Plongeons ensemble quelques instants dans le passé, et remontons jusqu’en janvier 2015.
Je signais à cette époque mon tout premier article sur le site madmoiZelle. C’était sur le roman Le livre de Perle de Timothée de Fombelle, et j’en étais drôlement fière.
Toute l’année 2015 a ensuite été rythmée par mes chroniques ponctuelles (mais régulières) et bénévoles sur la littérature jeunesse, avant que j’arrive à mi-temps à la rédaction début 2016. À la fin de l’année, je finissais par accepter de venir à temps plein dans l’entreprise.
Cela fait donc près de 3 ans et demi que vous lisez mes mots sur le site, et 2 ans et demi que j’apprends, chaque jour, à vous communiquer des informations, vous distraire, vous faire découvrir de nouvelles choses.
L’apprentissage est une notion qui a jalonné mon expérience à la rédaction. Je me plaisais, d’ailleurs, à partager avec vous ce que j’apprenais des sujets les plus improbables (comme les leçons de vie tirées des Marseillais South America ou celles apprises grâce à ma confrontation au butternut).
Ce vendredi 29 juin 2018 marque mon dernier jour chez madmoiZelle. En guise de clin d’œil au format d’article que j’ai eu tant de plaisir à vous écrire, j’ai eu envie de partager avec vous les leçons tirées de mon expérience à la rédaction.
Ce sont des leçons personnelles mais que vous pouvez vous-même vous appliquer, et qui, je l’espère, vous donneront envie de croquer le monde.
Le syndrome de l’imposteur ne peut rien contre l’audace
L’audace a toujours fait partie intégrante de ma vie.
Depuis toute petite, quand j’ai un objectif, j’ai tendance à tout mettre en œuvre pour l’atteindre. Quand je dis « tout », cela comprend aussi des solutions un peu incongrues, de type contacter Disney Channel pour essayer de rencontrer la troupe du Roi Soleil (long story bro).
Alors même si mon but n’est pas atteint à l’arrivée, j’ai au moins la satisfaction de me dire que je n’ai aucun regret d’avoir tout tenté.
Avec madmoiZelle, l’audace m’a aussi beaucoup servie, et m’a permis de comprendre qu’elle demeurera ma plus fidèle alliée pour la suite.
Elle m’a été utile d’abord pour demander à publier des articles sur le site, afin de me constituer un réseau dans mon milieu professionnel, et me faire un nom. J’avais en effet contacté Fabrice sur un coup de tête, et ce fut une joie sans commune mesure de le voir répondre favorablement à ma proposition !
J’ai ensuite pu compter sur mon audace pour venir travailler à la rédaction comme rédactrice, et non plus comme bénévole sur la littérature jeunesse. Cela m’a demandé de prendre mon courage à deux mains, de mettre ma peur absurde de déranger de côté, et d’oser aller faire valoir mes compétences (et un conseil : faites de même !)
Enfin, mon audace a été ma meilleure amie pour pouvoir multiplier les expériences.
Le Sziget par exemple, j’en rêvais depuis 8 ans avant d’y aller pour la première fois en 2016. Mais pourquoi moi, rédactrice littéraire, j’ai été choisie pour être envoyée en Hongrie ? Tout simplement parce que j’ai bravé mon syndrome de l’imposteur pour oser me positionner sur le projet.
MadmoiZelle m’a prouvé que l’audace permet de sortir de la case dans laquelle les gens te mettent (ou dans laquelle tu penses que les gens te mettent). Elle permet aussi de faire venir des corgis à la rédaction.
Elle n’écrase pas les autres, elle ne met pas en danger : elle est simplement une manière de faire valoir sa légitimité, à laquelle il faut aussi apprendre à croire soi-même.
Alors osez vous prendre en main, prenez conscience de votre valeur et lancez-vous dans les projets qui vous tiennent à cœur !
Tu n’as pas besoin de savoir faire les choses pour les faire
Justement, en parlant de légitimité !
J’ai beaucoup reçu (et mes collègues sans doute aussi) de messages d’étudiant·es me demandant quel a été mon parcours universitaire, et plus généralement comment j’en suis arrivée à faire du journalisme.
