de nombreux mystères de l’Histoire au fil des années, à force de travail, déductions, comparaisons, analyses, et j’en passe et des meilleures… D’autres attendent encore d’être percés à jour. Avouez que ce serait trop facile autrement. On arrive, on aperçoit trois cailloux, et on s’imagine qu’on voit clair dans les intentions du pèquenaud qui les a empilés là il y a 3000 ans ?
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Non madame, non. C’est un mystère de plus à élucider.
Stonehenge, bien plus qu’un simple cercle de pierres
J’avoue, la transition a de vagues relents d’hérésie. Stonehenge, trois cailloux empilés par un pèquenaud de la protohistoire ? Certes, la légende veut que ce soit Merlin qui se soit ramené avec des pierres d’Irlande d’environ 3 tonnes chacune pour dessiner des ronds avec en une nuit… Mais d’une, ce n’est pas très gentil de traiter Merlin de pèquenaud (même s’il a des hobbies bizarres). Et de deux… Bah, il a bon dos, Merlin. Rapport qu’il a porté des pierres de 3 tonnes dessus ahaha.
Hum.
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Pardonnez-moi, mon taux de concentration est proche du niveau de l’Atlantide, aujourd’hui. Reprenons.
Stonehenge, j’imagine que vous voyez un peu à quoi ça ressemble. Ce monument mégalithique, dont les lourdes pierres datent effectivement d’environ -2000, s’étend au milieu de vastes plaines au nord de Salisbury, et se présente comme une structure circulaire, composée de ce qui ressemble à des portails de pierre. Il se tient là, massif, offrant une vue sans pareille sur les alentours.
Problème : on ne sait pas ce qu’il fiche là.
Ambiance.
Les théories se sont enchaînées, et beaucoup sont dignes d’intérêt. Lieu de culte druidique, temple, ou encore très vraisemblablement observatoire solaire épatant, en raison de la position des pierres… Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi Stonehenge fascine les chercheurs et inspire les auteurs depuis tant d’années.
Pensez ! Un plein paquet de gens (ou un seul Merlin) se sont cassé les coucougnettes à traîner presque une centaine de pierres de plusieurs tonnes originaires du Pays de Galles… Ce n’est probablement pas pour rien ! Je veux bien que la boisson puisse faire des choses à l’occiput du mec lambda, mais de là à partir en expédition pour ramener des PIERRES ? Non. Je refuse.
Et voilà que début septembre 2014, une découverte — que dis-je, un paquet de découvertes à la file vont tout changer. Et tout compliquer. Il faut dire qu’avec les pierres surélevées, et les nombreuses ruines environnantes, les chercheurs avaient largement de quoi s’occuper… et oublier de creuser. Ainsi, lorsque l’Institut Ludwig Goltzmann et l’université de Birmingham ont collaboré sur le Stonehenge Hidden Landscapes Project pour inspecter virtuellement les dessous de Stonehenge… La cartographie numérique qu’ils en ont tiré a coupé la chique à tout le monde.
Cette cartographie, réalisée à l’aide de tout un outillage dernier cri en scan tridimensionnel, a révélé tout un monde sous les quelques monolithes qui se battaient en duel. Pas moins de dix-sept monuments datant de la même époque que Stonehenge reposent sous terre, dont un bâtiment semble-t-il funéraire de 30 mètres de long environ. Des temples et des fossés, alignés parfois de façon très précise, qui font de Stonehenge une véritable ville souterraine.
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Et si on ne sait toujours pas quelle était la fonction de Stonehenge, cette découverte offre une matière nouvelle aux chercheurs, qui pourraient ainsi lever le voile sur le mystère… (On peut rêver.)
L’étrange tragédie de la momie hurlante
Allez, les pierres, c’est bien joli, mais au bout d’un moment, on épuise un peu les scénarios. Tandis qu’avec l’histoire de la momie hurlante, c’est sans fin. La « momie hurlante », déjà. Avouez qu’un petit millier de films d’horreur se jouent dans votre tête quand vous lisez ces mots.
Pas de panique : en vérité, le hurlement de la momie est figé — par le temps, et le fait qu’une momie, ben c’est mort. C’est en 1886, sur le site funéraire de Deir El-Bahari en Égypte, qu’a été découvert ce corps momifié d’un homme paraissant avoir trouvé la mort dans une terrible agonie. Les membres crispés, le visage déformé par un éternel cri de douleur, l’horrible dépouille avait de quoi choquer les archéologues qui l’ont sorti de son sarcophage.
