Frank Underwood est le personnage principal de la série House of Cards, qui revient pour une cinquième saison, en ligne sur Netflix ! Ce fut l’une des premières séries à être mise en ligne par saison entière, ce qui en fait par ricochet la première série qu’il m’ait été donné de binge watcher en intégralité moins de 48h après sa sortie.
Depuis quatre ans, chaque année, je me réserve le temps nécessaire à un tête-à-tête avec « Francis », ainsi que l’appelle affectueusement son épouse, Claire Hale Underwood.
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House of Cards, si tu ne connais pas l’intrigue…
House of Cards, si tu n’as jamais vu la série, c’est l’histoire de Frank et Claire Underwood, un « power couple » à faire pâlir les Obama. Lui, député américain, elle, à la tête d’une ONG réputée, ils allient leurs forces respectives pour accéder aux plus hautes marches du pouvoir.
La série s’ouvre sur l’élection de Garrett Walker, candidat démocrate à la présidence de la République. Frank Underwood ayant largement contribué à cette victoire, il s’attend, comme convenu, à être nommé ministre des Affaires Étrangères.
Stupeur et trahison, c’est la cheffe de Cabinet de Walker (que Frank a lui-même pistonnée à ce poste !) qui lui annonce qu’en fait c’est mort, le Président a besoin de lui au Parlement.
Zéro promotion pour Frank, qui se considère quand même principal artisan de la victoire des démocrates.
Las, notre héros avale l’amer pilule, et promet de se mettre au service de l’intérêt général. Sauf que la vengeance est un plat qui se mange froid… Le couple Underwood se lance alors dans une conquête du pouvoir sans merci.
Littéralement, sans merci.
Frank PALTIME Underwood
Frank Underwood, ce bel enfoiré
Bref, Frank et Claire Underwood sont les dignes héritiers de Machiavel. Ils n’ont de patience que pour eux-mêmes, ainsi que pour leurs plans savamment orchestrés et finement exécutés.
Toute la série les présente sous ce jour peu glorieux, de manipulateurs égotiques. Mais en arrière-plan de leurs jeux de haute voltige, les réformes politiques passent.
Underwood torpille un projet de réforme de l’éducation désastreux politiquement et économiquement, mais il le remplace par une version ambitieuse, de compromis politique. Il flirte avec les règles du débat parlementaire pour faire obstacle aux manoeuvres d’obstruction, et au chantage politique de ses adversaires.
Bien sûr, au passage, il ne fait rien qui ne lui profite directement, cela s’entend. Il a tout de même un pouvoir suprême à conquérir. Ses actions provoquent des effets secondaires. Certains sont vertueux, d’autres sont désastreux. L’Histoire le jugera — et avant elle, les abonné•es Netflix !
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Il n’y a pas de débat : Frank Underwood est un enfoiré de première. L’un des visuels de promotion de la saison 2 le représente avec du sang sur les mains. Vous voyez le tableau.
Néanmoins — attention, opinion très impopulaire en approche —, j’ai beaucoup appris en regardant les évolutions de ce bel enfoiré de Frank Underwood.
Frank Underwood est patient
Victor Hugo écrivait « la clémence porte le flambeau devant toutes les autres vertus ». Désolée Victor, et dieu sait que j’aurais aimé te donner raison, mais je crois plutôt que c’est la patience qui porte le flambeau devant toutes les autres vertus, et même devant tous les vices.
Tous les plus bas instincts, les désirs de vengeance et les rages de revanche : la patience de Frank Underwood a forcé mon respect.
Il sait ce qu’il veut, il sait comment y arriver, et tel un joueur d’échec, le politicien bouge ses pièces avec précision.
À chaque coup, il attend la réaction. Des mois peuvent se passer entre une attaque des Underwoods et une évolution de la situation. La main revient. Ils réagissent. Ils attendent.
« Patience et longueur de temps, font plus que force ni rage. » La théorie est signée La Fontaine, mais le cours pratique, c’est Frank Underwood qui me l’a enseigné.
Frank Underwood a un objectif, et de l’ambition
Le premier épisode de la première saison amène très rapidement la déconvenue du couple Underwood : Walker n’a pas tenu parole, et Frank ne sera pas nommé aux Affaires Étrangères.
Il se passe quelques heures pendant lesquelles Claire ne comprend pas ce qu’il se passe, car son mari la laisse dans le noir. Le soir venu, ils se retrouvent, et fomentent leur revanche.
On ne saura rien de leurs plans — ce serait dommage de gâcher le suspense, car le déroulement de ce travail d’orfèvre constitue le principal attrait de ce triller politique. Mais dès le lendemain, il ne fait aucun doute : Frank Underwood a un plan.
Comprenez cela : rien ne change pendant la nuit. Le député est exactement au même point dans sa vie. Il n’a que quelques heures de sommeil en plus, et très peu, au passage.
« J’ai toujours haï la nécessité de dormir » (toi et moi pareil, Francis).
La seule différence entre le Frank trahi de la veille et le Frank déterminé du lendemain, c’est ça : il a un objectif. Et il a un plan.
Ça m’a fait réfléchir à mes objectifs, et mes plans dans la vie. Alors, j’ai pas pour projet de renverser le Président de la République, mais j’ai trouvé des objectifs qui me font me lever le matin avec la même dalle que Francis J. Underwood en route vers les sommets.
