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Vie quotidienne

Maman, toi qui m’a tant fait complexer sur mon poids, je ne t’en veux plus

Cette madmoiZelle a longtemps souffert des remarques de sa mère, obsédée par son poids alors qu’elle était loin d’être en mauvaise santé. Aujourd’hui, elle est apaisée.

Il y a 5 ans, j’écrivais T’as encore grossi, lettre ouverte à ma Maman sur les petites phrases assassines qui minent les adolescentes.

Il y a 2 ans, cette lettre était publiée sur madmoiZelle.

Aujourd’hui, ma mère ne l’a toujours pas lue, cette lettre. Pourtant, j’ai encore des choses à lui dire.

Maman, je ne t’en veux plus

Ça t’arrive encore, Maman, de me dire cette phrase.

Ça t’arrive encore, mais j’ai appris à ne plus l’entendre.

Pas plus tard que l’été dernier, tiens, alors que je rentrais d’une semaine de vacances horrible, où j’avais oublié de manger pendant des jours, où j’avais eu peur par la suite de m’alimenter devant des gens que je ne connaissais pas.

J’étais rentrée abattue, si perdue, si mal dans ma peau. Et alors que je posais à peine mes valises pour commencer une semaine de vacances en famille, loin de mes soucis, tu m’avais encore une fois jeté cette phrase au visage :

« T’as encore grossi. »

Ce jour-là, contrairement à d’habitude, elle ne m’avait rien fait, cette phrase.

Parce que je savais moi, la semaine horrible que je venais de passer. Je savais que non, je n’avais pas grossi. Et puis, même si cela avait été le cas, qui ça regardait ?

L’évolution de mes troubles du comportement alimentaire

Heureusement aujourd’hui, la maladie est moins présente. Je n’ai plus peur de manger, plus peur de boire.

Elle se traduit toujours, néanmoins, par de nombreux oublis de repas, et quelques crises d’angoisses.

Je t’en ai voulu, longtemps, de ne pas avoir vu, d’avoir ignoré, de ne pas avoir décelé un mal-être que je n’arrivais pas à verbaliser.

Il aura fallu des années avant que je ne me décide à voir, seule, un médecin qui mette enfin des mots sur mes maux : troubles du comportement alimentaire.

La source de mes troubles du comportement alimentaire

Je t’en ai voulu de m’avoir fait faire ce chemin toute seule. Je t’en ai voulu de ne pas m’avoir aidée à chercher des réponses. Je t’en ai voulu de ne pas m’avoir aidée à chercher des solutions.

Je t’en ai voulu, à toi.

Cette première lettre te désignait comme seule coupable de cette descente aux enfers ; tes remarques comme seul facteur de ma chute. C’était plus simple pour moi, de ne trouver qu’une seule cause, alors qu’il aurait fallu en blâmer mille…

Il aurait fallu blâmer déjà ces collégiens qui m’avaient dit, un jour, alors que l’on devait mimer une personne obèse :

« Tu n’as pas besoin de le mimer, tu l’es déjà. »

10 ans après, j’ai toujours cette phrase en tête. Chaque mot me reste.

Il aurait fallu blâmer, également, ma condition de petite fille sage

au milieu de frères turbulents. Car bien sûr, on oublie vite la seule fille de la famille, lorsqu’elle ne fait pas de bruit…

Il faudrait blâmer ma détermination sans faille, que je tiens de toi, Maman, mais qui m’a menée si bas. Parce que, chez nous, on va au bout, ou on n’y va pas.

Il faudrait blâmer cette marque de vêtements qui n’habille les femmes que jusqu’au 40, et qui m’a fait croire qu’en 42 je devrais aller me vêtir dans un magasin « grandes tailles ».

Je pourrais faire une liste sans fin de toutes les raisons qui ont fait qu’un jour j’ai décidé de maigrir toujours plus. Mais c’était toi, Maman, que j’avais désignée comme seule coupable.

J’ai arrêté d’en vouloir à ma mère

Et puis j’ai arrêté de t’en vouloir.

D’une part parce que je ne pouvais pas continuer à t’en vouloir sans oser t’en parler. Et d’autre part parce que j’ai compris que ton silence et ton inaction n’étaient pas de l’indifférence.

J’ai compris qu’avoir des enfants, ça ne venait pas avec un guide. Qu’à l’époque, tu avais été tout aussi désarmée que moi face à cette situation.

En fait, j’ai compris que je ne devais en vouloir à personne.

Ni à toi, de n’avoir rien fait, ni à moi, de n’avoir rien dit, ni aux odieux collégiens qui, en me harcelant, m’avaient fait perdre toute confiance en moi et m’avaient emmenée doucement vers cette maladie.

