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Cinéma

Le Bruit des Glaçons

Cinq ans après son dernier film, tous les critiques cinéma de ce bas-monde étaient d’accord pour dire que Bertrand Blier, 71 ans, était cuit. Cuit cuit cuit. Faut-il rappeler que le Blier est un monument de la réalisation cinématographique française ? On lui doit Buffet Froid, Tenue  de Soirée et surtout Les Valseuses, magnifique photographie d’une époque – la France des années 70.

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Le Bruit des Glaçons, à sa manière, est également un cliché de l’époque : Charles Faulque est un écrivain célèbre, estampillé best-sellers et Goncourt, qui vit reclus à Anduze, dans l’arrière-pays de Nîmes, dans une magnifique maison de campagne. Sa femme l’a quittée il y a plusieurs années, emmenant avec elle son fiston. Dépité, il a sombré dans l’alcool – ou plus précisément le vin blanc. Son meilleur ami, c’est son seau à glaçons dans lequel se succèdent à longueur de journée un paquet de bouteilles de pinard.

Et puis un beau jour, il est là, sur sa terrasse à picoler tranquillement, sans rien écrire – ça fait des mois qu’il est bourré H24 et il le dit lui-même « il faut avoir un minimum les idées claires pour les poser sur le papier », quand se pointe dans sa vie… son cancer, incarné génialement par Albert Dupontel « Parlez-moi poliment sinon j’vous fais un pancréas… c’est très rapide, le pancréas ».

Si les critiques et les avis sur Le Bruit des Glaçons sont plutôt divisés, c’est que Blier a réalisé un film qui dérange, à plusieurs points de vue :

– le thème d’abord – qui a envie de se voir confronté à son cancer, de pouvoir lui parler, de l’entendre te dire avec un air vicelard « mais je gagne à tous les coups, tu sais ! Les cellules cancéreuses bouffent toujours les cellules saines ». QUI ? Personne, je suppute et encore plus de nos jours, où côtoyer la mort est devenu bien moins fréquent qu’au début du siècle dernier – par exemple.

Ci-dessous l’intervention du professeur Dominique Maraninchi, directeur de l’Institut National du Cancer sur Europe, qui salue le film et le traitement du cancer et de la maladie :

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– Le trip proposé : au-delà du thème, certains auront peut-être du mal à rentrer dans le « trip » du film. Voir Dujardin avec Dupontel assis sur ses genoux, en train de lui expliquer pourquoi il va le manger tout cru… je peux comprendre que ça peut interpeller les esprits les plus cartésiens.

– la réalisation ensuite : Blier use de pas mal de tours de passe-passe pour rendre les scènes drôles – ou ridicules, au choix. Mise en abyme, plans « subliminaux », mise en scène parfois très théâtrale – Le Bruit des Glaçons pourrait d’ailleurs faire une excellente pièce… les partis-pris du réalisateur ne laissent pas indifférents.

Qu'ils sont beaux !

Qu'ils sont beaux !

– les acteurs, qui alternent l’excellentissime et le surjoué. Je suis convaincu que c’est fait exprès de la part de Blier pour amplifier le côté « théâtral » de certaines séquences mais je peux comprendre que, si on ne rentre pas dans le trip proposé, ça puisse SYNONYME interpeller, voire déranger.

Dujardin en écrivain torturé alcoolo barbu y est d’ailleurs excellent, même si je crains pour lui qu’il doive A VIE se laisser pousser le poil sur le menton pour incarner des personnages dramatiques (cf. Contre-Enquête), tant le moindre de ses sourires délicieux nous renvoie inconsciemment à Brice de Nice / Hubert Bonnisseur de la Bath / Chouchou d’Un gars une fille. Notons aussi la superbe performance d’Anne Alvaro en « bonne », magnifique !

[dailymotion]https://www.dailymotion.com/video/xek9wx_albert-dupontel-quot-venez-rire-de_news[/dailymotion]

Enfin, si on peut dire que la deuxième partie du film est un peu plus mollassonne que la première, les dialogues et l’humour noir, derrière lequel se cache un film résolument optimiste, valent franchement la peine de se déplacer. C’est d’autant plus vrai que le temps est dégueu et que l’été est terminé.

Si tu vas voir un film dans les jours à venir, n’hésite pas à profiter de l’opé 1Max2Ciné, qui te permet de voir un autre film dans le même cinéma le même jour.


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

4
Avatar de AnonymousUser
30 août 2010 à 18h08
AnonymousUser
Alors, des amis à moi sont allés le voir, et m'ont dit qu'ils ont été déçus du fait que c'était trop « théâtral ». Apparemment, certaines répliques et scènes semblent avoir été écrites carrément pour le théâtre et non le cinéma. M'enfin, j'irai peut?être le voir moi?même pour me faire une idée.

Ben justement je trouve ça assez intéressant que ce film "pose la question" (je ne sais pas si c'était voulu ou non m'enfin). Je suis allée le voir hier soir et c'est clair qu'on a vraiment l'impression d'assister a une pièce de théâtre. Que ce soit par les "phrases" en elle-même ou par l'intonation qui les accompagne, c'est vraiment l'impression que j'ai eu tout au long du film. Simplement, le cinéma nous a habitué a autre chose. A quoi exactement? A quoi de si différent? A quelque chose de plus "réaliste"?
Pourquoi est-ce qu'on est gêné de voir un film "théâtral" alors qu'a priori, acteur de théâtre ou acteur de cinéma exercent le même métier?
Même si au début j'étais plutôt sceptique, j'ai finalement l'impression que c'est ce qui m'a le plus plu dans le film, le fait que ça ait l'air d'une pièce de théâtre (avec quelques détails que le cinéma apporte et qui rend le truc encore plus "fort"

A part ça j'ai bien aimé, sans trop arriver à expliquer pourquoi. Je trouvais ça assez juste et bien fait, avec de bonnes idées, de bonnes répliques, un sens de l'absurde qui avait l'air d'emprunter au théâtre, et... voilà ^^
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