Frank Underwood a un plan, et de l’adaptabilité
Évidemment, si le plan de Frank Underwood se déroulait sans accroc, on n’en serait pas à quatre saisons de House of Cards, avec une cinquième à l’approche. Et comme tout plan complexe, pensé sur un long terme, impliquant de nombreux acteurs : rien ne se passe JAMAIS comme prévu.
Autant prévoir dès le départ que rien ne se passera comme prévu. Ça peut paraître paradoxal, mais là encore, le joueur d’échec chevronné comprendra instinctivement.
Frank Underwood joue gros à chacun de ses coups, mais il a toujours une assurance, quelque part. C’est finalement rare qu’il soit à court d’option, ou qu’il soit obligé de miser tout ce qu’il a.
Il faut le voir, au fil des épisodes, adapter ses plans aux réactions de ses adversaires, comme de ses alliés. C’est haletant et inspirant à la fois, de le voir flirter avec la légalité.
Je ne cautionne absolument pas ses écarts, hors de la morale et de la loi. C’est dans ces moments, pour moi, qu’il rappelle le téléspectateur à la réalité : Frank n’est pas un modèle, il n’est pas écrit pour ça.
Il est une incarnation fantasmée de l’ambition la plus décomplexée, et du pragmatisme le plus cynique.
Et en même temps, il y a quelque chose à retenir de ses contorsions de caméléons, ses débats biaisés, ses manipulations faciles.
Je pense qu’avoir un plan n’implique pas nécessairement de le cacher aux autres. Surtout si on a l’ambition d’oeuvrer pour l’intérêt général. C’est en ça que je m’inspire de Frank, sans jamais aspirer à l’imiter.
Frank Underwood est exigent avec lui-même et avec les autres
Toujours dans la veine des leçons que je tire de lui sans pour autant retenir son style, je relèverais le niveau d’exigence que Frank Underwood tient envers lui-même, et son entourage.
Envers lui-même, ça tient du masochisme. Il est totalement intransigeant, et ça ressort parfaitement du premier épisode. C’est tout juste s’il s’accorde quelques heures de seum pour digérer la trahison qu’il doit encaisser. Et encore, il s’en voudra rapidement de ressentir de telles émotions, aussi improductives que l’auto-apitoiement.
Son exigence, c’est son amulette contre la médiocrité. Quand on s’impose en permanence un devoir de perfection, on flirte avec l’excellence. Torpiller ses adversaires, oui, mais pour montrer qu’il est meilleur, sans conteste.
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Exigent, Frank l’est également avec son entourage : son épouse, qui le lui rend parfaitement, mais aussi ses collaborateurs. Pour autant, il ne les terrorise pas, et il va même jusqu’à accorder des secondes chances. Mais pas d’indulgence.
« Je ne veux pas supposer, je veux savoir »
Cette constance dans l’effort force mon respect, même si j’en retire bien quelques degrés avant de me l’appliquer : je ne suis pas dans une série, c’est ma vraie vie, je ne vais pas me flageller pour réussir.
Mais Frank ne se flagelle pas. Il ne se laisse pas le droit à l’erreur. Il se mesure à lui-même pour grandir.
C’est comme jouer contre son meilleur temps à Mario Kart : pour moi, c’est le mode le plus difficile, mais c’est aussi mon meilleur levier de performance.
Frank Underwood a de l’audace, et ça me manque parfois
Quatre saisons à essayer de devenir calife à la place du calife, c’est long. Le tout sous les projecteurs d’une presse affamée de scandales, ce qui complique les moindres manoeuvres.
Mais le couple Underwood a un atout qui rend la série passionnante : ils ont de l’audace et de l’imagination à revendre. Et c’est encore une citation récurrente du show qui l’illustre le mieux, quelque chose que Frank répète à plusieurs reprises, lorsqu’on vient le voir avec un problème sans solution :
« Si vous n’aimez pas la façon dont la table est dressée, renversez la table »
C’est la version agressive du « think outside the box ». Si la boîte est trop étroite, faites-la péter. Et c’est exactement ce que les Underwood s’emploient à faire tout au long de leur ascension vers le pouvoir.
À chaque fois qu’ils sont dans une impasse, ils font sauter un mur. Tout simplement. Et c’est sans doute la meilleure leçon que je retiens de toute l’histoire de Frank Underwood.
« Je ne sais pas si je dois être fier ou terrifié » moi quand je fais un truc audacieux, et que ça marche mdr
Frank Underwood est quand même un bel enfoiré
Je suis capable de tirer bien des enseignements du comportement sans foi ni loi de Frank Underwood, et de ses manoeuvres parfois élégantes, parfois brutales vers le pouvoir.
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Avec une once de recul, aucune méprise possible : Francis J. Underwood est un enfoiré de la pire espèce, sciemment manipulateur et clairement criminel… Mais au plus près du canvas, je ne puis nier que ses plus sombres desseins sont exécutés d’une main de maître.
Enfoiré, et doué. Damn. Heureusement que t’es pas réel, Francis.
Une prochaine fois, je vous parlerai de mon amour mon admiration ma fascination des leçons que Severus Rogue m’a apprises. En toute objectivité.
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