Eh bien quelle n’était pas leur surprise à chaque fois de constater que je n’avais nullement fait d’école de journalisme !
D’ailleurs, est-ce que j’avais de l’expérience dans le reportage la première fois que j’en ai fait un ? Non.
Est-ce que j’avais une quelconque expérience dans le journalisme musical quand je vous ai parlé de musique ? Non plus – enfin sauf si vous comptez mes nombreux skyblog sur ledit Roi Soleil.
Est-ce que j’avais déjà étudié ou fait de la radio, de la télé, au moment où je me suis lancée dans les podcasts ou les vidéos ? Toujours pas.
L’expérience s’acquiert avec la pratique, et c’est la motivation qui doit être le moteur essentiel pour réussir à se lancer.
J’ai aussi compris qu’il fallait accepter d’initier des projets (avec un peu d’intuition) sans vouloir que tout soit parfait tout de suite. Entre ma première expérience de reportage au Sziget festival en 2016, tous ceux qui ont suivi (j’ai de l’affection particulièrement pour celui sur Les dix commandements), jusqu’à mon deuxième reportage au Sziget en 2017, je n’ai fait que progresser et apprendre de ce que j’avais bien ou mal fait.
Alors n’attendez pas de tout maîtriser et lancez-vous !
La créativité est un muscle
Dans cette même idée de réussir à faire ce qu’on a envie de faire, intégrer madmoiZelle a été un challenge du côté de la créativité. Au moment d’accepter le temps plein, un questionnement me taraudait : allais-je réussir à trouver des idées d’articles quotidiennement ?
Ce qui était une appréhension s’est révélé être un apprentissage : la créativité est un moteur, qu’il faut échauffer progressivement jusqu’à ce qu’il soit prêt pour partir à pleine bille sur l’autoroute de la création !
C’est un muscle qui s’entraîne, se renforce, pour devenir plus fort, plus efficace et plus endurant.
J’ai aussi compris que la créativité s’acquiert quand on lui laisse du temps. Perdue dans le flot des tâches, elle a beaucoup de mal à s’épanouir. Lui consacrer pleinement ne serait-ce que dix minutes, en lui accordant toutes ses réflexions et toute son énergie, elle se révèle tout de suite bien plus productive !
Alors si vous avez l’impression de ne réussir à rien, prenez du temps pour vous. C’est précieux !
Il n’y a pas de mauvais sujet, il n’y a que des angles
Certes, mon expertise sur le site reposait sur les livres et la littérature, mais chez madmoiZelle, les sujets qu’une rédactrice est amenée à aborder sont d’une très grande variété.
Vous expliquer pourquoi lire de la littérature jeunesse quand on est adulte
, défendre les qualités d’entrepreneuse d’EnjoyPhœnix, vous raconter le meilleur repas de ma vie grâce à Jean Imbert, vous faire découvrir le talent immense dont vous allez entendre parler bientôt partout de Suzane, écrire une lettre d’adieu poignante à mon candidat préféré éliminé de Top Chef, parler des clichés dans le metal, remettre en perspective la polémique sur le livre On a chopé la puberté, vous parler de ma passion pour Dua Lipa, de la découverte de mon autre passion pour les corgis, ou mettre un taquet au snobisme littéraire, tel est le tout petit échantillon de la diversité des sujets que j’ai abordés avec vous.
Et quelle jubilation de vous livrer sur un plateau bien garni des articles parfois improbables, d’autres qui vous ont fait rire, réfléchir sur des sujets. J’aimais essayer de vous montrer de nouvelles façons de concevoir des choses, quitte à vous faire réagir vivement !
Vous en lisant mes articles très sérieux sur la télé-réalité
J’ai compris qu’en tant que rédactrice, il n’y avait jamais de mauvais sujet. Il y a toujours des angles à trouver, plus ou moins sérieux, sur n’importe quoi !
Et cela rejoint le point autour de la créativité évoqué juste avant : tout ce qui nous entoure peut être susceptible de nourrir sa créativité, que ça soit une personne, un objet, une pensée, ou même un lieu – et donc, aussi, un légume.
