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Cinéma

La Llorona, le film d’horreur qui m’a émue aux larmes

Alix a eu un vrai coup de cœur pour La Llorona, qui sort le 22 janvier au cinéma, et elle a tenu à défendre ce film aussi terrible que bouleversant.

Les films d’horreur ont différents effets sur moi : ils me font bondir, me dégoûtent, m’impressionnent… Mais rares sont ceux qui me font pleurer.

En assistant à la projection de La Llorona de Jayro Bustamante, j’ai découvert un genre nouveau.

Son film d’horreurs (le « s » est volontaire, tu verras pourquoi) m’a tendue, et m’a surtout bouleversée.

Voici pourquoi je te conseille de lui donner une chance lors de sa sortie au cinéma, le 22 janvier.

La Llorona, ça parle de quoi ?

Avant de voir ce film, lectrice, il est nécessaire que je te donne un peu de contexte, que je tiens moi-même du réalisateur, Jayro Bustamante, présent lors de la projection.

Il a expliqué à la salle l’histoire vraie du génocide maya qui a eu lieu dans les années 80 au Guatemala, pendant la guerre civile.

Le général et dictateur de l’époque, Rios Montt, responsable du massacre, a été inculpé, puis acquitté quelques jours plus tard. Il est mort en toute impunité.

Dans La Llorona, Jayro Bustamante décide d’imaginer comment ce dictateur, appelé Enrique Monteverde dans le film, aurait pu être puni malgré tout, et immisce sa caméra dans la maison du général après son acquittement.

Le film s’enferme dans un huis clos, avec Monteverde et les femmes de sa vie : sa femme, sa fille, sa petite-fille et la seule domestique qui a bien voulu rester auprès de lui.

Et puis une Llorona fait irruption dans leur vie. Selon la légende, la Llorona est une pleureuse qui hante les coupables, les seuls à pouvoir entendre ses lamentations.

Puis, une nouvelle domestique, Alma, débarque dans la maison. Serait-elle la Llorona qui tourmente Monteverde ?

Le film allie fantastique horrifique et réalité, et finalement, c’est le réel qui paraît le plus terrifiant.

La Llorona est une réécriture féministe d’un mythe

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En Amérique latine, la Llorona est l’une des figures d’horreur les plus populaires, c’est une pleureuse, un fantôme qui cherche ses enfants.

Son histoire connaît différentes versions selon les régions, mais Jayro Bustamante a décidé de réécrire celle qui l’accuse d’avoir tué ses propres enfants pour se venger de son mari, acte qui l’aurait condamnée à pleurer pour l’éternité, à la recherche de ses enfants.

Le réalisateur explique qu’il trouvait le mythe misogyne, et qu’il tenait à lui donner un nouveau souffle.

Dans le film, la Llorona pleure ses enfants morts durant le génocide des indiens mayas au Guatemala, mais se fait aussi porte-parole de toutes les autres victimes.

Si l’acte du général Monteverde est au centre de l’intrigue, ce sont les femmes qui portent le film à travers trois générations différentes, représentées par sa femme, sa fille et sa petite-fille.

C’est leur compréhension du génocide qui est projetée à l’écran.

La Llorona, un film d’ambiance réussi

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La Llorona n’est pas tant un film d’horreur dans sa forme que par son fond, comme je te l’ai expliqué plus haut.

Mais la forme est tout aussi intéressante, puisque le film revêt une esthétique fantomatique envoûtante.

Les effets spéciaux sont inexistants, tout se joue en hors-champ, créant ainsi une atmosphère flottante et inquiétante.

C’est le propre du réalisme magique, un genre très utilisé dans la littérature de l’Amérique latine, qui consiste à mêler le réel au merveilleux.

Le petit budget du réalisateur ne l’a certainement pas empêché de construire un film aussi beau que mystérieux.

Mais sache, lectrice, que ce titre évocateur et cette volonté de faire un film d’horreur sont tout à fait calculées par son réalisateur.

En effet, Jayro Bustamante a expliqué que les jeunes Guatémaltèques avaient tendance à déserter les cinémas, sauf quand il s’agissait de voir des blockbusters… ou des films d’horreur !

À travers La Llorona, Bustamante s’adresse à la jeune génération de son pays, et du monde entier, pour lui parler d’un passé que le Guatemala a encore beaucoup de mal à assimiler.

C’est dans cette jeune génération qu’il place tous ses espoirs.

Le film d’horreur peut donc aussi être prétexte à la politique.

La Llorona m’a touchée en plein cœur

Lectrice, c’est peut-être bien la première fois qu’un générique en lui-même me fait pleurer au cinéma.

Jayro Bustamante a fait le choix d’y inscrire le nom de tous les figurants qui ont participé au tournage, car ils ont tous risqué leur vie pour faire en sorte que La Llorona voie le jour.

Et ces centaines de noms défilent lentement sur la magnifique chanson Llorona, dont tu as peut-être déjà entendu une version dans le film Coco, qui est en réalité un classique d’Amérique latine.

Le réalisateur a ensuite rejoint l’estrade de la salle de cinéma sous les applaudissements des spectateurs déjà conquis, mais ne pouvait pas s’exprimer, étouffé par l’émotion que lui avait procuré le générique.

Il a ensuite décrit les conditions de tournage dangereuses, car le Guatemala n’est pas favorable à ce genre de dénonciation.

Et je me suis rendu compte de quelque chose, lectrice : on a quand même beaucoup de chance, ici, de ne pas avoir à risquer sa vie pour s’exprimer ou être en désaccord avec le gouvernement.

Le sujet de La Llorona est si loin de mon quotidien, et si loin du tien, lectrice, qu’il aurait pu ne pas résonner en moi, simplement parce que je ne l’aurais pas compris.

J’aurais vu un film d’ambiance frissonnant, et je serais rentrée chez moi sans en avoir saisi toutes les nuances.

C’est pourquoi, il me semblait important que je transmette la parole de son réalisateur, Jayro Bustamante, pour affûter ton regard si tu décides d’aller voir La Llorona au cinéma dès ce 22 janvier.

À lire aussi : Tu dois voir 1917 même si tu n’aimes pas les films de guerre !


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

17
Avatar de Nickyminaj
26 janvier 2020 à 13h01
Nickyminaj
Super article qui m'a donné très envie de voir le film. Merci!
0
Voir les 17 commentaires

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