Reconstruire mon rapport à mon corps

Je me suis reconstruite.

Grâce à des amis qui ont eu plus confiance en moi que moi-même. Grâce à des garçons qui ont aimé mon corps pour une nuit ou plus.

Grâce à moi aussi. Grâce à ces tatouages apposés sur des parties de mon corps que je n’aimais pas, tentative de les embellir pour enfin les aimer.

Et j’ai réussi, Maman. J’ai mis tellement de temps, et tout n’est pas encore parfait, mais j’ai réussi.

Les troubles du comportement alimentaire, ma lente guérison

Je ne me lève plus à 6h du matin pour aller courir, je ne compte plus mes pas, je ne sors plus 2 stations de métro avant pour marcher davantage.

Je ne refuse plus une sortie avec des amis parce que j’ai peur de ce qu’on va pouvoir manger. Je ne réfléchis plus à ce que j’ai mangé dans la journée et qui pourrait me faire grossir.

J’ai recommencé à boire de l’alcool, pour ton plus grand désespoir de me voir rentrer ivre un soir sur deux.

Parfois encore oui, j’ai mal au ventre le soir, parfois encore je saute des repas sans m’en rendre compte, et trop souvent, je n’ose pas manger en compagnie de gens que je ne connais pas, de peur qu’ils ne me jugent…

Je suis fière de moi, Maman

Mais la plupart du temps, je suis heureuse et fière de voir le chemin parcouru.

Tu l’as dit une fois, toi aussi. Cette année, pour la première fois, tu as dit que tu étais fière de ta fille.

J’ai attendu 20 ans et un boulot dans une grosse boîte pour que tu me dises enfin que tu es fière de la jeune femme que je suis devenue.

Alors je ne sais pas encore si un jour j’oserai te montrer ces lettres, et revenir avec toi sur ces terribles années. Mais à défaut de te le dire, j’ai réussi à l’écrire : je ne t’en veux plus, Maman.

À lire aussi : #RecoveryIs, un message d’espoir contre les troubles du comportement alimentaire

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Les Commentaires

17
Avatar de Amerin
2 mars 2019 à 12h03
Amerin
Je les ai toutes eues ces remarques, son grand truc était d'essayer dans mon dos les fringues que mon père m'achetait alors que je lui avais spécifiquement demandé de ne pas le faire puis de se pavaner devant moi avec MES jeans en disant "regarde comme ça me va bien !" Ou "c'est un peu grand". Son autre truc était de s'acheter des fringues qui me faisaient envie en me disant que de toutes façons ça ne m'irait pas. Par contre pour moi c'était toujours des trucs amples et pas du tout dans mon style !
Autant dire que j'étais bourrée de complexes à la fin de ma 4e alors que je faisais seulement du 38, heureusement je suis partie vivre chez mon père qui m'achetait des fringues à ma taille, qui me plaisaient et là alors que j'ai pris beaucoup de poids j'arrivais à me trouver un peu jolie et je prenais soin de moi et mon corps, j'ai même commencé à me maquiller et à faire du sport. Quand je suis retournée chez elle elle a tenté une petite remarque mais j'ai été très ferme sur le fait qu'elle n'avait rien à dire car j'étais en bonne santé et je faisais du sport contrairement à elle qui s'affamait et je l'ai menacé de partir sur le champ si elle essayait mes fringues J'ai eu à peu près la paix pendant 6-7 ans, entre temps j'ai commencé à vraiment kiffer mon corps et je suis partie de chez mon père où on mangeait trop bien et surtout trop gras avec beaucoup de viandes A ce moment j'ai perdu beaucoup de poids en adoptant un régime quasi végétarien (de la viande max 1x/mois) sans produits transformés et là elle a recommencé mais avec des "tu es si mince, t'es belle comme ça", "tu es mieux parce qu'avant hein..." "elle est bien faite ma fille hein ?". On pourrait croire que c'est cool d'avoir des compliments mais pas du tout, je me trouve belle autant dans du 42 que dans du 36 et c'est blessant que ma mère ne puisse pas le faire, en plus ça m'énerve parce que je me sens objectifiée et résumée à mon physique qui doit donner satisfaction à ma mère, j'ai l'impression qu'elle a gagné avec ma perte de poids et j'ai quelques fois envie d'aller bouffer du gras rien que pour l'énerver alors que je suis contente habituellement d'avoir changé mon alimention parce que je suis en meilleure santé mais ça a plus à voir avec l'équilibre alimentaires et les apports nutritionnels qu'avec mon poids
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