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La Barbe au Petit Journal : retour sur un échec médiatique

Retour sur l’interview de deux représentantes du groupe féministe La Barbe par Yann Barthès au Petit Journal. Ou plutôt devrait-on dire un naufrage médiatique.

Petite mise à jour du 12 décembre 2011 : un billet a été posté sur Le Dernier des Blogs afin d’analyser l’évènement d’un point de vue purement médiatique. C’est très intéressant, même si en tant que jeunes personnes concernées par la cause féministe, nous ne percevons pas les choses d’un oeil aussi objectif que l’auteur du billet, spécialiste des médias.

« Elles foutent un sacré bordel, et forcément, ça nous intéresse. » C’est par ces quelques mots que Yann Barthès a annoncé hier soir dans la rubrique 5 questions à… de son Petit Journal l’arrivée de deux représentantes du groupe d’action féministe La Barbe.

Photo extraite de la page Facebook de La Barbe

Photo extraite de la page Facebook de La Barbe

Tout d’abord, présentons brièvement le collectif en question. La Barbe est un groupe d’action féministe composé de femmes qui s’indignent devant la suprématie des hommes dans certains lieux emblématiques du pouvoir. Le principe de leurs actions est un jeu d’enfant, comme il est expliqué sur leur site internet ; toute femme indignée et déterminée n’a qu’à :

  • se créer une fausse barbe en deux-trois coups de ciseaux
  • choisir « une cible » sur internet, tel qu’un colloque, un meeting politique ou un salon nautique où les hommes sont plus nombreux que les femmes (c’est la base)
  • s’y rendre vêtue de son postiche pour menton afin d’ironiquement féliciter la cible de faire preuve de tant de sexisme.

Deux représentantes du groupe d’action féministe La Barbe ont donc été conviées sur le plateau du Petit Journal. Yann Barthès a souhaité en apprendre plus sur ce groupe de femmes, dont quelques représentantes s’étaient notamment invitées à la Convention UMP, avant d’être éconduites brutalement par la sécurité. Dans la vidéo qui suit, tu peux assister à cette entrevue.

Je préfère te prévenir tout de suite : c’est très gênant. Je crois bien que je n’avais jamais autant été mal à l’aise devant ma télé de toute ma vie. Si toi aussi tu as envie de crier « STOP » et de te mordre les phalanges, ne t’inquiète pas, c’est tout à fait normal. C’est une réaction empathique classique lorsqu’on assiste au naufrage médiatique d’un individu. La partie qui nous intéresse commence à 12’20 (tu peux cependant en profiter pour rattraper ton retard si tu as raté le Petit Journal hier. On n’est pas regardants).

Après leur départ du plateau du Petit Journal, les esprits se sont échauffés un peu partout sur le world wide web, comme nous avons pu le voir sur Twitter :

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Pourquoi tant de haine ? Je te le donne en mille en deux parties :

Raison n°1 – Céline et Amélie n’étaient pas prêtes.

Faire de l’action choc et punchy, ça marche plutôt bien quelles que soient les revendications que l’on énonce après coup (surtout quand on se fait virer par la sécurité). Par contre, il est évident que sans préparation, il est périlleux d’aller se faire interviewer par un p’tit mec bien rodé grâce à une soixantaine de jeux de questions/réponses avec des invités divers.

De toute évidence, ces deux jeunes femmes n’étaient pas préparées. Je ne pense pas me tromper tant cela me semble évident : lorsque Yann Barthès leur demande ce que cela changerait si au lieu d’être à 83,3% masculin, le cabinet du Président de la République était à 83,3% féminin, les deux jeunes femmes répondent « On verrait. C’est jamais arrivé. On sait pas ».

