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L’étincelle qui a embrasé la jeunesse féministe chilienne – Celles qui luttent 1/4

Au Chili, depuis plusieurs mois, les revendications féministes pour une société plus juste sont sur le devant de la scène. Comment tout cela a-t-il commencé ? Retour avec Esther sur les origines d’un mouvement historique.

Esther est partie recueillir les témoignages des jeunes femmes de plusieurs pays à travers le monde, avec une attention particulière portée aux droits sexuels et reproductifs : liberté sexuelle, contraception, avortement.

Elle a déjà rendu compte de ses rencontres avec des Sénégalaises, puis avec des Libanaises, elle a aussi suivi les débats sur l’avortement en Irlande et en Argentine. Sa cinquième étape l’a menée au Chili !

Retrouve le sommaire des reportages, interviews et autres articles qu’elle y a réalisé ici !

Tu peux suivre au jour le jour ses pérégrinations sur les comptes Instagram @madmoizelledotcom et @meunieresther, avant de les retrouver ici bientôt !

Au Chili, en quelques mois, des revendications féministes parties des universités ont envahi la place publique.

Ce mouvement d’ores et déjà décrit comme « historique » est parti de l’Université Australe du Chili, et plus précisément encore de sa faculté de philosophie et d’humanités.

J’ai discuté avec Javiera Fernanda Cerda Zapata, qui y étudie et est devenue l’une des porte-paroles du mouvement, pour comprendre ce qui avait déclenché cette mobilisation anti-patriarcale sans précédent.

Le harceleur sexuel impuni de trop sur le campus

Elle me raconte ce qui les a poussées, elle et d’autres étudiantes, à bloquer leur faculté le 17 avril dernier.

« C’était une protestation contre le fait qu’un étudiant accusé de harcèlement sexuel continuait de roder dans la faculté, impuni.

C’était un danger pour notre sécurité, au sein même du lieu où l’on étudie.

En plus de ce premier cas, il y a eu également celui d’un doctorant, accusé de harcèlement sexuel et de harcèlement au travail. »

Dès que la mobilisation a débuté, de nombreux autres cas sont remontés à la surface et le reste des facultés de l’Université Australe du Chili leur a emboîté le pas.

Réunies en assemblée féministe, les étudiantes mobilisées ont écrit un cahier de doléances.

« Notre document demandait la destitution du doctorant accusé de harcèlement sexuel ainsi que plusieurs propositions qui selon nous aideraient à réduire les violences machistes dans notre université. »

Les revendications portaient avant tout sur les mesures à prendre pour accompagner et protéger les victimes de tels abus. Il existait en effet déjà un règlement en la matière, « insuffisant » selon Javiera Fernanda Cerda Zapata.

Lancer un mouvement qui marquera l’histoire des femmes chiliennes sans l’avoir prévu

L’engrenage était donc lancé : une vingtaine d’autres universités ont suivi le mouvement.

« On a été plus que surprises par cette mobilisation générale.

Les grandes manifestations du 16 mai et du 6 juin ont affiché la force du mouvement, c’est comme si on avait marqué l’histoire des luttes pour les droits des femmes au Chili.

Ça nous donne de la force, de la vaillance, la conviction et l’espoir que l’on peut changer le monde.

Le patriarcat et le machisme nous l’ont mise profond depuis trop longtemps, il est temps de dire stop. »

La lutte féministe au Chili n’est pas terminée

Malgré cette mobilisation réussie et sans précédent, elle reste dubitative sur les résultats concrets obtenus jusqu’à présent.

« Nous avons négocié avec le recteur de notre université et gagné un certain nombre de choses, mais pour l’heure on ne voit pas réellement de changements. »

Elle m’explique que le doctorant accusé de harcèlement sexuel a engagé un recours qui lui permet de continuer à travailler à l’Université, pour l’heure, tout comme l’étudiant mis en cause qui avait provoqué le début du mouvement.

Ce dernier, jugé coupable par l’enquête réalisée au sein de l’université. Cependant il fait encore l’objet d’une procédure judiciaire dont il faut attendre le verdict pour que l’université puisse prendre des mesures.

« Pour l’instant nous ne sommes plus en grève ou en blocus, mais on fortifie les bases de notre organisation. On crée des « Bureaux Genre » dans chaque faculté pour bien s’articuler et nous lancerons probablement de nouveaux mouvements au second semestre. »

Celui-ci démarrera après la pause hivernale qui a lieu en juillet.

Féministe par nécessité

Javiera n’est pas arrivée au cœur de cette mobilisation tout à fait par hasard. Elle a été élevée de façon à prêter attention à son prochain et a toujours été impliquée dans les mouvements sociaux.

« Je suis très sensible, l’injustice m’est insupportable. C’est pour cela que je ne conçois pas ma vie sans combat parce que j’ai à cœur de changer les choses. »

C’est pour cela qu’elle fait des études de pédagogie, parce qu’ « éduquer est [sa] raison d’être ». Pour elle,  l’école est un espace de lutte et de transformation.

Mais son combat pour les droits des femmes en particulier a une origine plus douloureuse.

« Ça fait quatre ans que je me considère féministe. Je suis sortie d’une relation amoureuse très violente qui m’a beaucoup fait souffrir. Et le féminisme est ce qui m’a permis de commencer à me soigner. »

À 22 ans, elle espère seulement avoir la force de continuer de mener ses combats, avec l’appui de ses proches, de ses camarades, et de toutes celles et ceux qui voudront bien comme elle « se lever contre les injustices ».

Les Commentaires
4

Avatar de Esther
29 juillet 2018 à 14h44
Esther
@Simone castor Merci beaucoup ! C'est corrigé, léger problème technique qui avait échappé à notre attention, merci de l'avoir signalé !
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Voir les 4 commentaires

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