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Vie quotidienne

La lettre à l’ado que j’ai été de Cédric, star de Laisse-moi kiffer

Cédric, directeur commercial de madmoiZelle et chouchou des fans de Laisse-moi kiffer, se livre avec tendresse dans une lettre au jeune homme de 17 ans qu’il était !
Lettres à l’ado que j’ai été, c’est un recueil de lettres publié chez Flammarion, sous la direction de Taous Merakchi aka Jack Parker, contributrice historique chez madmoiZelle.

À notre tour, nous publions une lettre à l’ado que nous avons été. Et toi aussi, si l’envie ou l’inspiration te prennent, n’hésite pas à poster ta propre lettre sur le forum ou via #madmoiZelleArmy !

Pour te procurer l’ouvrage, rendez-vous sur Place des libraires, la Fnac et Amazon !

C’est comme de regarder la pluie tomber depuis le bon côté de la fenêtre : il y a un vrai réconfort à observer les gouttes d’eau, leurs formes sur la vitre, le son de leurs clapotis dehors et les gens aux fringues mouillées qui courent dans la rue…

Pendant que toi, tu es à l’abri, au chaud, un verre à la main et au sec dans tes habits.

C’est comme ça que je repense à mon adolescence aujourd’hui : à l’abri de ses tourments. Tout en regrettant parfois de ne plus être celui qui court sous l’orage.

Cher Cédric de 17 ans…

Comme dit l’autre, j’avais ton âge y a à peu près ton âge.

Big up au Cédric de 17 piges. C’est l’an 2000. Tu débarques fraîchement sur Internet avec ton abo’ AOL illimité et ton modem 56K qui fait un bruit de fax en chaleur au milieu de la nuit.

Y a pas eu de bug du millénaire mais y a pas encore eu de 11 septembre — époque entre parenthèses.

Tu rentres en 1ère année de fac de médecine mais c’est pour rire : tu sais déjà que t’iras pas en cours.

Tu veux juste te débarrasser de cette année d’avance que tu traînes depuis le CP et que tu juges responsable de ton décalage social, de ta virginité, et du mauvais temps, puisqu’on y est….

Tu zones donc sur ce tout petit Web de novembre 2000, en téléchargeant furieusement l’intégrale d’Offspring et des Smashing Pumpkins parce que tu ne sais pas encore si tu es un faux punk ou un faux goth.

Ce que tu sais, c’est que c’est la voie de l’émancipation.

Que tu as passé beaucoup de temps à entendre Enrico et Dalida dans les fêtes de famille ; qu’avec ton père tout blanc (et déjà tout mort), tu as du mal à t’identifier à cette culture pieds-noirs qui s’est installée en France à peine 20 ans plus tôt.

Mais tu trouves difficilement un écho dans la combo Clavier, Tryo, Delerme. TMTC, on traîne tous nos beaufs nationaux…

En tout cas, jeune Cédric de 17 balais, tu sais que ce qui te manque se trouve sûrement dans cette bonne grosse vieille Web.

En vrai, tu sais pas, tu pressens. En vrai, peut-être même pas. En vrai, peut-être tu traînes sur la Web par pure lose et désoeuvrement, et les brumes de l’histoire font que j’interprète ça avec beaucoup plus de sens que ça n’en avait à l’époque.

Non pas que ça change grand-chose — on laissera les gros malins ergoter sur la diff’ entre chance et destin : toi et moi, on sait que c’est le même putain de truc

.

Cher Cédric de l’an 2000…

L’an 2000, une chambre en banlieue parisienne et beaucoup trop de temps devant soi. Ça a l’air sad mais parfois j’y retournerais si je pouvais faire un voeu.

Ta vie c’est 3 amis geek, une pote avec laquelle tu découvres en avance la signification de « It’s complicated » et des forums Internet où tu t’habitues à dompter le clavier.

Cette combo pétée t’ouvrira les portes ton premier job (critique musical ma gueule, à la fois punk ET émo) et l’un des trucs dont tu seras le plus fier au fil des ans.

Cher Cédric de 2006…

Tu as torché vite fait des études de com, on est en 2006. Tu as décidé de faire du journalisme envers et contre tout (tu changeras de voie), ton contrat est un CNE (qui n’existera plus dans 1 an) et tu vas rencontrer la meuf de ta vie.

Toi, oui, toi le crevard chroniqueur musical de l’internet !