J’en profite au passage pour adresser ici un grand merci à Clémence qui m’a insufflé une confiance inébranlable pour me lancer dans des sujets pour lesquels je n’avais pas le sentiment d’avoir les épaules suffisamment solides, et qui m’aura considérablement ouvert l’esprit sur un nombre incalculable de choses.
T’es une manager de feu, n’en doute jamais.
Tu n’as pas besoin d’être quelqu’un pour toucher les gens
Je crois que le plus incroyable pour moi dans cette expérience, c’est la place que je me suis faite dans vos vies.
J’ai tendance à me présenter comme la fille qui était au premier rang en classe, mais tout à gauche pour pouvoir bavarder discrètement avec ma voisine ou dissimuler une micro-sieste derrière mes cheveux.
J’étais la fille sympathique, mais pas celle qui marquait particulièrement les gens. J’étais plutôt la personne à qui on venait parler sur MSN le dimanche soir pour savoir quels exercices d’espagnol il fallait rendre pour le lendemain.
Alors quand par le prisme de mon travail, je me suis mise à lire vos messages enthousiastes, encourageants, bienveillants, reconnaissants, et à recevoir autant d’affection, c’était assez bouleversant.
Avec le recul, j’ai fini par comprendre qu’il n’y avait pas besoin d’être « quelqu’un » pour que ses mots réussissent à résonner chez les autres.
N’importe qui est légitime pour parler avec sincérité de son expérience, de ses joies et de ses peines, de ses réflexions, de ses passions, de ses questionnements.
Allez n’ayez jamais plus peur de prendre la parole, car si vous m’avez trouvée légitime de le faire, c’est que vous l’êtes aussi.
Le corps est un outil
D’un point de vue personnel, mon plus grand apprentissage sur moi-même aura été mon rapport à mon apparence.
C’est une problématique que j’ai longuement abordée avec Léa Bordier dans mon Cher Corps. Grâce à madmoiZelle, j’ai compris que mon corps était avant tout un outil pour véhiculer des messages, des émotions.
Je ne pensais pas être une jeune femme qui pourrait s’exposer autant en vidéo. Je ne pensais pas « avoir le physique », car je suis plutôt quelqu’un de complexée.
Mais le corps n’est qu’une enveloppe qui permet de faire rire, réfléchir, de divertir, de partager, transmettre.
Si au début je ne pouvais pas apparaître dans le vlog sans être maquillée et apprêtée, j’ai fini par laisser y figurer mes cheveux gras et mes styles parfois douteux en comprenant que ce qui comptait, c’était ce que je disais et faisais, et non ce à quoi je ressemblais.
Tout le monde a sa place, sur Internet et ailleurs. Si vous avez quelque chose à dire, ne laissez pas vos complexes prendre le dessus sur votre volonté de vous exprimer. Ce serait une vraie perte pour les autres, et pour vous-mêmes.
Tes collègues peuvent devenir tes amies
Cette leçon, je l’avoue, je l’ai déjà expérimentée par le passé. Mais je tenais à clore cet article avec une série de remerciements à toutes les personnes qui ont énormément compté pour moi durant ces trois années et demi.
Merci d’abord à Mélissa de s’être occupée de mes chroniques bénévoles avec un enthousiasme qui m’aura poussé à persévérer, et ce jusqu’à vouloir venir travailler à la rédaction. Je te dois tout ce que j’ai vécu chez madmoiZelle. J’ai appris de ta patience, de ta gentillesse, de ton intelligence, et de tes goûts musicaux d’une qualité irréfutable.
Merci à Victoria dont le sourire marquera à jamais mon premier passage chez madmoiZelle. J’ai appris de ton enthousiasme franc, de ta merveilleuse spontanéité, et de la qualité inestimable de ton amitié pour réussir à mieux me trouver, mieux m’assumer, et gagner une confiance que je ne perdrai jamais.
Merci à Margaux, l’une, si ce n’est la première, à s’être tournée dans ma direction pendant une pause déj pour que l’on discute. Ton assurance, ton style et ton humour ICONIC auront été une inspiration infinie tout au long de mon expérience chez madmoiZelle, et je garde des souvenirs émus non seulement des plats que tu nous mijotais mais surtout de l’amour que tu mettais dedans.