Diantre, mais elles ont réfléchi à la question OU BIEN ? Personnellement, je m’attendais tellement à une réponse un peu construite, du style « ce n’est pas une inversion des tendances que l’on recherche, c’est une égalité parfaite, 50/50, la balle au centre » que j’en suis encore soufflée. Je ne pense pas qu’elles n’ont pas réfléchi aux conséquences de ce qu’elles demandent. J’imagine qu’elles ne sont simplement pas habituées à la télé et qu’elles se sont senties perdues une fois sorties de leurs fiches, comme lorsque Barthès leur a demandé d’expliquer pourquoi le collectif ne tenait pas compte de Marine Le Pen.

Raison n°2 – Leurs arguments ne sont pas assez creusés.

Sur le fond, nous sommes bon nombre à les rejoindre ; il est vrai que statistiquement, les hommes sont plus représentés que les femmes dans les hautes sphères de la société. Pourtant, sur la forme, leur discours est bancal. Se contenter de dire que le problème est « qu’il y a des hommes partout , y a des hommes aux postes de direction et de pouvoir », ce n’est pas assez creuser le sujet, et ça les fait passer pour un collectif sexiste envers les représentants du sexe masculin.

A 15mn, l’intervenante de gauche évoque un rapport « qui vient de sortir sur la place de la femme dans les médias ». C’est bien. Ce qui l’est moins, c’est qu’elle n’étoffe pas son argument dès que Yann Barthès lui répond sèchement. Pourtant, il y a plein de choses à dire sur ledit document.

En effet, le rapport en question, rendu le mercredi 7 décembre dernier à l’Assemblée Nationale par Michèle Reiser révèle que seulement 18% des femmes sont intervenues dans les médias en 2011, et ce principalement pour traiter de sujet relatif à la femme. 18%, c’est peu, et c’est un chiffre parlant. Pourquoi ne pas y avoir fait référence ? Et pourquoi ne pas avoir cité l’excellent magazine C dans l’air de France 5, dont les intervenants sont majoritairement des hommes ? Tant d’exemples évidents laissés de côté, ça me dépasse.

J’aurais aimé poser les questions qui me trottent dans la tête depuis hier, telles que : pourquoi la Barbe ? Pourquoi appeler dans le manifeste les femmes à « jouer le jeu de la masculinité, quitte à arborer les attributs du pouvoir », comme si elles en remettaient une couche quant à la supériorité des hommes ? Et surtout, pourquoi favoriser le jeu de l’action coup de poing au discours posé ? Pourquoi sont-elles allées au Petit Journal alors qu’elles n’étaient pas prêtes ? Auraient-elles eu un discours plus posé, moins sexiste, si le dialogue avait été plus équitable ? Et pourquoi avoir retiré les messages négatifs à propos de leur prestation sur leur page Facebook ?

Je me pose toujours ces questions, puisque je n’ai, malgré mes appels et mes mails, pas encore réussi à joindre quelques barbues. D’ailleurs, si l’une d’entre elle passe par là et souhaite prendre la parole, sachez que notre porte est grande ouverte et que nous aimerions beaucoup avoir un retour après cette interview pour le moins chaotique.

En attendant, le buzz continue de faire son petit bout de chemin et certains en profitent pour jouer le jeu du féminisme-bashing.

Et toi, es-tu d’accord avec leur mode d’actions ? Te sens-tu trahie par la cause féministe après avoir regardé leur intervention qui frôle l’humiliation ? 


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

92
Avatar de Ancien membre
27 décembre 2011 à 19h12
Ancien membre
...
Françoise Giroud à dit " La femme serait vraiment l'égale de l'homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente".

Le gouvernement Sarkozy est rempli d'incompétentes depuis 2007:
Michèle Alliot-Marie à l'intérieur puis à la justice, Valérie Pécresse à l'enseignement supérieur puis au budget, Roselyne Bachelot à la santé puis ministre "des solidarités et de la cohésion sociale" (LOL), Nadine Morano secrétaire d'état chargée de la famille (re-LOL) puis ministre chargée de l'apprentissage etc...

On peut conclure que la femme est aujourd'hui l'égale de l'homme ( ou ?)
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