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Vie quotidienne

Je n’ai pas détesté mon confinement, même dans 19m2 !

Nathalie, lectrice de Rockie, a été confinée dans un petit espace pendant 2 mois. Elle te raconte comment elle a vécu cette période, et ce qu’elle en a tiré.

Lorsque j’ai été confinée 2 mois toute seule dans mon studio parisien de 19m2, j’ai appris à profiter du présent, même s’il est un peu inconfortable par moments.

Quand le confinement a été annoncé le 16 mars, je me suis vite créé une nouvelle routine sans même trop y penser. Télétravail de jour ; lecture, Skypéros et Netflix le soir. Tout avait l’air de rouler comme sur des roulettes.

Mais malgré tout, l’inquiétude et l’agitation me suivaient dans chacun de mes gestes. Pendant des jours, j’ai tourné en rond chez moi, comme perdue dans mon propre espace. Sans changement, les mois à venir allaient être très, très longs.

Le confinement, et de nombreuses inquiétudes accumulées

La première phase du confinement a été marquée par un inconfort physique et émotionnel rendu encore plus invivable par mon manque d’outils et d’issues pour le gérer.

Je me sentais à l’étroit dans mon studio de 19m2, avec un vis-à-vis qui me donnait l’impression d’être un poisson dans un bocal ; enfermé, ennuyé et agacé à force de me heurter aux murs sous les yeux ébahis de mes voisins.

Ayant l’habitude de travailler de chez moi un jour par semaine en tant que rédactrice web, la transition vers le télétravail à 100% était simple en apparence.

Au niveau pratique, l’installation de mon bureau a été l’affaire de 5 minutes. Mais la vraie difficulté a été celle de n’avoir aucun répit, aucune pause par rapport au sujet du coronavirus.

Actualité oblige, l’immense majorité de mes articles traitait du Covid-19, et des nouvelles informations qui arrivaient au compte-gouttes. Impossible pour moi de penser à autre chose ne serait-ce qu’une heure pendant la journée.

Impossible de m’éloigner des sites d’infos, ou d’arrêter de m’informer. Mon travail me l’interdisait !

Et tous les appels internationaux du monde ne pouvaient remplacer le voyage annulé que j’avais prévu pour rendre visite à mes proches à l’étranger.

C’était avec un gros noeud au ventre que j’avais entendu le Président annoncer la fermeture des frontières de l’Union Européenne.

Si un membre de ma famille, dont mes deux parents de 70 ans, dans la tranche de la population la plus à risque, devait tomber malade, je ne pourrais tout simplement pas aller les retrouver.

C’est le cauchemar de tout expatrié, et j’avais une peur bleue constante qu’il se réalise.

Le confinement et un trop-plein d’émotions qui a fini par déborder

Au fil des jours, mes gestes devenaient de plus en plus maladroits, comme si mon corps devait fonctionner en automatique car mes pensées étaient ailleurs.

Mes fautes de frappe devenaient plus fréquentes, je faisais tomber des choses, et je perdais mes affaires, un comble dans 19m2 !

La goutte d’eau est arrivée le jour où, en éminçant des légumes pour cuisiner un bon plat pour me changer les idées, je me suis perdue dans mes rêveries qui m’emmenaient bien loin de Paris

, du confinement, de la réalité.

Tout s’est écroulé quand j’ai senti une forte douleur, baissé les yeux et vu que je m’étais fait une énorme entaille au pouce. Le sang coulait à flots, je n’avais aucun bandage sous la main, et je pensais que j’allais devoir aller toute seule à l’hôpital en plein confinement pour des points de suture.

Mélangé à l’inquiétude par rapport à la blessure, il y avait beaucoup, beaucoup de colère. J’étais furieuse ! Furieuse de m’être coupée, d’être isolée, d’avoir été si négligente, de n’avoir aucun moyen de me soigner par moi-même.

Je vous rassure, je n’ai pas eu besoin de points de suture au final, même si j’ai dû cuisiner et taper mes articles avec 9 doigts pendant 10 jours.

Mais il a fallu ce petit accident sans importance pour que je donne enfin une issue à la colère que je me refusais de ressentir. A partir de ce moment-là, j’ai enfin cherché comment gérer le tumulte intérieur que j’essayais vainement de repousser depuis le début du confinement.

Le pire dans tout ça, c’est que quelque part, je m’en voulais d’avoir ces émotions négatives. Je me réprimandais intérieurement, en me disant que d’autres avaient bien plus de problèmes que moi, et que je devais vraiment me remonter les bretelles.

