La Daronne répond à vos questions en essayant de ne pas être trop à côté de la plaque.
La Daronne est la reine des conseils pas si cons enrobés dans une grosse dose d’humour plus ou moins subtil. La voici de retour pour voler au secours d’une lectrice !
La question pour la Daronne
Chère Daronne,
Avec mon mec, nous sommes les parents de deux petits garçons de 1 et 3 ans. Au fur et à mesure que nos enfants grandissent, je me rends compte que mon copain et moi sommes très différents sur la manière d’élever nos enfants.
Sur certains aspects du quotidien, je le trouve beaucoup trop strict. Par exemple, pour lui, les enfants doivent être couchés à 19 h 30, quel que soit le jour, en week-end, en semaine, en vacances. Avant ça, ils doivent avoir pris leur bain et dîné. Même si nous sommes avec des amis ou en sortie, pas question de déroger ou de commander une assiette de frites pour sustenter les enfants, il faut rentrer. À côté de ça, à la maison, si je le laissais faire, ce serait surgelé tous les soirs avec glace au dessert et boissons sucrées. Idem sur les écrans, il ne voit pas le souci que les enfants regardent des dessins animés à profusion, surtout le grand.
Moi, c’est l’inverse, je suis assez flexible sur les horaires et l’agenda, quand nous sommes dehors, cela ne me dérange pas que mes enfants se nourrissent de chips apéro, mais j’aime qu’il y ait des règles « saines » à la maison. Je veux leur apprendre à manger de tout, frais et de saison. J’aimerais aussi qu’ils apprennent à s’occuper plus par eux-mêmes.
En bref, on n’est jamais d’accord ! Que faire ?
Maeva
La réponse de la Daronne
Mon petit sweat (quelle joie de pouvoir en remettre)
Pour découvrir la face sombre d’un individu, rien de tel que de faire un enfant avec lui. Si ça se trouve, au sein des couples childfree, certains partenaires estiment qu’une bonne fessée, ça apprend aux gamins à ne pas parler à table. Même si le rhum dans le biberon, c’est encore ce qui marche le mieux pour les faire taire. Heureusement, comme ils n’ont pas d’enfants, leur moitié ne saura jamais qu’elle fréquente un parent des années 50, et pas un bon.
Ça se complique quand on décide de se reproduire. C’est alors que tu réalises que ton partenaire bien aimé, drôle, gentil et intelligent, est aussi particulièrement rigide et possède la psychologie d’un bulbe d’oignon.
Ou bien, comme l’écrasante majorité des couples parentaux qui peuplent cette planète, le vôtre est composé de deux parents tout à fait décents, mais possédant chacun un vécu et des valeurs assimilées qui leur sont propres.
Les divergences éducatives, so far away, but still so near
Finalement, pourquoi on s’embrouille ? Pour des broutilles, d’ailleurs, ce n’est pas pour rien que broutille, c’est l’anagramme d’embrouille (Non, mais je suis sûre que tu as quand même vérifié, c’est la preuve que de loin, c’est tout comme). Parfois, ces broutilles cachent une montagne de purin séché. Parfois, c’est tout l’inverse.
Avant que l’heure du coucher et la composition des menus ne deviennent source de conflit (nous, les Daronnes et les Darons, vivons dans un univers navrant), vous partagiez un projet commun : celui d’élever cet enfant ensemble dans l’amour et la sérénité.
Ne dirait-on pas que cette phrase est extraite d’un guide de Florence Pernoud ? Et non, car si tel était le cas, elle te recommanderait de ronger ton frein pour ne pas incommoder davantage ton mari !
Alors, que vous en ayez parlé ou pas avant la naissance, c’est le moment de prendre un moment à deux pour partager vos valeurs éducatives. Les vraies, celles qui se cachent derrière le tas de carottes qui pourrit doucement, car il y en a un qui préfère le surgelé.
Ce qui est merveilleux, c’est qu’au fond, vous avez probablement les mêmes objectifs concernant vos marmots. Par exemple le bonheur et la liberté, mais aussi des valeurs plus personnelles, comme la sincérité ou la curiosité (ces valeurs n’ont rien à voir).
Comment arriver à se mettre d’accord sur l’éducation des enfants ?
Je suis au regret de t’annoncer que parfois, l’un de vous deux devra plier. À moins que vous ne trouviez des compromis qui n’enchanteront personne, mais qui évitent que vous ne vous entretuiez.
Voici mon conseil : alternez les dîners industriels et les dîners frais, et posez des règles sur le temps d’écran sans le supprimer. Instaurez des jours yolo où l’on peut trainer dehors, boire du coca, ne pas prendre de bain, et avaler des noyaux d’olive pour le dîner. Resserrez la vis les soirs de semaines, torturez-les en leur préparant une soirée spéciale légumes verts, sans écran, avant de les coucher à 19 h.
D’aucuns me traiteront de daronne instable, mais je ne pense pas qu’assister à deux façons de faire à la maison soit une mauvaise chose. C’est le prélude d’une vie dans notre société aux opinions plurielles. Dès qu’ils auront intégré les nouveaux amendements, il leur paraîtra normal de passer d’une journée surgelé-écran-couché 8 h, à une journée légumes-sortie-copains-couché à 8 h. Car oui ! En plus de ça, vous aurez décidé d’une heure de coucher commune !
Quand la divergence dérape
Malheureusement, mes conseils ne peuvent fonctionner que dans un foyer où les deux parents font preuve de suffisamment de bonne volonté et ne cherchent pas, au fond, à assouvir leurs desseins vaseux. Pour ça, il faut donc accepter de se remettre en question, de se serrer les coudes et de ne jamais se contredire devant les enfants.
Si, en dépit du bon sens, de recommandations de santé officielle facilement accessibles, et des explications et des demandes de son partenaire, un des parents s’obstine à perpétrer des pratiques clairement déconseillées / interdites, je ne sais pas si on peut parler de divergences. J’y verrais plutôt de l’incompétence stratégique ou pire, d’hypothétiques signes de violence domestique. Un partenaire décent devrait privilégier l’harmonie familiale à son seul intérêt.
Pour ceux de bonne volonté, qui pourtant n’arrivent pas à se mettre d’accord, je ne peux que vous encourager à trouver de l’aide auprès d’un professionnel spécialisé dans les questions de couple. Derrière les carottes pourries de ses convictions, on trouve aussi son passé et tout ce qui peut expliquer pourquoi on ne parvient pas à faire de compromis sur ces sujets.
Sur cette métaphore maraîchère, je te laisse, je dois aider ma fille à fabriquer une piscine pour ses poupées. Aujourd’hui, à la maison, on a le droit de jouer avec de l’eau.
La bisette,
Ta Daronne
Les Commentaires
Moi, j’irais jusqu’au point où je nous ferais un tableau pour/contre, puis un tableau ‘’juste milieu’’, un calendrier et les accrocheraient tous les deux dans la cuisine pour pas l’oublier. Mais c’est sur que pour trouver un juste milieu, ce sera dur, et des concessions devront peut être être faites.