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La chose aurait été simplement glauque, si les circonstances de la découverte ne jetaient pas en prime la confusion. Oui, car la momie n’avait pas été jetée comme ça dans un coin : enfermée dans un sarcophage anonyme, elle reposait néanmoins en compagnie des plus grands, de Ramsès II à Thoutmosis Ier.
Certainement, un pauvre hère issu de la plèbe ne se serait pas vu accorder un tel honneur. Surtout un pèquenaud qu’on semble avoir fait mourir dans d’atroces souffrances, pieds et mains liés si fort que ses os en sont marqués, et embaumé par-dessus la jambe, voué à errer dans l’anonymat pour l’éternité. Bref : QUE FOUT-IL LÀ ?
Pour comprendre ce que le supplicié fait parmi les grands, les chercheurs se sont dit qu’il fallait commencer par découvrir qui il était. C’est ainsi que se sont enchaînées les autopsies et les théories les plus folles.
L’un d’entre eux, Daniel Fouquet, a déduit d’une autopsie que l’homme a pu mourir dans les convulsions provoquées par un empoisonnement. Il est hélas incapable de prouver cette théorie, mais celle-ci fait naître des scénarios crédibles. La momie hurlante pourrait en effet être le prince Pentewere, un fils de Ramsès III connu pour avoir tenté d’assassiner son père pour être pharaon à la place du pharaon !
Sauf que d’après les papyrus, Pentewere se serait certes fait choper, mais il aurait été épargné du fait de son statut. Ou alors… du fait de son statut, il a reçu le privilège de se donner lui-même la mort. D’où le poison.
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Alors, mystère résolu ? Pas vraiment. Si ce scénario est séduisant, de nombreux éléments viendraient le contrarier, dont la momification trop atypique (trop mal foutue, quoi), même et surtout pour un traître de sang royal. Aujourd’hui, malgré les progrès de la science, les chercheurs en sont encore au stade de l’élaboration de théories diverses et variées. Et si c’était un prince étranger ? Nah, ça colle pas.
Puisqu’on te dit qu’elle est morte. Cesse.
Moi j’dis, c’est un noble qui les a trop brisées à un pharaon, qu’on a torturé et fait mourir dans d’atroces souffrances, avant de le jeter aux pieds de ses maîtres histoire de bien signifier l’étendue de leur mépris pour lui dans l’Au-Delà.
Je devrais écrire un livre.
D’où vient le mécanisme d’Anticythère ?
Découvert en 1901 au large de l’île grecque du même nom, le mécanisme d’Anticythère est une formidable machine datant selon toutes vraisemblances de la Grèce Antique. Car si l’on sait plus ou moins à quoi servait cette chose étrange, malgré le fait qu’il en manque la moitié, le mystère réside dans les origines de l’objet… Terriblement en avance sur son temps.
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Non, je ne vais pas vous faire le coup des aliens, détendez-vous. S’il s’agit là d’une découverte archéologique pas piquée des hannetons, c’est parce que ce mécanisme, que les spécialistes ont commencé à dater aux alentours de -85 avant d’opter plutôt pour -200, représente une technologie qui s’est perdue pendant plus d’un millénaire avant d’être redécouverte. Chaud.
Oui, bon, ça avait plus de gueule en -200.
Ce charmant mécanisme servait en effet à calculer la position et le mouvement des planètes, les dates des éclipses de soleil et de lune, en représentant différents phénomènes astronomiques. Ah, et la date des Jeux Olympiques, aussi. Au moins aussi important à l’époque que Les Anges de la télé-réalité. Une science, donc, que n’a (re)mis au point l’astronome Johannes Kepler qu’au 16ème siècle.
Mais qui ? Quel mathématicien de la Grèce antique a pu faire preuve d’un tel savoir-faire ? D’être aussi en avance sur son temps ? De nous mettre la honte comme pas permis ? Comment a-t-on pu perdre ce savoir (nous prenant ainsi la honte comme pas permis) ?
S’il est toujours impossible de le savoir, les nouvelles datations viennent au moins foutre la merde modifier quelque peu la donne : à défaut d’être grec, le mécanisme d’Anticythère est probablement d’origine babylonienne… Et débrouillez-vous avec ça.
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À bientôt pour de nouveaux mystères historiques jamais résolus !
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