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Isabelle Alonso a longtemps été LA féministe qu’on invite sur tous les plateaux télé, radio, pour défendre le point de vue féministe en toutes circonstances.
Le pire conseil qu’on lui a donné ? Attention, je suis tombée de ma chaise (non) :
« Faut que t’arrêtes avec le féminisme, parce que franchement, ça gave tout le monde. »
Nombreux sont les gens qui ont donné ce conseil à Isabelle Alonso. Et je la remercie sincèrement de ne pas l’avoir écouté.
Isabelle Alonso, féministe autrice d’essais et de romans
Isabelle Alonso, pour celles et ceux qui ne la remettrait pas, est autrice, chroniqueuse, et elle est également la co-fondatrice de l’association féministe Les Chiennes de Garde.
Elle raconte d’ailleurs pendant notre entretien la séance de « brainsto » qui a produit ce nom, destiné à faire parler de lui.
Je l’avais découverte dans l’émission de Laurent Ruquier, On a tout essayé, diffusée le soir en semaine, avant le 20h.
C’était au début des années 2000, j’avais entre 13 et 15 ans, et je me disais « barf, elle en fait trop, le féminisme c’est déjà dépassé, c’est bon, on a les mêmes droits. »
Oh boy.
Je suis soulagée d’avoir pu la rencontrer en personne pour lui confesser ce péché d’ignorance, et surtout, lui adresser en direct mes remerciements pour l’ensemble de son oeuvre.
Isabelle Alonso en interview à la veille du 8 mars
En cette veille du 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, il me tenait à coeur d’inviter une féministe.
Plus particulièrement, une féministe d’une génération précédente. Et je n’aurais pas pu rêver meilleure invitée, car nous avons effectivement pu échanger sur la nécessité de renforcer et d’entretenir le lien
entre les générations de féministes.
J’avais peur qu’elle soit désabusée : toutes ces années passées à médiatiser, débattre, éduquer au féminisme, pour tant d’insultes et de dénigrement, n’est-ce pas décourageant ? N’a-t-elle jamais eu envie d’abandonner ?
Marie CT, pratiquement au même moment où j’enregistrais cette interview avec Isabelle Alonso, écrivait ces lignes, sur l’épuisement militant.
Isabelle Alonso, féministe instinctive et solidaire
Mais avec le recul d’une partie de sa vie derrière elle, Isabelle Alonso est optimiste, et fière du chemin parcouru par nous toutes. Je retiens précieusement ces mots qu’elle adresse à toutes celles qui luttent :
« Les jeunes femmes d’aujourd’hui sont combatives, malines, intelligentes, elles trouvent des tas de biais, elles sont tellement, tellement malines ! »
Et c’est vrai qu’en ayant la tête dans le guidon, il facile d’oublier, de ne plus voir à quelle vitesse la société avance, quelle distance nous mettons collectivement derrière nous :
« Et je suis aussi contente de voir qu’il y a désormais beaucoup de mecs chez qui ça ne provoque plus cette réaction de déni, d’incompréhension, de stupidité absolue que ça fait chez les plus âgés ou chez encore certains jeunes.
Il y a maintenant toute une fraction de types qui ont compris, et qui sont solidaires ! Qui sont bêtement solidaires ! Parce que c’est quand même pas très compliqué cette affaire ! »
Garde les yeux sur la ligne d’arrivée, c’est la force qui va te tirer vers l’avant quand le vertige de l’obstacle te fera reculer. Et garde aussi en tête que si le monde avance, c’est grâce à tout ce que nous faisons pour accompagner le mouvement:
« On n’attribue jamais aux féministes les réelles conquêtes féministes.
On les attribue toujours à l’air du temps, au hasard, à l’Histoire, à la modernité, à que sais-je, mais jamais au rôle des féministes !
Pourtant, on est là, bien là, et depuis longtemps ! »
L’égalité entre les femmes et les hommes, est-ce une utopie ? Peu importe, je suis d’accord avec Isabelle Alonso, à qui j’emprunte ces mots de conclusion :
« Vive l’utopie ! »
Shownotes de l’épisode avec Isabelle Alonso
Tu peux découvrir le travail et les publications d’Isabelle Alonso sur son site Internet :
- Ses essais
- Ses romans
- Retrouver Les Chiennes de Garde, sur Facebook et leur site Internet.
- Shulamith Firestone est une féministe canadienne, autrice notamment de Le Dialectique du sexe.
- Susan Brownmiller est une féministe américaine, autrice notamment d’Against Our Will
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Les Commentaires
Je suis étonnée d'avoir trouvé des points de désaccord (qui, du patriarcat ou du capitalisme, était là avant l'autre, œuf ou poule), mais j'ai trouvé très intéressante l'idée selon laquelle les femmes redécouvraient le féminisme à chaque génération, parce que la transmission de l'information se faisait mal. J'ai bon espoir que la révolution d'internet contribue à changer la donne.