Merci à Aki pour ton ouverture d’esprit exemplaire, et de m’avoir montré ce que c’était de s’intéresser aux gens avec autant de sincérité. Merci pour ta prévenance, ta sérénité, merci pour le partage de notre amour des comédies musicales et de m’avoir souvent nourrie. Notre binôme demeurera incontestablement l’un de mes meilleurs souvenirs.
Merci à Léa d’avoir toujours su trouver les mots justes pour me rassurer et m’encourager, pour ta sagesse et ton recul, et pour m’avoir prouvé que mes ambitions n’avaient aucune limite. Tu es l’une des personnes les plus talentueuses que je connaisse et je suis fière d’être à tes côtés.
Merci à Dorothée, ma buddy, mon phare dans la nuit, mon inspiration camping. Merci pour ton écoute, pour ton soutien inconditionnel. J’admire autant ton calme que la passion qui t’anime et ta dévotion. Merci pour ta présence si importante, merci d’être celle sur qui je peux compter, merci pour ton appui si précieux qui me fait croire en mes capacités de réussir à soulever des montagnes. Vivement le cochon.
Et merci à toutes celles qui ont partagé un bout de chemin avec moi. Merci à Élise d’avoir illuminé chacune de mes journées par ton sourire, merci Laïla pour ton naturel qui fait de toi l’une des personnes les plus attachantes de l’univers, merci Marie d’être l’inspiration qui manquait à ma vie, merci Lafastod pour ton style inimitable (notamment de supporter), merci Virginie pour ton aura de douceur réconfortante, merci à Juliette pour ton impertinence et ta sincérité, merci Véro pour tout enthousiasme infini et ta bienveillance.
Merci Mymy, tu n’as cessé de m’éblouir par ta pertinence et tes bonnes idées, j’ai tellement appris de tes conseils, et ne serait-ce qu’en t’observant. La gratouille à Momo. Et écris des bouquins stp.
Merci Fanny, Marina, Anouk, Léa, Léa, Louise, Ivan, Elodie, et toutes les rédactrices qui sont passées par les locaux. Nos sourires échangés resteront dans ma mémoire.
Merci Fabrice, évidemment, pour ta confiance qui m’aura permis de vivre un sacré bout de truc, et de faire de moi une jeune femme bien plus épanouie à la sortie qu’à l’arrivée.
Et pour finir, merci à vous, qui lisez cet article, qui avez lu les autres, qui avez regardé mes vidéos, écouté mes podcasts. Merci d’être venu·es me voir quand vous m’avez croisée. Merci pour vos commentaires, vos messages, pour le feu d’artifice d’enthousiasme.
Vous avez été un moteur extraordinaire et je me sens privilégiée d’avoir pu écrire pour vous.
Je pars grandie et mieux dans ma peau, gargarisée par votre énergie, avec des envies et des projets pleins la tête.
Pour poursuivre avec moi ce chemin que j’ai commencé à tracer en votre compagne, rendez-vous sur la chaîne YouTube toute belle toute neuve que je viens de lancer, sur mon compte Instagram où je poste des trucs auxquels vous ne vous attendez pas, mon compte Bookstagram avec plein de livres mis dans des situations plus ou moins improbables, et sur ma page Facebook où je relaie mon actualité.
Ce n’est qu’un au revoir !
Et en guise de lien de fin, je vous laisse avec ma session acoustique préférée (et que je suis très fière d’avoir mis en place):
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Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Merci à toi @Lucie Kosmala
Tu m'as convaincu que je devais assumer d'aimer les livres que j'aimais même si c'était des livres jeunesses ou de la littérature pour ado. Tu as réussi à me faire lancer un blog que j'alimente rarement mais il est là et il existe. Et dernièrement, tu m'as permis d'assumer mes choix et mes goûts au sein d'un jury littéraire : j'étais la plus jeune, j'étais la seule à ne connâitre aucun des grands auteurs mais mon avis avait de l'importance au même titre que les autres membres du jury.
Tu dois te dire que tu y es pour rien mais je t'assure que si. J'ai lu tes articles avec passion et savoir que tu n'avais pas forcément les compétences du job m'a rassuré.
Encore merci, merci et MERCI
Bonne continuation !