Celle qui enterrera toutes les autres, te libérera des dernières conventions sociales qui te freinent… Et qui, de très nombreuses années plus tard, concevra avec toi le petit obèse souriant qui avait ton âge y a à peu près ton âge.

Merci à toi, Cédric, l’ado que j’ai été

Jeune Cédric boloss de 17 ans, en vrai, je t’envie un peu. Et j’ai envie de te remercier, toi l’ado que j’ai été. Parce que tu as assumé tant de trucs… honnêtement, tu l’as fait sans le savoir. Je le sais maintenant.

Ta sensibilité, ton désintérêt natif pour les preuves de masculinité, ton amour de la science-fiction et de la culture geek, ton incompréhension honnête de ces « différences » entre hommes et femmes (merci maman et grand-maman de m’avoir élevé), ton refus de choisir — finalement on y revient — entre punk & emo et ton envie de croire que ces deux conneries pouvaient cohabiter ensemble pour un nouvel idéal…

Merci pour ça. Merci.

Pour ces 17 ans d’expérience, de sentiments, de livres, de carrière, de voyages, de musique, de séries niquées, de films d’horreur et de plats à base de fromage fondu…

Merci à toi, mon ado que j’ai été, pour m’avoir miraculeusement mis sur la bonne voie dans ton mal-être.

Je ne sais pas comment tu as fait, mais putain, merci d’y avoir cru, merci de t’être fait confiance, merci de t’être aimé sans écouter la masse des boloss qui t’expliquais que tu te gourais, juste pour se rassurer eux-mêmes.

Merci d’avoir été pleinement ado, borné, plein d’opinions, et de n’avoir rien lâché de trop important. Sérieux : je t’aime, gros.

Back in 2018…

J’ai gratté tout ça en écoutant les mêmes trucs que t’écoutais en 2000. J’ai la conviction profonde que ce qui est important à ton adolescence reste important toute ta vie, plus ou moins inconsciemment.

Mets ça sur le compte de la surpuissance des hormones, d’une instabilité psychologique ou de la clairvoyance rare et précieuse de cette époque particulière, entre naïveté enfantine et sédimentation sociale.

Finalement, on s’en fout un peu quand on a 34 ans, on sait juste que c’était important et si on est malin, on le chérit comme tel.

J’ai souvent dit que mes paroles de chanson préférées venaient de l’énorme standard What a wonderful world qui, derrière la banalité de façade d’un titre trop usé en radio cache un petit joyau de progression d’accords et de poésie, fait sonner ces mots comme une prophétie futuriste :

« I’ve seen babies cry. I’ve watch them grow. They’ll learn much more than I’ll ever know. »

À mon âge canonique, je perçois déjà la vérité de ces mots. Mon futur a été défini par toi, mon ado.

Tous les jours désormais, je continue d’apprendre et d’évoluer grâce à celles qui sont entre toi et moi, mon ado.

Les nanas qui constituent l’équipe de ce magazine : madmoiZelle. J’aimerais que tu puisses les lire, ces meufs de génie… mais ce mag n’existera qu’en 2005 et il te faudra attendre 2010 pour le découvrir.

Mais un jour, tu enverras ce texte à Clémence Bodoc.

Ce texte en forme de lettre d’amour à l’ado que tu as été, parce que c’est important d’aimer la personne qui t’a aidé à devenir ce que tu es : le jeune toi qui n’était pas sûr de ce qu’il foutait mais qui l’a fait quand même…

Tu penseras aussi à Fabien Florice et Jack Parker (qui t’a fait découvrir un paquet de nanars d’horreur), et tu les remercieras mentalement, parce qu’ils t’aident à reconnecter avec ce bon vieux pote zarb et intense mais plein de cette énergie folle dont tu as toujours besoin : l’ado que tu as été.

Et tu cliqueras sur le bouton « envoyer » en espérant que, peut-être, ce petit bout de texte qui se regarde dans le rétroviseur aura de l’écho pour ceux qui checkent encore tout autour d’eux.

Tu aimerais leur passer le message que c’est ok, vraiment c’est normal d’en chier, mais fais un break, prends le temps de t’aimer et de souffler un coup…

Ça vaut le coup : t’es la version dont ton futur s’inspirera.

À lire aussi : Lettre à Mathilde, 13 ans : Tu sauras faire face à l’adversité

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Les Commentaires

3
Avatar de Bleue209
27 novembre 2019 à 18h11
Bleue209
Quel amour
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