Au final, c’était mon ressenti par rapport à mes émotions qui était le coeur du problème, et non pas les émotions en elles-mêmes.

Un autre regard sur le confinement

Au bout de quelques jours, j’ai décidé de changer d’état d’esprit par rapport à la situation. Je ne pouvais plus m’en passer : impossible de laisser cet ascenseur émotionnel monter et descendre sans essayer de gérer ses déplacements.

J’ai commencé par essayer de cultiver de la gratitude pour toutes les belles choses que j’avais la chance d’avoir, même pendant le confinement.

Ma famille était certes très loin, mais elle était en sécurité, et prenait le confinement au sérieux. Mes proches s’inquiétaient pour moi eux aussi, et le meilleur moyen de s’apaiser et se retrouver le plus vite possible, c’était de respecter le confinement et se parler souvent pour s’assurer qu’on allait bien.

Et au lieu de me dire que j’étais coincée à l’intérieur, j’ai choisi de voir les choses autrement : j’avais de la chance d’avoir un travail stable, une bonne santé et l’occasion de rester en sécurité chez moi. Et on venait de m’offrir un cadeau précieux : du temps !

Voulant trouver des solutions à mon agitation intérieure, j’ai médité chaque jour, écouté des podcasts sur la gestion des émotions, et lu une immense pile de livres merveilleux.

Une fois que j’avais récupéré l’usage de mon pouce, j’ai pillé mon stock de fournitures créatives et passé des semaines à faire de la broderie décorative. J’ai découvert des mérites thérapeutiques à cette activité, et j’ai ressenti une grande fierté en voyant fleurir sous mes doigts les fruits de mes efforts.

Je me suis attaquée avec enthousiasme à ma bucket list culinaire, enchaînant les recettes que je n’avais jamais pris le temps d’essayer, me disant que c’était le moment ou jamais.

J’ai suivi une formation de développement personnel à distance, et cueilli toutes les petites joies de mon présent, même si les contraintes étaient toujours bien là.

J’ai trouvé un nouveau sens à mon métier de rédactrice web, que j’adorais déjà, en apportant des conseils concrets et rassurants (du moins je l’espère) aux lecteurs de mes articles, eux aussi déboussolés par le confinement et la menace du Covid-19.

J’aime penser que j’ai participé, à ma petite échelle, à apporter du réconfort à ceux qui me lisent. Et surtout, je me sens infiniment reconnaissante de pouvoir faire ce que j’aime au quotidien.

Et lorsque, par la force des choses, j’ai eu des baisses de moral, j’ai essayé de cultiver l’optimisme et l’autocompassion, en me rappelant avec bienveillance que c’était tout à fait normal de m’inquiéter et broyer du noir par moments.

Vers un déconfinement serein

Pendant toutes ces activités « de confinement », j’ai souri, et j’ai cogité. Point de grand déclic dans mon récit, mais un long cheminement intérieur tout juste démarré, et que j’espère poursuivre au-delà du déconfinement.

Au fil des semaines, j’ai pensé à toutes les personnes qui affrontaient le virus avec courage, allant des soignants aux hôtes de caisse, en passant par les chercheurs et travailleurs sociaux.

Je me suis rendu compte que j’avais tout ce qu’il me fallait pour être bien chez moi, même si j’avais hâte de retrouver ceux que j’aime. Les petits plaisirs du quotidien n’avaient pas disparu pendant le confinement, j’avais simplement oublié de les admirer.

Un jour, un doux rayon de soleil sur la table du petit déjeuner m’a rappelé que, dehors, la Nature se réveillait pour le printemps. Le lendemain, ma boite aux lettres m’a offert une carte postale peinte à la main par une amie dont j’admire les talents artistiques.

Chaque jour avait son lot de petites joies, et cela ne tenait qu’à moi de les célébrer : des messages de personnes prenant de mes nouvelles, une annonce de mariage, une chanson de mon enfance à redécouvrir, l’odeur du linge propre, un nouveau livre à entamer…

Dans un quotidien plus rempli, ces petites joies m’auraient peut-être semblé moins importantes, ou auraient été perdues dans le flot des événements d’une journée où mon attention est happée par mille distractions.

Même si je suis heureuse que la France entame enfin le déconfinement, je sais que je garderai un souvenir positif de cette période si particulière, synonyme de redécouvertes et de créativité.

J’espère que je continuerai à cultiver cette appréciation pour les petites joies du présent, ce sel de la vie qu’il est si facile de prendre pour acquis.

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