(Note de Fab : attention, ne lis pas cette revue si tu n’as pas envie d’être spoilée. Difficile de parler d’Inception sans trop en dévoiler sur l’intrigue du film mais je t’invite plus que tout autre à y aller le plus vierge possible de toute info sur le film)
Christopher Nolan, réalisateur de deux Batman (dont le célèbre The Dark Knight) et de films types « je me triture les méninges » a fait un bon au sommet il y a 2 ans avec le carton de son chevalier noir. Du coup, ça remue dans tous les sens pour Inception – casting 100% stars, effets spéciaux pour s’en prendre plein la vue, bidouillages de cerveau. Tous les ingrédients sont là.
La tête en haut la tête en bas
Dans une scène sans pesanteur, Joseph Gordon Levitt joue à se bastonner en dansant sur les murs. Du coup, les analogies avec Matrix semblent pleuvoir. J’en vois trois autres.
Les 1001 Nuits
Après l’histoire à rebours (Memento), Nolan se lance dans l’histoire en profondeur. L’un des premiers films de l’Américain fonctionnait par petits bonds en arrière, ce qui était une brillante idée scénaristique. Inception, lui, fonctionne comme on creuse ; chaque étape de cette descente dans le rêve est plus étendue que la précédente parce que… les lois du rêve sont comme ça.
Encore une brillante idée scénaristique. Car non seulement les différents niveaux de rêves (le rêve dans le rêve du rêve de…) se multiplient, mais ils fonctionnent selon des temporalités différentes. Et nous avons accès à tous ces temps, simultanément.
C’est donc pour créer une tension que le film navigue entre les temps et les niveaux de réalité ; mais aussi, et surtout, pour que le film soit bien clair. Ici, le scénario pèche par son côté méticuleux, qui motive l’introduction de personnages inquisiteurs (Ellen Paige). Tout doute, tout silence, toute contradiction sont effacés par ces constantes interrogations, avec flashbacks explicatifs à l’appui.
"C'était donc ça!"
Dans l’analogie avec les 1001 Nuits, la question cruciale est de savoir : quel est le point culminant de cette histoire ? Quel est le centre de l’intrigue, où ces histoires et univers successifs se rejoignent-ils ? On pourrait espérer une sorte de mise en abyme avec le spectacle cinématographique. Au lieu de quoi, malheureusement, Inception
choisit de plonger au plus profond du rêve et de l’intrigue. En même temps que les temporalités s’étendent, l’intrigue se recentre autour d’un personnage, d’un sentiment, d’un moment, d’un dialogue. Inception n’est rien que l’histoire d’un amour blessé. « Rien que », car ce n’est même pas une bonne histoire d’amour blessé.
Le point culminant de l’intrigue est donc un dialogue, pendant lequel le temps s’arrête au plus profond du subconscient de notre héros. L’histoire finit même, lourdement, par se mordre la queue avec le retour à l’inception. On est de nouveau dans Memento : les idées sont brillantes et la structure solide. La souffrance est lisse. Le monde est morne. Pas de force, pas d’humour. Du cinéma, Nolan n’a gardé que le spectacle.
Mais… IL PLEUT !
ExistenZ
L’imbrication des différents niveaux de réalité et de conscience, la dimension ludique, rappellent plus les jeux en réseau de Cronenberg que la vie vue de l’autre côté du miroir comme dans Matrix.
Inception est alors supposé recréer le monde des rêves, ce monde intérieur (où ta culpabilité te poursuit sous les traits de ta défunte femme, où ton entrainement commando fait débarquer dans tes rêves des soldats armés jusqu’aux dents façon « sur-moi »). Le début en ce sens est de loin le meilleur : il avance à la manière d’un prologue, traditionnel (la première mission – soit l’introduction avec les personnages sur le terrain) avant d’entrer dans le vif du sujet. Sans explications poussives, mais avec suspens et interrogations.
Ça ne dure pas. Le monde intérieur, ensuite, ne fonctionne que par successions de prouesses – il impose ses propres règles : expliquées, disséquées ; mais imposées, jamais mises en doute ou discutées. La seule motivation du film ? En mettre plein la vue. Que cette audace est vaine…
Inception, première ç
Le Prestige
Nolan nous a donné son secret il y a un certain temps. Le Prestige, un de ses films les moins connus, avec Scarlett Johansson, Hugh Jackman et Christian Bale ; une histoire de rivalité entre magiciens. Quel est tout le propos de la magie, que ce film analysait bien ? Détourner l’attention le temps de monter, en douce, son entourloupe. S’agiter pour que personne ne se rende compte qu’il n’y a rien à voir.
Il y a quatre ans déjà, Nolan nous a donné la clé de son cinéma. Pendant qu’on se demande dans la dernière – et ridicule – scène du film (attention, spoiler) si Mr Caprio est encore en train de rêver, on oublie aussi sûrement que le film n’avait rien à dire.
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Les Commentaires
Je l'ai vu il y a une semaine alors ce n'est plus tout frais mais, pour ma part, je pense que
Mais sinon très bon film, qui provoque toute fois des envies de meurtre envers une certaine Mlle Cotillard
Sinon regardez cette parodie faite par take180, un mélange entre Inception et Dora l'exploratrice (!?) ^